La loi de Téhéran un film de Saeed Roustayi
Si vous avez la carrure pour recevoir un uppercut d’acier en pleine poitrine, courrez voir La loi de Téhéran, un film naviguant avec une redoutable virtuosité entre polar, thriller et documentaire sociétal sur les ravages de la drogue en Iran. Surpuissant !
Vous ne connaissez peut-être pas ce réalisateur iranien. Normal il n’a que 31 ans et le film sous rubrique n’est que son second. Cela dit son premier, Life and a day (2016) a été multi récompensé au niveau international. Quant à La loi de Téhéran, son succès en Iran est un véritable plébiscite populaire ! Vu le sujet, le réalisateur a dû lutter contre la censure mais s’en est, semble-t-il, sorti sans trop de coupures. Il faut reconnaitre que le thème est plus que délicat. Il met sous les projecteurs l’addiction à la drogue des Iraniens. Plus de 6,5 millions d’entre eux, sur une population de 80 millions d’âmes, consomment des substances plus ou moins dangereuses. Devenu un fléau mettant la société iranienne aux frontières du chaos, les autorités frappent fort, condamnant à mort tout trafiquant, qu’il soit surpris avec 20gr ou 50kg de drogue. De quoi refroidir me direz-vous ? Eh bien non, l’addiction empire tous les jours. Le scénario nous met dans les pas d’un Commandant de police, Samad, dont le principal objectif est de remonter jusqu’au cerveau du trafic, un parrain nommé Nasser Khakzad. Après une séquence liminaire à couper le souffle de puissance et d’authenticité, le film se concentre sur le duel entre les deux hommes réunis. Des scènes de prison littéralement dantesques, très bien documentées, laissent sans voix. L’interrogatoire devant un juge d’instruction se retournant contre le Commandant accusé par le dealer d’avoir détourné une partie de la drogue ouvre un espace large comme un boulevard sur la corruption. Des figurants époustouflants de réalisme finissent de donner à ce film un aspect de docu-fiction des plus traumatisants. D’autant que, pour le coup, le réalisateur/scénariste va jusqu’au bout… La confrontation entre les deux hommes est haletante et terriblement ambigüe car Nasser justifie ses actes avec une froideur et une logique qui interpellent. Tout en mettant en lumière l’état de l’Iran d’aujourd’hui. Peu de concessions et d’économies en quoi que soit dans ce film qui vous conduira aux bords de précipices dont le talent et la maîtrise de ce réalisateur nous portent à croire qu’ils sont bien réels.
Un film choc porté par deux comédiens d’exception : Payman Maadi (Samad) et Navid Mohammadzadeh (Nasser). Un film qui ne peut laisser indifférent !
Payman Maadi – Mal connu, et pourtant…
Né à New York de parents iraniens, le jeune Payman suit sa famille de retour en Iran en 1977. Il a 7 ans. Réalisateur de plusieurs longs métrages, scénariste à ses heures, Payman Maadi finit par embrasser une carrière de comédien de cinéma en 2009. Très vite repéré par la profession, il reçoit l’Ours d’argent d’interprétation masculine (Berlin 2011). C’est le début d’une carrière internationale et d’une reconnaissance qui ne l’est pas moins, ce qui lui vaut de siéger dans le jury de prestigieux festivals. En France on a pu le voir dernièrement dans le film d’Anne Fontaine : Police.