“Changer le regard des Français sur les plus vulnérables est un des objectifs du Prix Caritas” explique Emmanuel Fagnou, Responsable du Prix Caritas Photo Sociale et coordinateur du Réseau Caritas France. Dans le désir de faire découvrir les photographies des lauréats 2021, Le Château d’Eau propose une exposition qui leur est consacrée du 14 décembre 2021 au 23 janvier 2022.
“Le Château d’Eau se réjouit de ce partenariat avec le Réseau Caritas France qui, sous la forme d’un nouveau rendez-vous annuel, présentera chaque année en décembre jusqu’en 2023, l’exposition du ou de la Lauréat(e) de ce tout nouveau prix de la photo sociale” indique ce lieu entièrement dédié à la photographie. Il ajoute : “En 2021, le Château d’Eau est heureux d’accueillir les lauréats Victorine Alisse et JS Saia, co-auteurs de la série réalisée à quatre mains “Au grand air” ; ainsi que les deux finalistes Sinewi Medine et Thomas Morel-Fort. Dans sa volonté de montrer la pluralité des écritures photographiques, le Château d’Eau tient à soutenir la photographie documentaire sociale et valoriser les artistes qui l’illustrent”. Ce prix est ouvert aux photographes professionnels de nationalité française ou résidant actuellement en France. Pour pouvoir participer les photographies doivent “se situer au cœur de la mission des organisations du Réseau Caritas France”. Dans le détail, le mal-logement, les difficultés d’accès à l’emploi, la prison d’Inclusion sociale (isolement, transport, etc.) , l’illettrisme, les réfugiés et migrants en France.
“Dans la dynamique de la première édition, nous avons continué de privilégier les formes nouvelles et originales choisies par les photographes investis sur les questions sociales”, relate Emmanuel Fagnou. Il poursuit : “ En récompensant Aglaé Bory l’an passé, nous avions déjà la conviction qu’une écriture plus contemporaine permettait d’aller plus loin dans la façon de mieux rendre compte de la réalité des personnes en précarité. Le jury 2021 a choisi de distinguer un projet porteur de sens, réalisé à quatre mains, conjointement par une photographe professionnelle et une personne qui vit à la rue, dans le bois de Vincennes à Paris. Les co-auteurs ont pris le temps de se connaître, de se découvrir mutuellement. JS a appris petit à petit à livrer son propre regard et construire la manière de rendre compte de la réalité de ceux qui, comme lui, sont à la rue, loin des clichés et préjugés”. Le responsable du Prix Caritas Photo Sociale précise : “En écho à ce compagnonnage, la photographe a fait évoluer progressivement sa perception de la vie de ceux qui vivent dans des conditions difficiles, pour aller plus en profondeur et montrer une réalité plus nuancée. Chaque photographie est accompagnée d’un texte donnant une dimension supplémentaire au message, créant un objet photographique unique”.
“ Ce projet m’a permis d’exprimer ma colère ”
Suite à une rencontre à l’association La Cloche dédiée à la création de lien social et au changement de regard sur la vie à la rue, JS et Victorine ont pour volonté de créer un projet ensemble. Ainsi c’est le début d’un dessein dans lequel Victorine suit JS “dans les lieux qui font partie de son histoire : du parc de Bercy à Paris, où il est arrivé en 2015, au bois de Vincennes où il vit depuis », précisent les organisateurs de ce prix. Ils ajoutent : “Mais très vite, une question se pose : comment rendre compte d’une réalité qui n’est pas la sienne ? Ils décident alors de collaborer en prenant chacun l’appareil photo avec une contrainte posée par JS : celle de ne pas prendre de photographies “clichées” du monde de la rue”. A travers ces photographies, “C’est un cri, un “au secours” pour toutes les personnes qui vivent la solitude, l’isolement et la lenteur des démarches administratives ”, exprime JS. À travers cette série, on ne s’attarde volontairement pas sur les détails de la vie de JS pour se concentrer sur la rencontre de deux perceptions issues de deux modes de vie différents. Chaque prise de vue est suivie d’un échange sans tabou, plus intime et naturel autour de leurs photographies. Celles-ci deviennent un moyen de communiquer en soi, plus direct, plus personnel, sans artifices. “ Ce projet m’a permis d’exprimer ma colère ”, raconte JS. “Au grand air” devient une discussion photographique qui n’essaie pas de parler du “monde de la rue”, mais plutôt de faire découvrir une facette poétique de ce mode de vie, qui n’empêche pas la solitude et l’isolement. “ On est tranquille ici, il y a une vraie vie dans le bois ”, conclut JS.