Directeur du Ballet du Capitole, Kader Belarbi frappe un grand coup en cette fin de saison. En effet, c’est avec une nouvelle production et une création mondiale que le Ballet du Capitole investit la Halle aux Grains pour ce spectacle de fin juin 2022. Ce sera le Daphnis et Chloé de Maurice Ravel, ballet créé le 8 juin 1912 au Théâtre du Châtelet par la troupe des Ballets russes.
C’est donc le chorégraphe Thierry Malandain qui relève le défi. Il va puiser dans les forces vives que lui offre la maison Capitole puisque sont sollicités le corps de ballet, les Chœurs et les musiciens de l’Orchestre. Tous sont placés sous l’autorité de la baguette du jeune chef Maxime Pascal, un chef qui est friand de challenges à relever. Les décors et costumes sont de Jorge Gallardo et les lumières de François Menou. Dans un lieu comme la Halle, ces dernières sont d’une importance capitale.
La soirée débutera par une création de la Compagnie Temps présent, un spectacle sur le ballet L’Après-midi d’un faune, musique de Claude Debussy, spectacle chorégraphié par Thierry Malandain et donné alors sur l’esplanade de Saint-Étienne le 21 janvier 1995. Jorge Gallardo était déjà au rendez-vous pour les décors et costumes et la conception lumières était gérée par Jean-Claude Asquié.
Revenons au lendemain de la création de ce ballet de douze minutes ce 29 mai 1912 au théâtre du Châtelet, avec un Nijinski encensé par un Rodin admiratif mais pas par tous dans le public ! certains ont parlé de « vils mouvements de bestialité érotiques et des gestes de lourde impudeur. » L’abandon de « la grâce pour la grâce » par un artiste qui possède toutes les facilités de l’exprimer, c’est une décision bien proche de celle de Picasso, de Stravinski, chacun dans leur domaine, prise à la même époque par des génies incontestés. Et, la danse trouva, elle, son prophète révolutionnaire en Nijinski. Son génie de chorégraphe peut se vérifier dès le Prélude, si l’on se réfère à la définition kantienne : le génie est un homme qui crée, en se passant des règles, une œuvre originale et exemplaire.
Attardons-nous un peu sur le Daphnis et Chloé qui fait moins souvent l’affiche que son comparse créé sur la musique de Debussy. Nijinski n’y est pas pour rien, c’est sûr.
Musique de ballet pour orchestre et chœur ou, “Symphonie chorégraphique“ en trois parties. Rarement donnée complète mais plus souvent sous forme de Suite pour orchestre.
La nomenclature orchestrale est impressionnante, sans commune mesure avec un effectif de musique de ballet habituelle, et mérite fortement d’être détaillée : 1 petite flûte, 2 grandes flûtes, 1 flûte en sol, 2 hautbois, 1cor anglais, 1 petite clarinette en mi bémol, 2 clarinettes en si bémol, 1 clarinette basse en si bémol, 3 bassons, 1 contrebasson. C’était la liste des bois ou vents sollicités.
4 cors en fa, 4 trompettes en ut, 3 trombones, 1 tuba.
Timbales, caisse claire, castagnettes, crotales, cymbales, héliophone ou éoliphone (machine à vent !), grosse caisse, tambour, tambour de basque, tam-tam, triangle, célesta, timbres, xylophone. Et 2 harpes
Quintette à cordes avec contrebasse avec ut obligé.
Lors de l’exécution du ballet, petite flûte et petite clarinette doivent se trouver sur la scène, cor et trompette derrière la scène.
Attention, les chœurs restent en coulisses, normalement (sopranos, altos, ténors et basses) !!
Un peu d’histoire, et d’anecdotes ! Daphnis et Chloé, une œuvre de Maurice Ravel, inséparable de l’histoire des Ballets Russes de Serge de Diaghilev. Signalons que le début du XXè siècle est une période de création folle, tous azimut dans le domaine de tous les arts et lettres. L’Europe vit une étourdissante effervescence.
Sur Daphnis et Chloé, d’une durée d’environ cinquante minutes, cliquez ici