Wendy Ané est une poétesse toulousaine. Utiliser les mots comme pansement, et arptenter le monde de l’édition, la rédaction vous propose de découvrir le parcours de cette jeune plume locale.
Dans la tempétueuse période émotionnelle que représente l’adolescence, Wendy Ané trouve dans les mots et leurs significations, un phare. En mai 2020, sous cette cloche à vide, elle écrit son premier livre, “Laisse-moi t’écrire”, un recueil de poèmes en prose. Dans un spontané apparent, la jeune toulousaine alors âgée de 17 ans, y décrit l’amour sous toutes ses formes. Un an et demi plus tard, son second livre “Laisse-moi t’aimer” voit le jour sous la même thématique. Rencontrée dans un café toulousain, elle nous raconte le voyage de ses mots. De ce carnet qui ne quitte jamais son sac, à deux livres publiés en ligne, récit d’une jeune poétesse indépendante.
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L’histoire a commencé
Près des étoiles,
Un petit garçon aux cheveux blonds
Avec l’air le plus mystérieux du monde
Vint poser les yeux sur moi,
Me parler de sa rose et de ses épines,
Me dit qu’il était perdu,
Qu’il n’était pas chez lui,
Il est vrai que, dans mon monde,
Les grandes personnes
Ne prennent pas le temps d’apprécier
Les couchers de soleil,
Soit dit en passant,
Tout l’or du monde.
Extrait du poème “Coucher de soleil”
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Chapitre 1 : soigner les maux par les mots
“Quand on est jeune, les premières émotions sont les plus fortes. Elles vous renversent, vous bousculent. Pour y faire face, j’ai décidé d’écrire”. C’est suite à une déception amoureuse que Wendy Ané fait le choix des mots pour extérioriser ses émotions. Rien d’étonnant à cela pour celle qui poursuit à l’époque des études littéraires. “J’ai fait le choix de la prose, car je trouve qu’il s’agit du mode d’expression le plus libéré en écriture. Il n’y a pas de code, ni de contrainte”, explique l’autrice. Puis, poussée par le soutien de ses proches, et encouragée par un auteur de passage à son lycée (Vincent Martorell), Wendy décide de sauter le pas, et cherche un moyen de partager ses écrits.
Chapitre 2 : comment se faire éditer ?
C’est d’abord par de lents et nombreux démarchages infructueux que Wendy tente de faire imprimer ses poèmes. “Honnêtement, je n’y connaissais vraiment pas grand-chose, j’ai un peu déambulé au hasard dans différents lieux d’édition. De plus, mon projet n’est pas comme une nouvelle ou un roman, c’est très ciblé. C’était aussi ma première écriture, donc quasiment impossible de trouver un éditeur”, explique-t-elle. C’est ainsi vers l’auto-édition que Wendy se dirige. Et il se trouve qu’à bas prix, impression comprise, la formule Amazon Kindle se présente comme idéale pour les jeunes plumes. “Un questionnaire est demandé sur le contenu du livre, ses thématiques, sa longueur, ses enjeux… Ensuite, on a le choix du papier, de la couverture, de la marge, et des dimensions. Amazon imprime le tout et on est publié. C’est un tremplin simple pour avoir un premier rendu palpable”, décrit l’auteure. En contre-partie, la société encaisse environ 30% du prix de vente. Ses deux écrits sont uniquement disponibles sur la plateforme.
Chapitre 3 : les premiers retours
Après son entourage, ce sont des inconnus sur les réseaux ou en commentaires qui ont effectué des retours sur ses écrits. “Dans les mots, les gens se retrouvent, c’est fou. Il y a une réelle dimension de partage dans la poésie. Le meilleur retour est celui où un lecteur ou une lectrice réussit à verbaliser un ressenti après la lecture. Mes poèmes sont souvent sombres, mélancoliques ou tristes. Si j’ai pu accompagner quelqu’un à adoucir ces ressentis, j’ai réussi ”. Des retours négatifs, il y en a aussi. Dans ceux-là, la jeune autrice préfère y voir une forme d’encouragement à l’évolution. “Mon écriture est encore très récente, immature par endroit. Je sais que tout est encore devant moi. Je ne suis pas en attente de convaincre un critique maintenant. Mais j’apprends, j’évolue. On ressent déjà les changements entre les deux livres. Dans le premier, c’était une écriture pansement. J’avais besoin d’extérioriser des blessures. Le second est déjà plus teinté d’intentions, de formules cachées. Malgré tout, je souhaite conserver un aspect introspection dans mes rendus. Je pense que le lecteur a parfois besoin de simplement lire ce qui passe par l’esprit au moment de l’émotion. Tanpis si ça ne plaît pas à tous. Je sais qu’à moi et à d’autres, ce livre a fait du bien”.
Et pour la suite…
Pour autant, l’aventure littéraire ne se referme pas pour Wendy Ané, au contraire. Des idées plein l’esprit, c’est un essai philosophique qui est en cours de préparation. “J’ai envie de m’essayer à autre chose, tout en gardant l’expression de ressenti au centre de mon travail. J’espère être publiée un jour. Essayer, écrire, m’exprimer, après tout, je n’ai rien à y perdre”, conclut-elle.
Son conseil littéraire : Solène Verhoven.
“Ses mots évoquent avec grande justesse le mal-être et l’urgence mentale. Il y a aussi un rapport profond avec la nature. Ce sont des thématiques dans lesquelles je me retrouve beaucoup”.