Tokyo Shaking, un film d’Olivier Peyon
Alexandra fait partie du comité exécutif d’une banque française implantée au Japon, à Tokyo plus exactement. Spécialiste des financements d’entreprise, elle voit son poste dériver vers les fonctions RH. Et plus particulièrement celle consistant à « dégraisser ».
C’est au cours de l’un des entretiens forcément délicats qu’elle doit tenir sur le sujet qu’a lieu un tremblement de terre de forte intensité. Renseignements télévisuels pris, le séisme a entraîné un tsunami gigantesque. Une catastrophe n’arrivant jamais seule, la vague monstrueuse qui envahit alors la côte Est du Japon touche de plein fouet la centrale nucléaire de Fukushima. Nous sommes le 11 mars 2011. L’évacuation des populations s’organise tant bien que mal. Rapidement la banque française se pose des questions quant à cette évacuation. D’autant que ses traders jouent comme des fous sur les marchés à terme et, surfant sur le cataclysme, gagnent un argent totalement indécent. Un voisin d’Alexandra, responsable technique chez AREVA (ndlr : dans le texte…), rassure en permanence celle-ci, dans un déni complet du danger qui menace la capitale japonaise. Sauf que les réacteurs explosant un par un, le gouvernement ne peut plus se cacher et annonce le désastre à venir. C’est la fuite générale. Mais voilà, dans ladite banque, véritable caricature de ce que le capitalisme a produit de plus pourri, les employés japonais, eux, demeurent en poste alors qu’un nuage radioactif s’approche de Tokyo. Alexandra, contre vents et marées et surtout contre l’avis de son conjoint, va rester avec eux. Tout l’intérêt du film est là, dans cette formidable résilience des Asiatiques devant les événements et ce sens de l’honneur, le fameux bushido, incrusté de tout temps dans leur ADN.
Choc des cultures, mise au pilori d’une entreprise française incapable au plus haut niveau de prendre la bonne décision (je parle de la banque), il y avait de quoi faire un bon film… Malheureusement, ce magnifique projet scénaristique est bousculé par des dialogues convenus et des acteurs totalement en roue libre, au premier rang desquels Karin Viard (Alexandra) et Philippe Uchan (le directeur de la banque). Ce dernier en particulier n’ayant guère à défendre, il faut le dire, que les clichés les plus éculés et nauséeux du capitalisme triomphant au détriment des salariés. Mais il y a ce choc des civilisations… Instructif, pour le moins.
À l’affiche dans votre cinéma : Véo Muret – Gaumont Toulouse Wilson – Gaumont Labège