Fondé et ouvert par Jean Dieuzaide en 1974, ce lieu magnifique d’architecture est inscrit dans l’Histoire de la Photographie comme le premier exclusivement dédié à l’exposition en France de tirages photographiques. En tant que conseiller artistique, il vient d’être confié à Christian Caujolle, personnage mythique de la photographie, ce milieu artistique dans lequel il fait l’unanimité.
Depuis le 19 mai et ce, jusqu’ au 22 août 2021, il signe son arrivée avec deux expositions. L’une s’intitule Looking for the masters in Ricardo’s Golden Shoes confiée à Catherine Balet. Celle-ci rend hommage aux grands maîtres de la photographie au cours d’un voyage à travers 180 ans de cette nouvelle forme d’art né en … 1826. Elle est accompagnée pour cela par son modèle et acteur Ricardo Martinez Paz. Véritable homme-caméléon, elle le met en scène en rejouant avec lui des clichés célèbres et pour certains, célébrissimes de l’histoire de la photographie. On est à la fois surpris et ému par l’extraordinaire travail, de l’acteur octogénaire qui se plie aux exigences de tel ou tel cliché tout en louant celui de la photographe qui joue avec chaque image iconique tout en la respectant scrupuleusement.
En effet, Catherine Balet s’inscrit dans la forme de l’hommage, de la parodie par la répétition. Sa démarche est une réflexion sur les différentes dimensions qui composent une image : la construction esthétique, l’empreinte sociologique d’une époque, la force émotionnelle qui reste en mémoire du regardeur. Elle produit un travail infiniment précis d’analyse et de recontextualisation des expressions, des accessoires, des lieux. Vous pourrez en juger avec 79 tirages qui vous attendent sur les deux niveaux de la galerie, le premier autoportrait étant de Robert Cornelius en 1839 jusqu’aux selfies d’aujourd’hui.
« Des origines à aujourd’hui (et même à demain), cette histoire pétillante, amusée et amusante de l’image jadis argentique et aujourd’hui majoritairement numérique est également une plongée dans les esthétiques, dans une chronologie du regard et une réflexion, bien plus sérieuse qu’il n’y paraît sur les enjeux de la figuration. » Christian Caujolle
L’exposition est présentée en collaboration avec la Galerie Thierry Bigaignon – 9, rue Charlot – 75003 Paris
Second clin d’œil de C. Caujolle, semblant compléter le précédent, avec le travail d’un jeune photographe Léo Delafontaine, avec une exposition dans la salle 2 s’intitulant « Deconstructing photography » présentant ses travaux pour la première fois. Une façon de revisiter l’histoire de la photographie, aussi, mais en se l’appropriant de manière plus incisive, tout en respectant, si on peut l’exprimer ainsi, la trame même du support. Le parti pris est délibéré, et donc respectueux au bilan. Mais, si vous souhaitez vous plonger dans des travaux “photos“ très originaux, au sujet peu banal sur, par exemple, les Micronations, ou la ville de Barentzburg, allez voir du côté de… Léo Delafontaine.
On n’oubliera pas que la galerie du Château d’Eau possède la troisième Bibliothèque de France consacrée à la photographie, une performance. On attend aussi que décisions soient prises en relation avec le devenir du Fonds Dieuzaide et les souhaits de la famille. On peut espérer que ce fonds restera à Toulouse et qu’il pourra être exploité dans un lieu parfaitement adéquat.
Galerie Le Château d’Eau