Cruella, un film de Craig Gillespie
Tout arrive. La preuve, nous voici devant un prequel des… 101 dalmatiens. Il fallait y penser. Bonne idée car le film est une réussite particulièrement brillante et idéale pour le début de vacances tellement espérées…
Ce fut d’abord un livre (1950) dont s’empara Walt Disney pour en faire l’un de ses plus grands succès animés : Les 101 dalmatiens (1961). Succès donc oblige et la mode aidant, le dessin animé fut retourné mais en prises de vues réelles (1996), juste avant de laisser la place à une suite : Les 102 dalmatiens (2000). A l’évidence ces adorables canidés blancs et noirs ne pouvaient en rester là. Mais au fait, comment justement en sont-ils arrivés là ? C’est le pitch de ce film. Où l’on fait la connaissance d’Estella, une petite fille un peu hors normes, très intelligente certes mais un brin sauvageonne. Pour ne pas dire plus. Lors d’une soirée dans un lieu très huppé, Estella assiste impuissante… au meurtre de sa mère, précipitée d’une falaise dans l’océan, forcément en furie, par des chiens lancés sur elle sur les ordres d’une mystérieuse femme. Pour Estella c’est la fin brutale de sa jeunesse. Orpheline, vagabonde, elle va rencontrer deux chenapans dignes de Dickens : Jasper et Horace. Pickpockets à leurs heures, ils adoptent Estella. Le temps passe. Celle-ci est devenue carrément un escroc de haut vol et se rêve en impératrice de la mode. Problème, dans ce Londres des années 70 du siècle dernier règne la Baronne, géniale et inabordable créatrice des vêtements les plus flamboyants imaginables. Estella comprend bien le chemin douloureux qu’elle doit accomplir. Quitte à prendre des claques toute la journée, elle entre au service de ce tyran de la haute-couture. De fil en aiguille, sans jeu de mots, Estella découvre une terrible vérité qui remet en cause jusqu’à ses liens familiaux. Le sang criant vengeance, Estella se transforme en Cruella.
Tourné en grande partie à Londres, évidemment, et en particulier pour une scène grandiose dans le mythique magasin Liberty, ce film est un monument visuel. Chaque plan est théâtralisé à la perfection. Les décors et les costume sont à l’avenant, tout comme la rigidité qui cristallise un certain nombre de personnages dans leur dévotion à la fameuse Baronne. Bien sûr Emma Stone crève littéralement l’écran dans le personnage d’Estella, celle-là même qui va devenir Cruella d’Enfer (tout un programme). Dans l’ambiance punk, pop rock de seventies, elle trace le portrait finalement assez ambigu d’une héroïne creusant son chemin contre vents et marées au détriment de toute morale. Et le plus fort c’est que nous entrons immédiatement en empathie avec elle. Cela dit la concurrence est dure car face à elle se dresse une autre Emma, Emma Thompson. C’est elle la démoniaque Baronne. Un rôle en or pour cette actrice dont un seul regard peut vous foudroyer. Seconds rôles et mise en scène dépassent la simple notion de virtuosité dans une histoire qui n’est pas sans rappeler…Blanche-neige. Mais là j’arrête parce que déjà j’en ai trop dit.
Un vrai bonheur pour ados et au-delà. Il y aura une suite en 2023. Génial, non ?
À l’affiche dans votre cinéma : Véo Muret – Gaumont Toulouse Wilson – UGC Montaudran – CGR Toulouse Blagnac – Gaumont Labège – Le Central Colomiers – Kinepolis Fenouillet – Ciné Plaisance du Touch
Emma Thompson – L’icône britannique
Fille d’un producteur de télévision et d’une comédienne, la jeune Emma ne pouvait que voir son destin fléché vers le théâtre. C’est dans la prestigieuse université de Cambridge, qui l’accueille pour ses études, qu’Emma fait ses premiers pas au cœur d’une troupe théâtrale. La télévision ne tarde pas à lui faire les yeux doux, juste avant l’univers de la comédie musicale. En 1989, Kenneth Branagh lui propose un rôle majeur dans son film Henry V. Deux ans après ils convolent en justes noces. Dès lors, le réalisateur l’intègre dans les castings de la plupart de ses films. La carrière d’Emma Thompson prend alors une allure vertigineuse, tout comme explose son nombre de nominations et de récompenses dans les festivals les plus prestigieux. Elle est, à juste titre, l’une des icônes du cinéma britannique, aussi convaincante dans des blockbusters que dans le cinéma plus intimiste, des comédies, des drames ou dans des seconds rôles. C’est ça la classe. Et le talent ! Oscar de la Meilleure actrice en 1992. Elle a alors 33 ans !