Matrix Resurrections, un film de Lana Wachowski
Le quatrième épisode de la saga Matrix rencontre autant de fans que de détracteurs. Il en est ainsi des œuvres d’une puissance aussi phénoménale. Que vous soyez diplômé de troisième cycle en matière « matricienne » ou pas, un conseil, laissez-vous happer par ce film à l’esthétique somptueuse développant frontalement des thèmes qui paraissaient totalement fictionnels il y a 20 ans et qui aujourd’hui se révèlent d’une effrayante réalité. Bienvenu dans la Matrice !
1999. Les Wachowski, connus seulement par un petit réseau de cinéphiles, nous envoient en pleine figure Matrix, un film de science-fiction nous propulsant dans ce qui est devenu en 2021 le metavers, un univers dans lequel interagissent la réalité et le numérique. Les deux suites de ce premier opus sorties en 2003, Revolution et Reloaded, ne connaîtront pas le succès de leur aîné. Loin s’en faut. Et c’est finalement toute seule que Lana se lance dans cette « suite » subtilement sous-titrée Resurrections. Ceci étant, ne comptez-pas sur moi pour vous faire un résumé du scénario. Tout d’abord parce que cela prendrait trop de temps de lecture, ensuite parce que ce genre de film se voit avant toute chose. La beauté des images, la précision du montage et de la musique, la direction des acteurs, tout cela ne peut se qualifier pleinement par des mots. Il faut simplement lâcher prise et se laisser aller à cette fresque vertigineuse dans laquelle le virtuel le dispute au réel. D’autant qu’entre suspense et scènes d’action magistrales, Lana Wachowski creuse ici un nouveau sillon, et non des moindres, celui de l‘amour. A ce stade nous serions presque tentés de paraphraser le titre du prochain Claude Lelouch (sortie en janvier2022) : « L’Amour c’est mieux que la Vie ». Sauf qu’ici le propos va plus loin car il y est clairement question de notre futur. Qui de l’homme ou de la machine finira par régner ? Aujourd’hui, autant les économistes que les scientifiques et les philosophes ne se posent même plus la question tant la réponse est, hélas, évidente. C’est, de manière ludique, le fil rouge de Resurrections dont évidemment nous tairons la conclusion.
Keanu Reeves (Neo) et Carrie-Anne Moss (Trinity) reprennent du service dans ce quatrième volet. Littéralement envoûtant, il nous amène aux confins d’une réflexion métaphysique aussi angoissante qu’hallucinante. Le monde a totalement changé depuis les attentats du 11 septembre puis, actuellement, au travers du développement mondial du COVID. Ce serait une grave faute que d’omettre parmi les raisons de ce bouleversement, la révolution numérique et l’explosion des réseaux sociaux. Rien ne sera plus comme avant, c’est ce que nous dit Lana Wachowski. Sauf l’amour…