Les grandes personnalités musicales ayant vu le jour à Toulouse sont légions. Sans vouloir être exhaustif, ce n’est pas le but de cet article, citons simplement les pianistes de renommée internationale que sont aujourd’hui Bertrand Chamayou, né en 1981, et Adam Laloum, né en 1987, plus jeune certes mais qui ne lui cède en rien en termes de réputation et de talent. Mais il ne faudrait pas oublier, parce qu’ils sont moins sous les projecteurs, les compositeurs Charles Chayne (1925-2016), Xavier Darasse (1934-1992), Pierre Jodlowski, né en 1971. Nous le voyons bien, la Ville rose n’est pas que terre d’ovalie et d’aviation. La présence de trois Toulousains aux Victoires de la Musique classique 2021 en est encore cette année une preuve flagrante. Peu importe le résultat, le seul fait de leur nomination est suffisant, d’autant qu’il se situe dans un ensemble d’artistes de très haut niveau.
Aurélien Gignoux, le benjamin du trio
Ce jeune Toulousain de 23 ans assiste à son premier concert à la Halle aux grains de Toulouse alors qu’il n’a pas encore… un an ! Il faut dire que ses parents sont tous deux musiciens dans l’Orchestre national du Capitole. Ce sont eux qui découvrent la fascination qu’exerce le pupitre des percussions sur leur fiston. Tout petit encore, il a 4 ans, Aurélien commence à martyriser des casseroles. Papa et maman comprennent enfin et lui offrent un tambour. Le premier pas est fait et s’apparente à un point de non-retour. Aurélien sera percussionniste. Actuellement en dernière année de master au CNSM de Paris et après un court séjour Erasmus à Munich, Aurélien se singularise déjà par sa technique certes, mais également par une maturité étonnante à cet âge concernant son domaine instrumental. Lui qui aurait rêver de rencontrer Stravinski, se déclare très heureux de travailler avec des compositeurs d’aujourd’hui afin de faire progresser le répertoire de ses instruments. Des instruments, comme chacun sait, très divers, réclamant une condition physique exceptionnelle. Ses réflexions sur l’improvisation laissent deviner un musicien avide d’apprendre, d’avancer, curieux d’un avenir dont il veut être l’un des acteurs.
Aurélien Gignoux concourt dans la catégorie « Révélation Artiste instrumental »
Thibaut Garcia – Déjà « Révélation Artiste instrumental » en 2019
D’origine franco-espagnole, comme son nom l’indique si bien, Thibaut s’empare de sa première guitare en 2001. Il a… 7 ans ! Résultat, à 16 ans il est admis au CNSM de Paris. C’est le début non seulement de l’approfondissement de son instrument, mais également d’une véritable moisson de prix internationaux. Aujourd’hui Thibaut Garcia est réclamé dans le monde entier. Véritable « artiste » de la guitare, il faut l’entendre littéralement transcender les pages les plus connues de cet instrument, leur donnant une nouvelle profondeur, une nouvelle densité, une nouvelle vie. Thibaut a créé l’Association Toulouse Guitare dans le but d’organiser annuellement une saison de guitare à Toulouse dans des lieux patrimoniaux. Tout cela ne l’empêche pas de demeurer un jeune homme particulièrement attachant et formidablement sympathique.
En exclusivité chez Warner, Thibaut Garcia enregistre régulièrement. Dernièrement, avec l’Orchestre national du Capitole, ce fut le tour de l’incontournable et célébrissime Concerto d’Aranjuez.
Thibaut Garcia concourt dans la catégorie « Soliste instrumental »
Benjamin Attahir – Le Moyen-Orient coule dans ses veines
Le déclic pour la musique lui parvient au travers de l’opéra. Et pas n’importe lequel s’il vous plaît, rien moins que le chef-d’œuvre de Piotr Ilitch Tchaïkovski : Eugène Onéguine qu’il voit au Capitole trois fois d’affilé en 2003. Benjamin a 14 ans. Ce jeune garçon va commencer par l’apprentissage du violon. Rapidement il va se tourner vers la composition et le direction d’orchestre. A 21 ans il décroche le Prix de la Tribune internationale des compositeurs à l’UNESCO. C’est le début des commandes, source essentielle et vitale des compositeurs de tous les temps. Nombre de ses créations mondiales se feront à Toulouse. En septembre 2013, l’une de ses œuvres verra le jour sous la direction de Pierre Boulez. Excusez du peu ! Compositeur ouvert à tout, sa musique n’en demeure pas moins inspirée par sa culture moyen-orientale, tout en demeurant bien française dans la tradition de Ravel et Debussy. Il est pensionnaire à la Villa Médicis en 2016/2017.
Benjamin Attahir concourt dans la catégorie « Compositeur » avec son œuvre : « Sonate pour violon et piano Istiraha »
Robert Pénavayre
une chronique de ClassicToulouse
Les Victoires de la Musique Classique