C’est en partenariat avec Odyssud que le ThéâtredelaCité affichait pour 15 représentations prises d’assaut dès l’ouverture de la billetterie, le dernier spectacle du Théâtre du Soleil, une création collective en harmonie avec Hélène Cixous et dirigée par Ariane Mnouchkine, sur une musique de Jean-Jacques Lemêtre : L’Île d’Or.
Voilà 30 ans qu’Ariane Mnouchkine n’était pas venue à Toulouse. S’aventurer dans son univers est pour chaque spectateur un challenge redoutable car formidablement déstabilisant. Ce spectacle de plus de trois heures (entracte inclus tout de même), nous amène sur une île, au large du Japon cela n’étonnera personne tant la culture du Pays du Soleil Levant berce et même davantage la pensée artistique de cette grande dame de théâtre. Sur ce petit bout de terre, fantasmé peut-être par une femme depuis son lit d’hôpital, vont se retrouver, parce que convoquées ici même par la nécessaire imagination d’Ariane Mnouchkine, des troupes de théâtre venues du monde entier nous donner à voir le chaos dans lequel nous sommes. Ainsi vont se croiser des marionnettistes, une troupe proche-orientale, une autre venant de Hong Kong et proclamant son désir de démocratie, suivra une troupe afghane en exil, enfin la troupe Notre Dame du Théâtre Socialiste du Brésil. Ce n’est une surprise pour personne, le Théâtre Du Soleil est une théâtre politique, sans être pour autant militant.
35 comédiens, parfois chanteurs et acrobates, se relaient sur scène pour nous plonger dans un véritable maelström de couleurs, de musiques, de costumes, de genres, d’aventures dans lesquelles la comédie côtoie l’humanité de la tragédie. Six langues différentes, heureusement sous-titrées, abreuvent la parole d’hommes politiques, de capitalistes affairistes, d’opposants, de défenseurs de l’environnement, tous poursuivis par deux journalistes en mal de scoop de Radio Wasabi. Tout ce monde bouillonne sur une scène en perpétuelle géométrie variable. Un véritable exploit. D’autant que l’idiome hexagonal est déclamé à l’image d’un certain Yoda, personnage emblématique et sage de Stars War ! « Aucune gêne il n’y a » …
Un souffle épique s’empare de ce spectacle et nous laisse un peu abasourdi tant la richesse de chaque instant est profuse, nous abandonnant parfois sur le bord du chemin… Mais qu’importe. Le souvenir est d’ores et déjà ancré dans notre inconscient des rencontres essentielles.