L’heure de la 25ème édition de Marionnettissimo approche à grands pas. Le festival international aura lieu – comme à son habitude – à Tournefeuille et Toulouse, au mois de novembre. Au programme : spectacles, ateliers, rencontres, expositions… L’occasion de s’offrir un moment privilégié de rêverie, hors des difficultés du quotidien.
À vos agendas ! L’un des plus gros temps forts de l’année pour l’art de la marionnette revient bientôt. Le festival Marionnettissimo sera en effet de retour pour sa 25ème édition du 22 au 27 novembre à Tournefeuille, Toulouse, et ses alentours. Depuis le printemps 90, cette manifestation artistique vient valoriser le théâtre d’objets à travers divers évènements. L’objectif : défendre un art populaire dans son évolution contemporaine et donner matière à rêver.
Différents temps forts à Tournefeuille
Pour ce faire, Marionnettissimo prévoit entre autres différents temps forts à Tournefeuille. Jeudi 24 novembre, les festivités commencent bien sûr avec l’inauguration du festival à l’Escale. À cette occasion, les spectateurs retrouveront un Bal Marionnettique à 21h, avec plus de 100 marionnettes au plateau. Samedi 26 novembre à 21h30, l’heure sera à la Mario Night ! La soirée sera alors musicale et marionnettique, du plafond au dancefloor. Le tout sous l’aile de la compagnie « Les Anges au plafond ».
Il y aura également, à la même date, un focus sur la création catalane. 4 compagnies catalanes et 1 compagnie des Baléares seront alors à découvrir, à Tournefeuille et Toulouse. Pour le jeune public, un après-midi de spectacle est également prévu dimanche 27 novembre au Phare de Tournefeuille.
60 représentations de tous horizons
La planète marionnettique sera globalement mise à l’honneur sous toutes ses coutures lors de cette nouvelle édition. Au total, 19 compagnies donneront plus de 60 représentations ! Côté local, les spectateurs retrouveront notamment les compagnies Occitanes « 36 du mois », « La Station magnétique », « H+H », « Les Philosophes barbares »… En bref, des artistes de différents horizons avec différentes sensibilités dont l’objectif sera de vous transporter, le temps d’un spectacle, dans un autre univers.
Plus de détails avec Chloé Lalanne, co-directrice générale et artistique de Marionnettissimo.
Culture 31 : Marionnettissimo existe depuis plus de 30 ans. Comment arrive-t-on à se renouveler après tant d’années ?
Chloé Lalanne : Je pense que nous arrivons à nous renouveler après tout ce temps car les artistes arrivent à le faire. L’art de la marionnette est vraiment en pleine évolution, et de façon permanente. Il y a toujours de la recherche en terme de techniques de fabrication et de manipulation. Les arts de la manipulation au sens large se développent aussi, notamment avec les nouvelles technologies. Elles permettent justement des manipulations différentes, parfois à distance. Il y a aussi la vidéo, etc.
D’autres artistes d’autres disciplines, comme les circassiens et les danseurs, s’emparent également de l’art de la marionnette. Chose qui entraîne, entre autres, un renouveau dans le travail corporel. Finalement nous n’avons plus qu’à suivre le mouvement des artistes dans ce renouvellement.
L’évolution est-elle justement le leitmotiv de cette nouvelle édition ?
Le leitmotiv, je ne suis pas sûre. Il est vrai que certains spectacles font appel aux arts numériques. Mais le leitmotiv de cette édition, comme de la programmation en général, serait tout de même plutôt les formes particulières et l’adaptation des spectacles à certains lieux qui ne s’y prêtent pas. Par exemple à des salles non équipées, sans gradins. Cela demande une autre disposition du public, différente du rapport scène/salle habituel. C’est quelque chose qui évolue aussi et nous suivons ces nouvelles tendances artistiques de près.
Comment décririez-vous alors la programmation de cette année ?
Nous essayons de montrer, de la manière la plus large possible, toute la diversité des arts de la marionnette. Que ce soit au niveau des techniques utilisées ou encore des esthétiques (du semi-traditionnel au plus contemporain). Il y aura également des spectacles grand public comme des spectacles plus intimistes. C’est avant tout l’identité du festival et elle perdure d’années en années. Chaque année c’est une grande page blanche sur laquelle nous mettons le plus de diversité possible. C’est notre manière de programmer.
Quel spectacle de Marionnettissimo 2021 vous a le plus marqué ?
L’année dernière, il y a eu un spectacle en particulier, de l’une des plus grandes marionnettistes encore en activité : Ilka Schönbein. Elle tourne avec parcimonie donc nous étions vraiment ravis qu’elle souhaite venir à Marionnettissimo. Son spectacle s’appelait « Voyage Chimère ». Elle a marqué toute la génération actuelle de marionnettistes. Elle est comme une icône dans le domaine, donc forcément, l’avoir au festival, c’était un évènement. Presque une fierté.
La marionnette est un moyen d’expression à part, qui peut véhiculer beaucoup de choses. Elle peut être politique comme féerique. C’est ce qui vous séduit ?
Oui. Sa polyvalence et tout ce que ça permet d’exprimer – difficilement exprimable autrement qu’avec des objets figuratifs – c’est ce qui me séduit. Une des utilisations de la marionnette, de manière assez historique, est politique. Et ça continue de l’être. Même dans un pays comme la France, qui est relativement libre d’expression.
Il y a des choses qui ne sont ni dicibles à l’oral ni montrables physiquement, mais qui vont l’être avec la marionnette. Et malgré le fait que je vois beaucoup de spectacles, depuis de nombreuses années, je continue d’être étonnée voire complètement subjuguée par ce que la marionnette peut provoquer de manière assez profonde en nous. C’est ce qui me plaît.
Soyons philosophiques. Une marionnette, c’est quoi ?
Une marionnette, c’est toute chose qui prend vie ou se transforme, via l’action directe ou indirecte d’un ou d’une marionnettiste. Ça peut par exemple être une main. Même si, au premier abord, on la perçoit juste comme une main, indépendamment de notre volonté, elle va devenir autre chose que cette simple main. On ne la verra alors plus du tout comme telle.
Ça s’applique à n’importe quel objet, qu’il soit marionnettique ou pas, et même à de la matière. Par exemple de la terre. De manière directe ou indirecte, un marionnettiste qui fait du théâtre d’objets, peut simplement, parce qu’il place un objet à un endroit, sans le toucher ni le manipuler, lui donner un tout autre sens que celui pour lequel il a été fabriqué à l’origine. Et là, il devient une marionnette.
Vous l’avez évoqué plus tôt, le numérique prend de l’ampleur. Comment pensez-vous que les arts du spectacle, de manière globale, vont s’adapter à cette évolution qui peut être certes tactile, mais de façon technologique ?
Je trouve que le spectacle vivant s’en sort vraiment très bien avec l’arrivée assez intense du numérique et des technologies dans nos vies. Les artistes arrivent à faire en sorte de garder l’essence traditionnelle et artisanale de leur art tout en se servant du numérique pour aller plus loin et faire des choses qu’ils ne seraient pas capables de faire autrement. Selon moi, la force des artistes qui utilisent le digital est de veiller à ce que le numérique ne se voit pas. Par exemple à travers des techniques de fabrication permettant d’avoir des matériaux plus légers et plus résistants, que ce soit pour les marionnettes, les décors, etc.
Ça permet ensuite de pouvoir les transporter plus facilement, de ne pas avoir besoin de réparations trop régulières, que ce soit plus écologique… Il est rare que je me dise qu’il est dommage que les arts numériques aient été utilisés dans un spectacle. Au contraire, je pense souvent « sans ça, on ne serait jamais arrivés à ce niveau d’émotion ». Car les artistes respectent leur art. Ils ne sont pas esclaves du numérique.
Finalement, l’un est au service de l’autre.
Oui car nous ne sommes pas sur du remplacement mais sur de l’évolution. C’est au service du poétique.
Quelques mots pour convaincre le public de venir découvrir ou redécouvrir l’art de la marionnette durant cette nouvelle édition du festival Marionnettissimo ?
Je crois que nous sommes aujourd’hui dans une période qui nécessite que l’on s’aménage d’urgence des parenthèses d’onirisme et de respiration, hors de nos quotidiens un peu ardus. J’espère que cet évènement peut être cette parenthèse. Elle nécessite un peu de curiosité et de laisser-aller mais peut définitivement être un moment à part.