Présidents, un film d’Anne Fontaine
Pourquoi s’engager en politique ? Vaste question dont les réponses s’inscrivent dans un univers mental où se croisent et se confondent la volonté de servir son prochain et sa patrie en même temps, faire triompher ses idées pour une société plus juste et égalitaire, combattre le dérèglement climatique, etc., etc. Sans oublier la culture aussi discrète que jamais avouée de son égo.
Nous le savons bien, les motivations sont donc plus que multiples. Le combat pour arriver au but suprême dans ce domaine, l’Elysée, mobilise beaucoup d’appelés pour un seul élu. Mais lorsque ce dernier décroche la timbale, ce doit être le nirvana. A la seule différence près qu’en la matière le paradis ici n’est pas éternel. Et qu’un jour ou l’autre, les lumières s’éteignent, vous disparaissez des plateaux de télévision, des assemblées internationales, du 300 pièces-cuisine qui vous a hébergé aux frais du contribuable et que vous redevenez ce que vous êtes, un homme. A la différence près que vous aurez connu les ors de la République. Et, a priori, la retraite présidentielle est une situation difficile à vivre, faite de regrets, de nostalgie, de rancœurs, d’ambitions inachevées. Rien de bien positif en somme. Le dernier opus d’Anne Fontaine traite en fin de compte de ce sujet. Pour cela, elle met en présence, sans jamais les nommer, deux ex, un certain François, parti ronger son frein en Corrèze, et un certain Nicolas qui, lui, ne rêve que de reconquête du pouvoir alors qu’un certain Macron trône dans toutes les mairies françaises. Nicolas a une idée. Il va chercher François dans sa villégiature corrézienne pour le convaincre, afin d’éviter à la France lors d’une prochaine élection de tomber entre les mains d’une certaine Marine, de s’unir et repartir de concert à l’assaut du « château », jugeant de facto le Président en exercice incapable d’un tel affrontement. Bien sûr toute ressemblance avec quiconque serait totalement fortuite. Là d’ailleurs n’est pas le vrai sujet du film même si une certaine « confusion » en assure le succès. Le sillon pas très profond que creuse plus ou moins adroitement la réalisatrice c’est celui du goût du pouvoir.
Pourquoi le cherche-t-on ? Peut-on consentir de plein gré à l’abandonner ? Grégory Gadebois (François tout en rondeur) et Jean Dujardin (Nicolas tout en tics) s’en donnent à cœur joie dans cette joyeuse pochade pseudo-politique dont les éclats de rire qu’elle provoque ne peuvent cependant cacher une réalité dure à vivre certainement. Bon, on est bien d’accord, inutile de sortir les mouchoirs tout de même !
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