Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Pickpocket de Robert Bresson
Dans le cadre de la sixième édition de la programmation « Les films qu’il faut avoir vus », la Cinémathèque de Toulouse projette ce mercredi 21 septembre à 19h Pickpocket de Robert Bresson.
Cinquième film de Robert Bresson qui a déjà réalisé Journal d’un curé de campagne d’après Bernanos et Un condamné à mort s’est échappé, Pickpocket illustre à la perfection l’art du cinéaste. En pré-générique, un texte annonce : « Ce film n’est pas du style policier. L’auteur s’efforce d’exprimer, par des images et des sons, le cauchemar d’un jeune homme poussé par sa faiblesse dans une aventure de vol à la tire pour laquelle il n’était pas fait. Seulement cette aventure, par des chemins étranges, réunira deux âmes qui, sans elle, ne se seraient peut-être jamais connues. » En voix off, le personnage principal prend le relais. Il s’agit d’un jeune homme, Michel, qui un jour sur un champ de courses, dérobe une liasse de billets dans le sac d’une femme. Aussitôt pris, il est conduit au commissariat, mais relâché faute de preuves concluantes.
Une jeune fille, Jeanne, s’occupe de la mère de Michel gravement malade tandis qu’il vit dans une chambre de bonne décrépie. Il ne veut pas travailler. Comme il l’explique à son ami Jacques et au commissaire l’ayant entendu lors de son interpellation, il estime que certains êtres supérieurs peuvent s’affranchir des lois et se livrer au vol. Un pickpocket, qu’il observe dans le métro, stimule sa vocation. Il s’entraîne, les premiers « succès » ne tardent pas. Sa mère meurt. Un complice, puis un second, se joignent à cet homme qui dit avoir « cru en Dieu pendant trois minutes ».
« Pour aller jusqu’à toi »
Utilisation d’acteurs non professionnels (que Bresson nommait « modèles »), absence de psychologie, voix blanches mais faussement monocordes des interprètes, ellipses, influence de Dostoïevski (qu’il adaptera à l’écran) et du catholicisme (janséniste), épure, précision du cadre, travail sur le son souvent utilisé en contrepoint et sans souci de réalisme : tout le langage et l’univers bressoniens sont dans Pickpocket.
Si le film « n’est pas du genre policier », ainsi que prévenait le réalisateur, il transmet la peur et l’angoisse taraudant Michel qui se sait surveillé par la police. Peu importe. Les vols se multiplient à l’image de la scène virtuose dans une gare et un train durant laquelle les malfrats opèrent tels des magiciens (le prestidigitateur Kassogi, qui joue l’un d’eux, a été conseiller technique). Voici l’histoire d’un homme qui va vers sa chute et par là même vers sa rédemption et son salut. « Pour aller jusqu’à toi, quel drôle de chemin il m’a fallu prendre », avoue Michel à la fin. Cette confession ne s’adresse pas qu’à Jeanne.
LES FILMS QU’IL FAUT AVOIR VUS