« Quand on entre en thérapie, on vient pour dire quelque chose que l’on veut dire, quelque chose que l’on ne veut pas dire et quelque chose que l’on ne veut pas dire du tout ».
16 Novembre 2015
Huis clos dans la grotte du Docteur Dayan, Paris, juste après les attentats meurtriers et traumatisants du Bataclan.
Une chirurgienne en plein transfert amoureux, un flic écorché de la BRI, un couple qui se débat entre le désir et le non-désir d’enfant, une jeune nageuse aux tendances suicidaires emmurée dans ses mensonges et ses secrets …
« En thérapie » produite par l’intouchable duo Eric Tolédano/Olivier Nakache et adaptée de la série chorale israélienne BeTipul (littéralement en hébreu « En thérapie ») déjà produite dans 17 pays passe au détecteur de mensonge et au sérum de vérité des personnes/personnages en état de choc et une société anesthésiée par les attentats, les atteintes, les attaques, les atermoiements.
On n’ajourne pas une thérapie, les 35 épisodes d’une vingtaine de minutes déroulent à nous le fil d’une couverture élimée qui, progressivement, met chaque personnage à nu.
C’est puissant. C’est questionnant. C’est passionnant.
Ça sent la sueur, le sexe, le sang, le sale et le sordide.
Mais, et la contrepartie vaut le coup, ça pue l’espoir, la rémission, la libération, la délivrance.
Les dialogues sont écrits oui, impeccablement, mais ils sont débités avec tant d’abandon que l’on se croirait dans un roman naturaliste de Zola. La vérité naturaliste se veut le résultat d’une démarche comparable à celle de la science : observation, documentation, analyse, expérimentation, déterminisme. Une série écrite comme un roman du cycle des Rougon-Macquart. Les littéraires vont adorer ! Les autres aussi …
Dans le cabinet du Dr Dayan, les personnages se révèlent et les acteurs aussi. On ne les a jamais vus comme ça, en colère, extraits d’eux-mêmes, épuisés après chaque séance, on ressent le calvaire de l’interprétation et la difficulté de ressortir indemne du divan … et du tournage !
Frédéric Pierrot – mais comment avons-nous pu passer à côté de cet acteur sans le porter aux nues ?
Mélanie Thierry, écoeurante, éhontée, toquée
Reda Kateb, illuminé, lumineux – l’acteur à la sale gueule se mute, encore une fois, en fantasme viril (comme dans « Possessions », série israélienne).
Pio Marmaï, Clémence Poésy, Carole Bouquet …
Et Céleste Brunnquell, 18 ans, pénétrante, habitée par son personnage.
Bref, tout le monde en parle. Tout le monde se parle. On aurait presque envie d’entrer « En Thérapie »…