Joseph Carles, Blagnacais de naissance, a fait toutes ses études supérieures à Toulouse. Ce jeune expert-comptable et docteur en Sciences de gestion, spécialiste des finances publiques et du management territorial, entre au Conseil municipal de Blagnac en 1995. En 2014 il est le Premier adjoint délégué aux Finances et à la Culture de Bernard Keller. À la suite de la démission de ce dernier, Joseph Carles est élu Maire de Blagnac en 2017. Il ajoute à cette fonction depuis quelques mois celle de Président de la Commission de Toulouse Métropole en charge de la Contractualisation, de la Prospective et de la Coordination du développement économique.
Culture 31 : Si je vous demande votre définition du mot culture ?
Joseph Carles : J’aime bien une définition : C’est tout ce qui reste quand tout le reste a disparu. Plus personnellement je dirais que c’est ce qui permet aux individus de s’élever, de ne pas se laisser enfermer dans une pensée unique, de prendre de la distance par rapport à certains commentaires. C’est exister personnellement sur le regard que l’on peut porter sur des événements, des personnes. Je suis ici à Blagnac extrêmement engagé sur nos politiques culturelles car, et je pense plus particulièrement aux jeunes, il faut leur permettre de sortir de ces modes de réflexions qui n’autorisent pas le moindre recul.
Au cours des siècles, voire des dernières décennies, la définition du mot culture a-t-elle évoluée ?
Joseph Carles : La définition n’a pas évolué, c’est la pratique qui a bougé. A une époque la pratique de la culture était sacralisée dans un cadre extrêmement rigide. Aujourd’hui la culture est multiforme, je pense en particulier à la culture dite urbaine, aux graffeurs notamment. Le rap pour moi est totalement inclus aujourd’hui dans le terme culture.
Quels sont vos moyens pour faire rayonner la Culture dans votre zone d’influence : lieux, budgets, acteurs ?
Joseph Carles : Pardon mais il faut commencer par les choix politiques. Quels sont ceux adoptés par la Mairie de Blagnac ? Ici la politique culturelle est une politique centrale parce qu’elle n’est pas enfermée dans elle-même. C’est pour nous un élément de la politique éducative, du lien social, c’est un véhicule de citoyenneté, tout cela est assez important pour que nous nous en donnions les moyens. Alors bien sûr nous avons un lieu emblématique : Odyssud. Mais il ne faut pas le considérer comme un simple lieu de spectacle. C’est aussi une bibliothèque, une médiathèque, une salle d’exposition, un restaurant de convivialité. Nous avons également à Blagnac un lieu d’apprentissage, un Conservatoire où mille gamins apprennent la musique et la danse. On trouve la culture un peu partout à Blagnac et parfois dans des lieux improbables comme le Petit Théâtre Saint Exupère qui se situe dans une ancienne chapelle. L’Eglise de Blagnac peut aussi à l’occasion devenir un lieu de culture lors de concerts. Les Maisons de quartier accueillent aussi des événements culturels. On aménage aujourd’hui un nouveau lieu, sur les anciens Ateliers municipaux, ce lieu est dédié aux pratiques urbaines dont celles relevant de la culture. C’est la MJC des arts qui va piloter cette nouvelle aventure culturelle. Pour tout cela nous avons des acteurs internes comme les professeurs du Conservatoire, des acteurs associatifs indépendants ou pas que nous accompagnons financièrement. Aujourd’hui nous avons une vingtaine d’associations culturelles, soixante associations sportives et vingt associations à caractère social. C’est tout ce tissu associatif qui fait la richesse de l’offre culturelle de Blagnac. Cette complémentarité entre les lieux et les acteurs est particulièrement porteuse. D’ailleurs je tiens à souligner que nous avons un Adjoint à la jeunesse et… à la culture. Finissons donc avec le budget alloué. Celui de Blagnac est particulier car il y a Odyssud. A lui seul il représente 2,5 millions d’euros. Cela dit, le premier budget de la Ville c’est celui de la culture. Hors équipement, il représente plus de 3 millions. Et encore c’est sans compter le temps passé par les bénévoles, ce qui doit représenter au moins autant. Sans oublier les quelques 500.000 euros que nous versons en soutien au tissu associatif.
Vous venez d’allouer la somme de 12 millions pour refaire la cage de scène d’Odyssud.
Joseph Carles : Odyssud est fermé car nous ne pouvons plus faire travailler des techniciens sur des cintres qui ne sont plus aux normes en termes de levage et de travail en hauteur principalement. Trois hypothèses. L’une a minima transformait Odyssud en simple auditorium. Une autre réduisait la typologie des spectacles que nous pouvions recevoir de 30%. Soit enfin on décidait qu’Odyssud pourrait accueillir tous les spectacles. C’est cette dernière option qui a été choisie. En fait celle qui inscrit Odyssud dans un large avenir. Il s’agit d’une rénovation totale et profonde de la cage de scène et des alentours : locaux annexes, stockages, locaux de vie, vestiaires, toilettes, etc. La rehausse va faire passer la hauteur moyenne de la cage de scène de 12m à 18m. C’est la hauteur la plus courante que nous trouvons dans des salles de spectacles comparables à la nôtre. Une fois ces travaux achevés, les montages et les démontages seront plus fluides et sans mode « dégradé » comme cela parfois pouvait arriver sur certaines productions. Il est sûr que ces nouvelles possibilités techniques vont nous permettre de présenter des spectacles de plus grande envergure technique. Les travaux débuteront en été 2023 et devraient se terminer fin 2024 avec réouverture alors au public de la grande salle.
Quelles sont vos actions en faveur de la Culture, qu’en attendez-vous ?
Joseph Carles : Premièrement la sortir d’un ghetto et l’amener partout. Et pour cela introduire dans toutes les politiques de la Ville une dimension culturelle. J’en attends une émancipation de l’individu, peu importe son âge, une émancipation qui participe à sa construction. Et surtout générer du lien social en dehors de tout clivage de quelque nature qu’il soit.
Propos recueillis par Robert Pénavayre