West Side Story, un film de Steven Spielberg
Deux générations se sont écoulées depuis la sortie triomphale saluée par 10 Oscars de la version filmée du chef-d’œuvre de la comédie musicale qu’est West Side Story, créée à Broadway en 1957. Steven Spielberg rêvait d’affronter une telle légende. Voilà chose faite. Et bien faite !
C’était en 1961. Peu d’Européens connaissait ce West Side Story pourtant ovationné à New York plus de 800 fois depuis 1957. La musique originale de Leonard Bernstein (1918-1990), les paroles de Stephen Sondheim (1930 -26 novembre 2021), la chorégraphie de Jérôme Robbins (1918- 1998) et la dramaturgie d‘Arthur Laurents (1917-2011) forment la quadrature de la plus parfaite des comédies musicales. Il ne manquait plus que Robert Wise (1914-2005) derrière la caméra pour en faire une légende cinématographique. Comment réaliser un remake de ce Roméo et Juliette des temps modernes et remplacer à l’écran les figures iconiques de Natalie Wood (Maria), Richard Beymer (Tony), George Chakiris (Bernardo) et Rita Moreno (Anita), sans oublier Russ Tamblyn (Riff) ? A quelques écarts sans importance près, la trame dramatique est totalement respectée, de même que le lieu, l’action et la musique. La chorégraphie est cette fois confiée à Justin Peck qui fut, dans sa prime jeunesse…Bernardo au théâtre.
Tout en rendant hommage à la chorégraphie de Jérôme Robbins, le chorégraphe associé du prestigieux New York City Ballet n’en imprime pas moins son sceau personnel dans un tourbillon de sensualité, de testostérone et de violence associées au drame en marche vers son inéluctable conclusion. Nous connaissons l’histoire, celle de deux clans dans ce New York des années 50 du siècle passé. Ils se disputent des territoires d’autant plus illusoires que ces pâtés d’immeubles tant choyés de part et d’autres…vont être détruits. Sur fond de lutte interraciale, une tendre idylle va réunir Maria et Tony. C’est l’écho exact de l’antique animosité entre les Capulets et les Montaigus de William Shakespeare. Car, bien sûr, Maria est apparentée aux Sharks latino-américains et Tony aux Jets, blancs comme neige.
Dans un décor naturel des plus époustouflants, l’action, violente par définition, se déroule avec une subtile alchimie de danses et de scènes follement romanesques. Pour les faire vibrer, Steven Spielberg a réuni une cohorte de comédiens, tout à la fois acteurs, danseurs et chanteurs stupéfiants de sensibilité, d’émotion et de talent. Il faut en citer le plus grand nombre. Il en est ainsi d’Ansel Elgort, Tony tiraillé entre son amour et ses origines, Rachel Zegler, Maria d’une beauté infinie, aux regards de velours capables de faire chavirer des montagnes, Ariana DeBose, Anita explosive et meurtrière par dépit, David Alvarez, Bernardo sanguin emprisonné dans ses principes, Mike Faist, Riff englué dans des concepts d’un autre âge. Séquence nostalgie, c’est Rita Moreno, celle-là même qui jouait à l’écran Anita pour Robert Wise qui revient ici dans un personnage inventé à son attention, celui de Valentina. C’est elle qui va nous expliquer la vie de Tony. Cette artiste bouleversante est un trait d’union d’une belle justesse entre plusieurs générations. Un trait d’union qui relie ainsi deux chefs-d’œuvre cinématographiques autour d’une œuvre monumentale enfantée par des génies de la comédie musicale. Beau comme l’Antique. A voir absolument !
Rachel Zegler – A star is born…comme on dit.
A ce jour, la vie de cette toute jeune américano-colombienne ressemble sérieusement à un conte de fée. Passionnée dès son plus jeune âge par la danse et le chant, remarquée pour ses prestations alors qu’elle est encore lycéenne, la voici qui décroche le rôle de Maria après avoir envoyé une vidéo d’elle chantant I Feel Pretty. Bingo, car au bout d’un an de casting, elle est finalement retenue. Et ce n’est pas tout puisqu’elle vient de signer la suite de Shazam ainsi qu’une adaptation de Blanche-Neige en images réelles. Pas belle la vie à 20 ans ?