Jusqu’au 31 janvier 2023
Ne manquez pas la belle exposition de Gabrielle Duplantier, issue de sa résidence à Sète et accrochée aux cimaises du Laboratoire Photon à Toulouse.
Même avec une part d’improvisation, saluons la synchronisation idéale d’événements autour de la photographe : une exposition deux semaines à peine après son workshop fin novembre à l’Atelier de photographie du Centre Culturel Saint-Cyprien *, c’est bonheur !
Cette sélection d’images est issue de sa résidence à Sète au printemps dernier. Organisée par le Festival Images Singulière, la restitution comprenait cette exposition, ainsi qu’un livre, publié aux Editions Le bec en l’Air.
L’ambiance un peu chambre noire lors du vernissage chez Photon ce mercredi soir s’accordait plutôt bien avec des photos saisies majoritairement dans le plein air de Sète et alentour. Chacun sa lecture mais je trouve que les diverses séries de Gabrielle ne font pas que décliner un « style » ou une signature visuelle désormais bien identifiable. Chaque thématique restitue pleinement l’identité d’un territoire, la poésie – crue ou sensuelle, qui affûte le regard en quête d’images plus fertiles pour l’imaginaire que les mots qu’on n’a pas. Une approche qui exige du temps, l’attention, une forme d’immersion, d’abandon dans la rencontre abordée sans attente, mais dans laquelle l’instinct de la photographe sait reconnaître. Les miracles du temps long, voilà le prisme par lequel les restitutions sont les plus fidèles, à la thématique abordée et à la sensibilité non-négociée de l’artiste.
Sète offre ici des visages parfois reconnaissables, mais rarement en premier plan. Ils sont l’un des ingrédients d’une distillation de la vie à Sète, des parcours de la photographe dans la météo des humeurs de la cité, et de tout l’inattendu, de tous les accidents bienvenus qui naissent des rencontres. Il y a les flashes, les visions, les coups de sang qui semblent commander le déclencheur dans des cadrages, avec des lumières, et à des instants inexplicables mais miraculeusement puissants. Sincérité d’abord, émotions de la lecture ensuite. Des vrais gens, des portraits il y en a aussi. Mais ces visages-là, on ne les voit jamais, ou plutôt, on ne les regarde jamais comme ça. On les croise sans doute trop vite. Qu’ils soient saisis ou offerts, Gabrielle a je crois la délicatesse de les aborder avec une émotion et une sensibilité personnelle avant d’être artistique.
Chez Photon, l’espace d’exposition favorise cette perception d’intimité partagée propre aux travaux de Gabrielle Duplantier. Sensation d’alcôve qui n’écrase en rien l’accrochage aéré. Environnement aux tons sombres (low key disent les anglophones) pour une scénographie dense qui stimule le parcours du regardeur.
Les vernissages – a fortiori en présence de l’artiste – sont peut-être le moment où les œuvres sont paradoxalement les moins regardées : trop de monde, beaucoup de retrouvailles et de parlottes animées … C’est aussi fait pour ça ! Mais ici on n’a pas résisté au pas-de-côté. On ne s’est pas privé de « Pardon, Excusez-moi » pour se planter devant chaque image à la fois. Et après seulement, aller traîner du côté des planchas et des cubis qui font la qualité des vernissages chez Photon !
Exposition au Laboratoire PHOTON, 8 rue du pont Montaudran _ 31000 Toulouse. Ouvert du lundi au vendredi de 08h00 à 19h00
* Gabrielle Duplantier, Oser l’intime