La Nuée, un film de Just Philippot
Entre Petit Paysan et Alien, le premier long de ce réalisateur français est avant tout un drame familial sur fond de productivisme agricole. Une éblouissante réussite !
Dans une campagne un brin machiste, Virginie, seule, élève ses deux enfants, Laura et Gaston, avec l’aide plus que bienveillante de Karim. Virginie s’est spécialisée dans la farine de sauterelles. Son produit et son savoir-faire sont excellents tant et si bien qu’elle se voit dans l’obligation d’agrandir son élevage. Mais même cela ne suffit pas à sortir son exploitation de l’ornière financière. C’est alors qu’elle découvre l’appétit féroce de ses insectes pour…le sang. Elle se met à en acheter des bidons entiers pour le plus grand plaisir de ses « protégées » qui se reproduisent alors de manière exponentielle. Sans s’en apercevoir, Virginie vient de poser le pied dans un piège mortel. Vous ne rêvez pas, nous sommes bien au cœur d’un film de genre, celui de l’épouvante. Bien sûr il y a des effets numériques mais les sauterelles, en fait des criquets migrateurs, sont bel et bien réelles. A ce titre certains plans vous donneront la chair de poule assurément et vous ne verrez plus ces gentils insectes sautillants de fleur en fleur l’été sous le même angle, je vous le garantis. Voir Les Dents de la mer…
Filmé avec un sens impitoyable du suspense et de l’horreur, ce premier opus, qu’il y a lieu d’applaudir ardemment, creuse en fait plusieurs sillons. Celui de la volonté, de la pugnacité d’une mère faisant tout son possible pour sauver socialement sa petite famille. Celui aussi développé dans d’autres films depuis quelques années, Petit Paysan entre autres, je veux parler de l’engrenage infernal du productivisme agricole, source de drames familiaux quasi quotidiens mais également de revers écologiques majeurs.
Sans vouloir faire offense à toute une distribution par ailleurs au cordeau, clairement le film repose sur la prestation de Suliane Brahim (Virginie). Mais qui en aurait douté ? Pensionnaire puis sociétaire de la Comédie-Française depuis 2016, elle a marqué des rôles d’une diversité étonnante. Aujourd’hui elle s’impose sur grand écran et il y a fort à parier qu’elle n’en restera pas là. Du moins faut-il le souhaiter !
À l’affiche dans votre cinéma : Cinéma ABC – Gaumont Labège
Suliane Brahim – Le théâtre avant toute chose
C’est à l’école que la jeune Suliane découvre le théâtre. Ce sera d’ailleurs dans cette option qu’elle obtiendra son bac. Celle qui souhaitait se vouer à l’Humanitaire en consacrant ses études supérieures à l’études des langues orientales va être rattrapée par le virus de la scène. La Comédie Saint-Etienne lui offre son premier rôle en 1996. Elle a 18 ans ! Quelques années plus tard, en 2009, elle intègre le « Français ». Le film sous rubrique est sa première apparition d’importance sur grand écran après deux séries tv particulièrement applaudies (Zone Blanche, Mouche)