Après un Happy Hour consacré à Mozart, dirigé par la cheffe Mei Ann Chen avec les deux dernières symphonies n°40 et N°41, ce sera le samedi 12, Ravel, Rachmaninov et Richard Strauss. Puis le jeudi 17, Bruckner.
Le samedi 12, l’orchestre est placé sous la direction de Robert Trevino, un chef américain venu en novembre 2021 qui nous avait fait forte impression en dirigeant, de Gustav Mahler, la Symphonie n°1 et Blumine. Il devait d’ailleurs diriger la N°8 de Bruckner mais le concert fut annulé suite au confinement. Il nous revient avec au bout de sa baguette, la Rapsodie espagnole de Maurice Ravel en ouverture de concert. Suivra, de Serge Rachmaninov, la Rhapsodie sur un thème de Paganini en la mineur avec pour soliste, la jeune pianiste au jeu si flamboyant Marie-Ange Nguci. Enfin, un des poèmes symphoniques pour grand orchestre de Richard Strauss parmi les plus réputés, Une vie de héros. Quel menu !
La Rapsodie espagnole de Ravel, achevée en 1908, est en quatre mouvements sur environ 16’ soit : Prélude à la nuit – Malagueña – Habanera – Feria. C’est à une Espagne imaginaire que nous convie Ravel, même s’il est né au Pays basque. Œuvre magistrale, elle témoigne des dons exceptionnels du compositeur pour une écriture orchestrale somptueuse et raffinée. Un vrai magicien de l’orchestre, le peintre de tonalités dont la palette est la plus riche.
La Rhapsodie sur un Thème de Paganini de Rachmaninov est une série de 24 Variations au piano avec accompagnement orchestral, rédigée en Suisse, et dont la création mondiale, et triomphale ! eut lieu à Baltimore le 7 novembre 1934 sous la direction du chef mythique Léopold Stokowski. C’est un morceau de 20 à 25’ basé sur le célèbre 24è Caprice pour violon seul de Niccolo Paganini, l’insensé virtuose du violon. L’allégresse est de mise dans toutes les “transformations à vue“ que le compositeur fait subir au thème. 11 sous-thèmes pour le Caprice que Rachmaninov transformera en …24 Variations – comme il y a …24 Caprices !
Vous succomberez à l’évidente séduction de l’écriture énergique, virile, ce qui n’empêche pas le charme pétillant de certaines, le côté jubilatoire pour d’autres. Certains moments sont d’une virtuosité…échevelée !! Les pianistes en manquent de doigts la bouderont. Orchestration brillante, fluide, avec des rythmes incisifs. C’est une excellente et décontractante pièce de concert bien trop peu programmée.
Une Vie de Héros
Richard Strauss est né le 11 juin 1864 dans une famille de la bourgeoisie de Munich (son père est corniste solo à l’Orchestre de l’Opéra, sa mère issue d’une famille de brasseurs). Il montre très vite un don musical et signe ses premières œuvres à l’âge de six ans. Il se fait peu à peu connaître comme chef d’orchestre, tout en signant entre 1888 et 1899 une série de poèmes symphoniques qui attirent l’attention sur ses talents de compositeur, œuvres qui restent des modèles du genre, comme Une vie de héros, par exemple, composée en 1997-98, créée à Francfort le 3 mars 1899, dirigée par le compositeur, et dédiée à l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, et à son chef Willem Mengelberg. Un geste dont on saisit mieux l’importance si l’on songe à la portée autobiographique de l’œuvre, dont le héros n’est autre que le compositeur lui-même. Un chef qui restera 50 ans à la tête de cet orchestre, de 1895 à 1945, le temps de diriger 89 fois ce poème arrivant en tête de liste parmi les autres poèmes !! C’est Strauss qui dirige le plus vite – moins de 40’ (78 tours ?) – les chefs actuels adoptant un tempo moins tendu. On dépasse, curieusement, souvent les 50’. Six épisodes se succèdent soit : Le héros – Les adversaires du héros – La compagne du héros – Le champ de bataille du héros – Les œuvres de paix du héros – La fuite du monde et l’accomplissement du héros. Le violon solo est à la tâche, fort sollicité dans le troisième et le dernier.
Cinq jours après, le jeudi 17, c’est un concert qui fera date, sûrement, et à divers titres. En effet, le chef Tugan Sokhiev retrouve son orchestre avec près de 100 musiciens dans la Symphonie n°8 en ut mineur, une monumentale partition d’Anton Bruckner, une véritable cathédrale sonore, “la symphonie des symphonies“. C’est parti pour environ 80 minutes. Un ciel parsemé d’étoiles s’ouvrira-t-il au-dessus de nos têtes à la Halle ?
La n°8 est en quatre mouvements :
Allegro moderato environ 16’
Scherzo – Allegro moderato environ 15’
Adagio – feierlich langsam ; doch nicht scleppend (lentement, solennel, mais sans traîner) environ 25’
Finale : Feierlich, nicht schnell (solennel, mais sans précipitation) environ 22’
La Huitième Symphonie est la plus longue de l’histoire de la musique, si l’on exclut certaines symphonies avec chœurs, comme la Huitième de Mahler. Pas une seule note inutile cependant, pour qui aime. Elle est aussi celle dont les interprétations sont les plus variables : de (73’) à l’une des plus longues, (103’). Curieusement, une version courte peut paraître s’étirer en longueur, tandis qu’une longue sera habitée d’une telle tension qu’elle vous hissera tout là-haut dans les étoiles.
Concernant la Huitième d’Anton Bruckner, cliquez ici.
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Orchestre national du Capitole