Stéphane Degout sera sur la scène de la Halle aux Grains dans quelques jours avec son complice Raphaël Pichon pour un concert intitulé « Mein Traum » (mon rêve) qui mettra à l’honneur le premier romantisme avec notamment Franz Schubert. Il nous a confié sa passion pour le beau langage chanté.
Que pouvez-vous nous dire de ce programme romantique ?
Stéphane Degout : C’est un concert avec des œuvres d’un romantisme précoce. Ce parcours musical a été imaginé par Raphaël Pichon. Nous avons enregistré ce programme en 2020 à la Philharmonie de Paris dans des conditions très particulières. La Philharmonie était déserte en pleine pandémie, c’était un sentiment bizarre, étrange…Deux années ont passé et le contexte a évolué favorablement et nous pouvons maintenant revenir à la source de notre travail.
Ce programme composé de partitions de la première moitié du XIXème siècle est en fait le fondement de beaucoup de choses, c’est un passage de relais qui annonce Wagner. Schubert y apparaît comme un compositeur très profond. Cette maturité pour un homme qui meurt à 31 ans ne cesse de nous interroger.
Votre répertoire qui va de Mozart à Messiaen est très large, quelles sont vos prédilections ?
S.D. : En fait, j’ai une vraie passion pour les langues, le français bien sûr ma langue maternelle mais aussi l’allemand. Je ressens beaucoup d’affinités pour cette langue. Cela vient de ma formation dès mon entrée au conservatoire. J’aime le rapport au mot, c’est lui qui guide le chanteur, qui le porte par sa couleur. A cet égard, la langue allemande peut paraître âpre. J’aime interpréter les lieder, Bach, les Passions, Wagner.
Vous avez interprété votre premier Wozzeck à Toulouse, que pouvez-vous nous dire de cette expérience ?
S.D. : Cette œuvre me faisait peur, ce fut une expérience très positive. Cet opéra peut sembler court, mais c’est une heure trente qui ne s’arrête jamais. C’est une histoire d’une noirceur incroyable, malgré ma peur d’aborder cette partition, j’ai été porté par un véritable élan.
Que devient le projet d’Onéguine au Capitole ?
S.D. Le projet existe toujours. Il a été interrompu par la force des choses et reporté en 2024. J’aime chanter en russe, quelle langue magnifique ! Je vais chanter Onéguine début 2023 à Bruxelles. J’ai un véritable lien avec les langues. Le texte est premier, pour moi si un compositeur choisit de mettre un texte en musique, c’est qu’il aime ce texte qui devient un vrai matériau sonore.
J’ai lu dans un entretien que vous aimiez cuisiner…
S.D. : C’est un vrai plaisir ! Mes arrières-grands –parents tenaient un commerce de bouche à Lyon (capitale de la gastronomie n.d.l.r.). J’ai même travaillé dans un restaurant. Quand je suis à Lyon, chez moi, je profite de ma cuisine, de mes ustensiles, du marché. C’est un plaisir gustatif.
Vos projets ?
S.D. : Onéguine à Bruxelles début 2023, puis au printemps une série de concerts et de récitals. Je serai à Londres en juillet pour les Noces de Figaro. J’ai une vraie passion pour le rôle du comte.
Propos recueillis par Marc Laborde