Aline, un film de Valérie Lemercier
Fan de la star mondiale québécoise Céline Dion, Valérie Lemercier se lance ici dans un vrai/faux biopic tout empreint de romanesque. Une réussite !
L’histoire se déroule de 1932 à nos jours. Ce sont donc les parents d’A line/Céline, les Dieu, qui ouvrent le bal. Très rapidement leur quatorzième et dernier enfant pointe le bout du nez. C’est Aline. Dans cette famille de chanteurs et musiciens amateurs, Aline révèle une voix hors du commun. Ses parents lui font enregistrer une K7 qu’ils envoient à un producteur en difficulté, Guy-Claude/René. A son écoute, les oreilles de celui-ci n’en reviennent pas. Convoquée, la petite Aline est obligée de chanter devant lui afin qu’il se persuade d’avoir découvert celle qui va devenir un trésor national au Québec.
La suite, nous la connaissons tous car, même si les prénoms et noms changent, il est aisé de reconnaître au détour de quelques scènes la vie et l’œuvre de Céline Dion et de René Angélil son manager et mari. Comment aborder la vie d’une telle vedette de la variété aussi populaire que planétaire ? Valérie Lemercier décide de centrer son propos sur les relations entre Aline et Guy-Claude, transformant ce qui aurait pu être un biopic classique en une romance émouvante et sensible. Bien sûr de nombreux titres ultra-célèbres sont ici partiellement mais superbement interprétés, non par Valérie Lemercier, qui s’est distribuée dans le rôle-titre, mais par Victoria Sio, révélée dans la comédie musicale Le Roi Soleil.
Devenue milliardaire grâce à son talent et à un manager qui lui ouvre les portes des grandes maisons de disque et lui organise des tournées vertigineuses, Aline va faire de sa vie une légende, devenant une icône indéboulonnable. Nous la suivons donc dans toutes ses excentricités joyeuses, ses voitures immenses, ses maisons dans lesquelles elle se perd elle-même. Mais tout cela sans le moindre regard agressif de la part de la réalisatrice. Tout au contraire respire une sorte d’empathie permanente pour une artiste qui a sacrifié son devoir de mère aux contraintes d ‘un métier qui n’a de paillettes que pour le public.
Au final un film attachant avec cet accent québécois à nul autre pareil. Dans une distribution à 90% autochtone, soulignons les performances de Sylvain Marcel (Guy-Claude) et de Danielle Fichaud, Sylvette, la maman volcanique d’Aline. Quant à Valérie Lemercier, elle est ici littéralement époustouflante d’engagement. Grâce à des astuces techniques, elle incarne Aline de sa plus tendre enfance jusqu’à ce jour. Peut-être bien son meilleur rôle!
Valérie Lemercier – A son meilleur
Pour sa sixième réalisation, Valérie Lemercier signe là assurément son meilleur film. Normande et d’origine paysanne…aisée, elle intègre rapidement le Conservatoire de Rouen, dotée à l’évidence d’un vrai talent comique. Elle a 18 ans en 1982 lorsqu’elle rejoint Paris pour parfaire ses dons. Vite repérée par la profession, elle décroche en 1994 un premier César de la Meilleur actrice dans un seconde rôle (Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré). Elle récidive dans la même catégorie en 2007 pour Fauteuils d’orchestre de Danièle Thompson. Elle se lance avec bonheur dans le one-woman-show (trois Molières à la clé !). Puis Valérie Lemercier quitte la comédie pour le drame et s’essaie sans trop y réussir à la chanson. Plus de 30 ans de carrière, près de 50 films et séries jalonnent à ce jour l’un des parcours les plus emblématiques du cinéma hexagonal.