Julia Kerninon publie Toucher la terre ferme aux éditions de l’Iconoclaste. Un récit intime qui raconte la mère et la femme.
Julia attend son premier enfant. Pourtant, cela ne l’émeut pas plus que cela. Elle devrait se réjouir, être impatiente, non ? Elle devrait répondre aux attentes d’une société qui place l’événement au sommet des aboutissements. Julia ne le vit et ne le ressent pas ainsi. Pour elle, cela ressemble à un vertige. Elle panique face à l’inconnu. Puis l’enfant naît. Les sensations sont étranges, neuves. La femme devient mère. Comment devenir l’une en demeurant l’autre ? Des fantasmes de fuite assaillent par moment la pensée de Julia. Mais elle reste. Car devenir mère c’est aussi se redécouvrir. C’est relire le passé.
S’arrimer aux souvenirs
Julia se rappelle l’insouciance. Les premiers émois et les grands feux passionnels. Ceux d’une jeune femme libre et amoureuse des mots. La vie n’était alors que poésie, lecture, écriture. Sans contraintes ni limites, la jeune femme débarque à Paris pour étudier la littérature. Elle y découvre bien plus. Et à commencer par l’amour. Il est plus âgé, écrivain, fougueux. Ensemble, ils bravent les codes et se promettent de grands bouleversements. Mais leur histoire sera aussi tourments et ruptures. A chaque fois, l’écriture restera un refuge et un lieu où transcender l’existence. Puis l’amour encore. Plus doux, plus lumineux, avec celui qui deviendra l’amant et le père.
Julia Kerninon sonde une fois encore l’intime avec une précision d’orfèvre. Elle dit les préoccupations d’une future-mère et les doutes face à l’inconnu. Elle raconte surtout comment retrouver la terre ferme alors même qu’on aurait l’impression de partir à la dérive. Un texte sensible et très poétique !
Julia Kerninon, Toucher la terre ferme, Iconoclaste, 128 p.