Des hommes, un film de Lucas Belvaux
Le dernier opus du réalisateur belge s’inscrit dans la courte lignée des films tentant de retracer les « événements » qui ont ensanglanté l’Algérie dans les années 50/60 du XXe siècle. Il aborde ce sujet toujours aussi présent chez ceux qui en ont été les acteurs par le biais de jeunes appelés… quarante ans plus tard. Dans une campagne du bout du monde, la communauté réunie fête l’anniversaire de Solange. Ne manque que le frère de celle-ci, Bernard, dit Feu-de-Bois. Il arrive alors que tout le monde est déjà rassemblé. L’atmosphère change immédiatement. Il offre un magnifique bijou à sa sœur. Ce cadeau va allumer le détonateur des non-dits et des secrets cachés. Abusant de l’alcool, Bernard va déraper sérieusement, molestant la femme arabe du cuisinier des festivités, lui-même… Des mots vont être échangés et la police sommée d’intervenir. Ce sera pour le lendemain matin, à l’aube. Entre temps, le film nous raconte, au travers de flash-backs, l’enfer que Bernard, Rabut et tant d’autres ont vécu en Algérie lors de cette guerre qui n’a jamais voulu dire son nom, ni celui de la machine infernale qui a broyé tant de vies. Des deux côtés.
Bernard, c’est Gérard Depardieu. Le rôle a été écrit pour lui et comme à son habitude il envahit son personnage de sa présence lourde, imposante, massive, toujours animée de ce regard à nul autre pareil, fait d’enfance et de démons. Difficile d’exister à ses côtés. Catherine Frot (Solange) tire cependant son épingle du jeu dans un rôle qui met en valeur sa voix aux limites de la cassure, son regard naïf mais volontaire. Jean-Pierre Darroussin (Rabut) ne dit pas grand-chose car lui sait ce qu’il s’est passé tel jour tel heure dans le bled. Il était avec Bernard. A noter les excellentes compositions de ces personnages masculins dans leur jeunesse d’appelés. Il en est ainsi de Yoann Zimmer (Bernard) et Edouard Sulpice (Rabut). Il leur appartient de nous dire l’horreur, l’incompréhension, la rage, la haine, l’injustice, l’impossible pardon. Et de nous faire comprendre comment cette tragédie a marqué au fer rouge toute une génération. A vie.
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