À peine sorti des salles ébouriffées par l’Art de la Plasticienne au Musée des Abattoirs, on n’a qu’une envie … ou deux…ou trois : Filer en Toscane voir le Jardin des Tarots, revoir le Parc Güell à Barcelone ou encore le Palais Idéal du Facteur Cheval dans la Drôme. L’ Art invite à l’Art et celui de Niki de Saint Phalle, faussement naïf, questionnant sans cesse, réveillera inévitablement les endormis …
L ‘Art en liberté
« J’ai eu la chance de rencontrer l’art parce que j’avais, sur le plan psychique, tout ce qu’il faut pour devenir terroriste. Au lieu de cela j’ai utilisé le fusil pour la bonne cause, celle de l’art. »
Niki de Saint Phalle voit les choses en grand, très Grand avec ses Nanas sculpturales et pleines qui répondent en creux à ses Skinnies, personnages tubulaires filiformes au travers desquels on peut voir le Dehors.
Devenue sa propre mécène, cette artiste féministe et engagée se considère comme une outsider qui promet un Art pour tous les outsiders. Elle s’engage pour la lutte contre le SIDA, dénonce les violences faites aux Noirs aux États-Unis ainsi que la domination patriarcale.
Une scénographie virevoltante
D’un univers à un autre, on débute en entrant par le moucharabieh des Nanas face au Cyclope en kaléidoscope de miroirs. On explore le bestiaire de la Femme-Serpent, au milieu des robes Couture et des parfums. On marche douloureusement au milieu des Skinnies, échos suppliciés de la maladie de la plasticienne avant de déambuler, ébahis, dans les deux salles des maquettes du Jardin des Tarots. Le travail d’une vie. Une « folie des grandeurs » qui aura duré vingt ans.
On atterrit ensuite en Californie où Niki sculpte ses « Black Heroes », on accompagne sa lutte contre le SIDA par l’Art et on termine par un regard intime sur l’artiste, une écriture de soi qui sonne comme un cri désespéré pour dire ce qui est trop souvent tu. Enfin, on admire le mobilier d’artiste – « la vie joyeuse des objets » – et on termine par l’espace créatif destiné au jeune public et les jeux de miroirs en sous-sol.
Une rétrospective plurale et engagée pour tous les publics.
Les Abattoirs
Du 7 octobre 2022 au 5 mars 2023