Dune, un film de Denis Villeneuve
Il fallait bien plus que du courage, de la témérité, pour s’attaquer au roman que publie en 1965 l’écrivain américain Frank Herbert : Dune. D’autres s’y sont cassés les dents, voire même y ont renoncé avant que de commencer ! Et pourtant, ici, le pari est gagné. Haut la main en plus.
Si vous n’êtes pas un familier de ce magnifique roman de science-fiction, voici quelques points de repères. Dans les années 10000 et quelques, et dans une galaxie lointaine qui n’a rien à voir avec celle de Star Wars, se trouve une planète franchement inhospitalière: Arrakis. Sur celle-ci, pratiquement désertique, vit le peuple des Fremens. C’est chez eux que les Harkonnen, autoritaires et sanguinaires, cultivent et commercialisent, sous la menace de vers de sable géants, le convoité « épice », substance aux pouvoirs colossaux dont celui de s’affranchir de l’espace-temps. Nous rencontrons le héros de cette saga, tout droit sorti de l’adolescence, dans son royaume de Caladan. C’est Paul, le fils du Duc Leto Atreides, et de sa compagne Jessica, celle-ci appartenant à la secte toute puissante des Diseuses de Vérité. Les nombreux clans de cette galaxie se livrent des luttes sans merci dont on se doute bien que le but est le contrôle et la vente du fameux épice. Mais voilà que le Duc Leto est envoyé sur Arrakis pour faire régner l’ordre et éventuellement stopper les Harkonnen dans leur pillage systématique de l’épice. N’est-ce pas un piège ourdi par l’Empereur ? Dans quel but ? Alors que Paul est la cible de rêves insensés qui le ramènent toujours sur Arrakis et vers une jeune femme, le Duc décide, malgré le danger, de l’amener avec lui, sous la protection de ses plus proches et sûrs compagnons d’armes.
Ce film est la première partie d’un diptyque dont la suite et la fin nous seront révélées en 2024. Pour l’heure, le choc, la claque, l’émotion, l’éblouissement sont au rendez-vous. Non seulement par la splendeur de la mise en scène, mais nous savons depuis Blade Runner 2049 (sorti en 2017) que Denis Villeneuve est un virtuose des lumières, des cadrages, des décors et des atmosphères, mais également par la fascination qu’exerce un scénario de science-fiction qui laisse une part prépondérante à une véritable histoire qui flirte ouvertement avec la tragédie dans ce qu’elle a de plus humain. Nul doute qu’entre Atreides et Atrides il y a comme un lien de sang. Ici il est question de quête des origines, de filiation, de chemin initiatique, de destiné, de tous ces thèmes qui irriguent les plus grandes œuvres littéraires de notre civilisation. Creusant au passage les méfaits du colonialisme et l’engagement pour une écologie plus responsable. Amateurs d’effets spéciaux, vous ne serez pas déçus. Mais visuellement l’important se trouve dans ces paysages (la Jordanie) et ces décors en dur monumentaux qui laissent abasourdis. La Bo, signée Hans Zimmer, illustre par des sons parfois mécaniques, la violence de ces temps et de ces hommes. Dans un camaïeu d’ocres vertigineux, l’action, pleine de rebondissements, nous amène petit à petit vers cette seconde partie que nous allons dorénavant attendre en apnée ! Le casting est somptueux. De Timothée Chalamet, Paul dont le réalisateur avait fait de sa présence une condition sine qua non du tournage, à Rebecca Ferguson, d’Oscar Isaac à Charlotte Rampling, de Javier Bardem à Jason Momoa, de Josh Brolin à Stellan Skarsgard en passant par Zendaya pour une courte apparition (elle sera beaucoup plus présente dans la seconde partie) chacun déploie ici un talent inaccoutumé dans la science-fiction. Si, en plus, vous avez la chance de voir ce film dans une salle prime (Ice, Dolby ou Imax), promis, vous aurez du mal à revenir sur Terre !
Timothée Chalamet – Déjà iconique !
Ce jeune américain de 26 ans, d’ascendance franco-américano-russe, est devenu aujourd’hui une star planétaire. S’il s’est trouvé devant une caméra dès l’âge de 13 ans, c’est la télévision qui va le révéler dans la deuxième saison de Homeland. Mais c’est Call Me By Your Name en 2017 qui lui ouvre les portes de la reconnaissance. Et de la gloire ! Ce francophone amoureux de théâtre, au regard insondable, charismatique en diable, dont Rohmer n’aurait pu que rêver, entame un chemin constellé d’étoiles !