Mathieu Ménégaux publie Femmes en colère, aux éditions Grasset, et s’infiltre dans une salle de délibération agitée.
Mathilde Collignon est sur le banc des accusés. Victime ou bourreau ? Cette femme ordinaire, médecin, mère de deux fillettes vient de commettre un acte radical. Suite à son agression sexuelle, scène d’une violence abjecte, elle décide de se faire justice. Préméditation ou réaction de survie face au traumatisme ? Acte de bravoure ou acte de barbarie ? Voilà parmi les nombreuses questions qui seront soumises à la salle d’audience. Les récits sont déballés pour tenter de comprendre l’accusée et le crime. D’une part, les témoignages décrivant une femme agréable, une mère responsable, douce. D’autre part, des avis contraires dépeignant une personne aux mœurs légères. Une femme qui aime le sexe et les rencontres rapides. Une criminelle qui, de sang-froid, a commis une ignominie. D’ailleurs « a-t-elle vraiment été agressée ? » s’interrogent certains. Les deux hommes n’ont jamais été condamnés. Les uns veulent alors questionner la personnalité de Mathilde et effacer le crime initial, quand les autres veulent faire entendre la voix de cette femme soumise aux jugements de tous.
Un huis-clos stressant
3 magistrats et 6 jurys s’isolent au terme de l’audience. Leur appartient désormais la responsabilité d’attribuer une peine à Mathilde Collignon. Le procureur réclame 20 ans. Les débats s’ouvrent. La tempête ne tarde pas. D’abord, la colère, l’indignation. Certains déplorent l’acte de vengeance et assure que cette femme a prémédité son coup, une haine contre le masculin. Aussitôt, une voix dissonante contredit et rappelle les faits. Une femme a été piégée et violée. Un jury argumente en rappelant que l’accusée se mettait elle-même en danger en ayant des propos très sexuels via des rencontres virtuelles. Cette réflexion fait bondir d’autres jurys rappelant que rien – rien ! – ne justifiait le viol. Les magistrats – qui souhaitent une peine exemplaire – comprennent que les délibérations seront longues et houleuses.
Mathieu Ménégaux nous emmène avec lui dans cette salle où les réflexions seront nombreuses. Les avis contraires, les opinions pertinentes ou choquantes. Le lecteur se positionne alors comme le 10ème jury et imagine le verdict qui serait le sien. Au centre de l’histoire, une femme. Mathieu Ménégaux ne l’oublie jamais, il laisse la parole à son personnage principal dans de nombreux chapitres qui viennent s’intercaler entre les scènes judiciaires. Un texte poignant, jamais démagogique ni utopique, qui montre une réalité glaçante.
Mathieu Ménégaux, Femmes en colère, Grasset, 198 p.
Photo : M.MENEGAUX © PAGA
Retrouvez tous nos articles Littérature et vos Librairies sur Culture 31