C’est pour le vendredi 9 décembre à la Halle, 20h. L’Orchestre national du Capitole de Toulouse sera dirigé pour la première fois par Domingo Hindoyan, chef d’origine vénézuélienne. Ils donnent la Symphonie n°3 de Ludwig van Beethoven. Auparavant, ils auront accompagné le hongrois István Várdai, soliste de l’immense Concerto pour violoncelle et orchestre d’Antonin Dvorák.
Domingo Hindoyan est né à Caracas. Il a commencé tout jeune sa vie musicale. A l’âge de 6 ans, il entre à l’Orchestre des jeunes du Vénézuéla El Sistema que le public de la Halle connaît très bien. Après des études de violon et de piano au Conservatoire Simon Bolivar de Caracas, il se perfectionne à l’Académie de Violon d’Amérique Latine toujours au Vénézuéla, avant de s’installer en Suisse où il suit les cours de Habib Kayaleh dans son Académie. Pour parfaire le tout, son parcours musical l’a finalement amené à obtenir un diplôme de chef d’orchestre avec distinction, au Conservatoire de Musique de Genève.
En complément à ses études, et vivant en Suisse, il a suivi les cours de Bernard Haitink à Lucerne et de Jesús López Cobos à Lausanne. En mai 2009, Domingo Hindoyan a été lauréat de la réputée « Malko international Conducting Competition ». Il a été également finaliste au Concours International pour les chefs d’opéra Jesús López Cobos au Teatro Real de Madrid et demi-finaliste au Concours des jeunes chefs d’orchestre de Besançon. Le jeune chef a, comme on dit, du bagage.
Il dirige par la suite beaucoup au Vénézuéla, et en Suisse. Domingo Hindoyan fait, de plus, partie de l’Orchestre « West-Eastern Divan » créé par Daniel Barenboim et Edward Said, projet qui réunit musiciens israéliens et arabes, ensemble si réputé maintenant. Il travaille avec Daniel Barenboim à Berlin et à Milan. En mars 2010 il a été l’assistant de Claudio Abbado pour les concerts que ce dernier a dirigés avec l’Orchestre Simon Bolivar à Caracas et à Lucerne. De 2013 à 2016, il est l’assistant de Daniel Barenboim au Staatsoper de Berlin, avant d’y diriger de nombreux ouvrages d’opéras. Il est d’ailleurs très sollicité par les grandes scènes pour cette fonction.
Puis, son horizon s’est élargi maintenant à des orchestres aux Etats-Unis, en France, Espagne, un peu partout en Europe. Sa carrière est véritablement internationale. Domingo Hindoyan a récemment été nommé chef d’orchestre du Royal Liverpool Philharmonic, dès septembre 2021. Il est actuellement le principal chef invité de l’Orchestre national symphonique de la radio polonaise.
C’est une pluie de récompenses qui s’abat très tôt sur notre violoncelliste choisi pour interpréter ici même le Concerto pour violoncelle et orchestre faisant partie du trio de têtes des concertos pour l’instrument en question. Du haut de ses 37 ans, István Várdai a reçu de nombreux prix internationaux : lauréat du 63e Concours International de Musique de Genève (assorti de trois prix spéciaux : Prix du public, Prix Pierre Fournier, Prix « Coup de Cœur Breguet »), il a également remporté le 3e Prix et un prix spécial du Concours Tchaïkovski de Moscou (2007), une bourse du Concours Feuermann à Berlin (2006), le Premier Prix du Concours International Johannes Brahms en Autriche (2006) et s’est vu attribuer à trois reprises le Premier Prix du Concours International de Musique David Popper à Budapest.
Il est remarqué pour ses interprétations virtuoses toutes en fluidité, se distinguant tantôt par sa délicatesse comme par la profondeur de son timbre. Il est très apprécié pour son énergie joyeuse, sa vigueur rythmique et son élégance, aussi bien en récitals qu’en musique de chambre ou dans le répertoire orchestral pour violoncelle. Et il semblerait qu’il joue le Stradivarius de Jacqueline du Pré, première épouse de Daniel Baremboim, violoncelliste réputée, hélas décédée jeune d’une terrible maladie.
Le programme du concert débute donc par le Concerto pour violoncelle et orchestre en si mineur, op. 104. « Si j’avais pu imaginer que l’on pouvait tirer de tels accents du violoncelle, j’aurais écrit depuis longtemps un concerto pour cet instrument », dira Johannes Brahms au sujet de ce concerto. Trente ans après un premier dit de jeunesse en la majeur, Dvorák achèvera celui-ci en février 1895 après trois mois de travail. Il le reprendra courant juin 1895, après son retour définitif en Bohème en avril. (voir plus loin)
D’une durée de quarante minutes environ, il est en trois mouvements :
I. Allegro
II. Adagio ma non troppo
III. Finale : Allegro moderato
La lutte avec l’orchestre, imposée au soliste par le compositeur, sera quasi permanente. Œuvre redoutable car de plus, longue, mais que tout violoncelliste rêve d’interpréter.
Suivra, la Symphonie n° 3 en mi bémol majeur “sinfonia eroïca“ op. 55 : la naissance d’un nouveau souffle et une douleur contenue.
I. Allegro con brio
II. Marcia funebre – adagio assai
III. Scherzo – allegro vivace
IV. Allegro molto durée ~ 48 à 50 mn
Elle fut dédiée au prince Lobkowitz, l’un de ces principaux protecteurs.
La première audition eut lieu chez le Prince, courant août 1804 avec un orchestre de vingt-huit musiciens.
La première exécution publique, le 7 avril 1805 au Theater an der Vien, à Vienne.
Elle fut publiée en 1806 avec le titre suivant : Sinfonia grande-Eroica – per festaggiere il sovvenire di un grand’Uomo (pour célébrer le souvenir d’un grand homme).
Le premier titre Buonaparte, fut remplacé par Héroïque, et voici pourquoi :
Auparavant, cette terrible année 1802, est l’année de crise majeure dans la vie de Beethoven par l’aggravation subite et irrémédiable de sa surdité dont il prend conscience à Heiligenstadt. L’histoire de la symphonie va tourner alors autour de ce drame privé, véritable événement pivot.
Au printemps de l’année 1804, la mise au net de l’Eroïca est achevée. Se pose la question de savoir qui aurait inspiré l’idée puis l’écriture de la symphonie. On raconte qu’un certain général Bernadotte, à ce moment-là ambassadeur de la jeune République Française auprès de la cour impériale, lui suggéra de composer une symphonie sur Bonaparte, alors simple Premier Consul. Or, Beethoven est un démocrate convaincu. Ces phrases soulignées dans un de ses livres en témoignent : « Ne faisant jamais rien,
Ne disant jamais rien pour abuser du peuple,
Comme c’est la façon des rois de sang divin qui persécutent l’un
Et favorisent l’autre. » Odyssée – IV.
Le porteur des espoirs des plus grands esprits du temps est donc pour lui tout à fait l’homme destiné à exporter les idées de la Révolution dans le monde entier.
Mais on lui porte la nouvelle que Bonaparte s’est proclamé empereur. Il s’écrie alors : « Ce n’est donc rien qu’un homme ordinaire ! Maintenant il va fouler aux pieds tous les droits des hommes ; il ne songera plus qu’à son ambition ; il voudra s’élever au-dessus de tous les autres et deviendra un tyran ! ». Il va raturer rageusement la dédicace et mettre un nouveau titre.
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On ne peut s’empêcher de songer à la coïncidence qui nous permet en ce moment de vivre quelque émotion avec la fin de l’opéra La Vie de Bohème sur la scène du Théâtre du Capitole et cette même émotion avec l’adagio sublime de ce Concerto. Abondance de petits et grands bonheurs ne peut nuire.
Orchestre national du Capitole