À Toulouse, deux chefs-d’œuvre de Beethoven sont au programme du concert de l’Orchestre symphonique de Vienne, placé sous la direction d’Andrés Orozco-Estrada, avec la violoniste Vilde Frang.
À l’invitation des Grands Interprètes, l’Orchestre symphonique de Vienne consacre son concert toulousain à Ludwig van Beethoven. La phalange autrichienne sera placée sous la direction de son chef permanent, le Colombien Andrés Orozco-Estrada (photo). Donné à la Halle aux Grains, ce programme débutera par le Concerto pour violon joué par la Norvégienne Vilde Frang. Créé le 23 décembre 1806, cette gracieuse page prolonge par son style le charme des deux romances pour violon et orchestre écrites par Beethoven en 1799 et 1802.
Célèbre violoniste, mais aussi compositeur et chef d’orchestre, Franz Clement assurait la partie soliste lors de la première exécution au Theater an der Wien. Commanditaire de l’œuvre, il serait également l’auteur du thème de refrain dansant, en forme de carillon, qui s’entend dans le rondo final. Préfigurant les chefs-d’œuvre romantiques pour l’instrument, ce Concerto en ré majeur est de facture ample et d’une durée inhabituelle pour l’époque: le premier mouvement, «Allegro ma non troppo», dépasse largement en longueur les deux autres mouvements, le «Larghetto» puis le «Rondo».
Originale, cette forme dévoile un fond d’une puissance expressive soutenue, malgré l’absence de toute virtuosité instrumentale démonstrative. L’«Allegro» initial épouse une forme-sonate classique: l’exposition du thème par l’orchestre, puis par le violoniste, est suivie du développement et de la reprise avec coda, avant la cadence improvisée en fin de mouvement – les plus fréquemment jouées étant celles des violonistes Joseph Joachim (1831-1907) et de Fritz Kreisler (1875-1962). Durant toute la partition, la partie de soliste orne les lignes mélodiques jouées par l’orchestre, évitant ainsi de s’y opposer comme c’est parfois le cas chez Beethoven. Pour le compositeur André Boucourechliev, c’est «un moment de poésie pure qui glisse entre rêve et réalité».
On entendra ensuite la sensationnelle Septième Symphonie en la majeur, que Beethoven jugeait comme l’une de ses meilleures pages. Les commentaires à son sujet ne manquent pas : Richard Wagner, qui la dirigea, la considérait comme une «apothéose de la danse» – probablement à cause de la prééminence de certains rythmes obstinés dont sont parcourus les deux derniers mouvements, mais aussi le premier ; pour le compositeur Carl Maria von Weber, c’était une musique de fou et son auteur était devenu bon pour être enfermé à l’asile ; Friedrich Wieck, père de Clara Schumann, décrivait le dernier mouvement comme «l’œuvre d’un homme ivre»…
Achevée en 1812, elle a été composée en Bohème, en parallèle à l’écriture de la Huitième Symphonie. Après des libertés prises dans les symphonies précédentes, la Septième adopte une forme classique stricte. Purement musicale et absolument jouissive, cette œuvre est dénuée de message autobiographique et d’intentions descriptives. La partition est structurée en quatre mouvements: écrits en majeur, trois d’entre eux sont traversés de rythmes incessants et encadrent le deuxième mouvement lent. Créée à Vienne en 1813, sous la direction du compositeur, la Septième Symphonie connaît un succès immédiat.
Jérôme Gac