S’il faudra bien, le moment venu, faire un point d’étape et se poser les bonnes questions sur le répertoire classique (opéra, concert, ballet) en mode écran d’ordinateur, il y a au moins une réponse qui est toute trouvée, les réseaux sociaux (facebook…) permettent aujourd’hui au public de garder le contact avec la musique et aux artistes d’assouvir leur passion. A ce titre il y a fort à parier que nombreux seront les spectateurs qui assisteront en direct à la retransmission du Concert de Noël (voir ci-dessous), tout comme il n’est pas déraisonnable de parier sur une affluence record pour la réouverture au public du Théâtre du Capitole pour une impressionnante série de représentations consacrées à Rudolf Noureev, spectacles qui accompagneront les amateurs de danse jusqu’à la fin d’une année que personne ne pourra vraiment oublier.
Nous avons donné la parole pour commenter ces deux événements au directeur des phalanges chorales capitolines, Alfonso Caiani, ainsi qu’au directeur artistique du Théâtre du Capitole, Christophe Ghristi.
Alfonso Caiani et le Choeur du Capitole © David Herrero
Malgré les contraintes sanitaires de ce moment, le Chœur du Capitole va être fidèle à un rendez-vous devenu depuis plusieurs années incontournable des fêtes de Noël et terriblement cher au cœur des mélomanes toulousains. Avant de développer le programme que vous nous offrez cette année, parlez-nous des conditions dans lesquelles votre phalange traverse cette époque particulièrement difficile ?
Alfonso Caiani : Naturellement nous avons dû nous adapter aux contraintes sanitaires, mais le but est de continuer à travailler avec presque le même rythme et surtout le même engagement. Nous avons ainsi adapté lieux horaires et protocoles sanitaires et… nous travaillons en faisant bien de la musique.
Venons-en au programme et aux conditions de répétition de celui-ci, tout en relevant que la Maîtrise et l’Orchestre ne figurent plus à l’affiche… D’ailleurs, sur ce dernier point est-ce que ce changement vous a amené à modifier le programme ?
AC : Les raisons du changement d’effectif sont évidentes. Les choristes doivent chanter à deux mètres de distance l’un de l’autre. Vous pouvez donc imaginer la difficulté d’écoute d’ensemble et d’homogénéité… et vous savez combien nous tenons à ce paramètre. Nous avons dû également et pour les mêmes raisons renoncer à l’Orchestre et à notre chère Maitrise. Nous avons voulu par contre conserver le programme que nous avions décidé. Deux medleys d’opérettes tout d’abord. Johann Strauss (Jr), Die Fledermaus, qui sera chanté dans l’original allemand (La Chauve-souris en français) et Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach. Ensuite le traditionnel florilège de chants de Noël, entre les incontournables et quelques nouveautés savoureuses… L’accompagnement musical sera confié à deux pianistes.
Quels critères ont présidé à vos choix pour cette soirée, en dehors bien sûr des chants de Noël tout à fait de circonstances et très attendus par un public qui, nous le savons, à votre aimable invitation et sous votre non moins sympathique direction, s’amuse à les reprendre en chœur ?
Nous avons suivi l’appréciation et les réactions du public pour le programme d’opérettes proposé l’année passée tout en lui proposant cette année une variante plus internationale.
La suite de la saison telle qu’elle est prévue aujourd’hui sollicite la phalange chorale du Capitole. Les répétitions suivent-elles leur cours normal ?
AC : Comme nous disions au début de cet entretien, nous répétons à un rythme presque normal. Seules les contraintes sanitaires et les gestes barrière changent notre forme de travail habituelle.
Les représentations de ce concert de Noël prévues les 5 et 6 décembre ayant été annulées en présentiel pour le public, vous avez décidé de le diffuser sur Facebook et sur YouTube gratuitement en direct le 6 décembre puis en streaming jusqu’au 18 janvier 2021. Nul doute que le nombre de connections va être immense. La gratuité en sera un fait déclenchant déterminant sans doute. Envisageriez-vous de poursuivre la démarche pour quelques autres spectacles, même hors pandémie ?
Christophe Ghristi : Nous le faisons déjà, grâce à nos partenariats avec France Télévisions, France Musique et Radio Classique. N’oublions pas que La Traviata, Norma, Ariane et Barbe-Bleue entre autres ont été captés et diffusés dans le monde entier. Ces partenariats vont se poursuivre activement et j’y vois le signe de l’attractivité de notre programmation. A côté de cela, et quitte à paraître ringard, je dois dire que nous sommes un théâtre et non une société de production audiovisuelle. La pandémie a montré l’utilité des captations mais elle a aussi montré que nous avons profondément besoin de ces moments de partage que sont les spectacles vivants. L’échange d’énergie entre des artistes et un public est une alchimie irremplaçable.
Christophe Ghristi © Pierre Beteille
Dans les conditions actuelles, comment procédez-vous pour programmer les saisons à venir ? Les discussions avec les théâtres et les artistes/agents ne se sont-elles pas compliquées ?
ChG : Tout d’abord, je dois dire que tous les projets annulés depuis le début de la pandémie, et ils sont nombreux, sont tous reprogrammés. Ce sont tous des projets qui me tiennent à cœur, pour différentes raisons : l’œuvre elle-même, les décors et costumes construits par nos ateliers, les équipes artistiques réunies, les prises de rôle éventuelles, etc. Il a donc fallu reprogrammer tout cela dans les prochaines saisons sans les déséquilibrer. Nous y sommes parvenus et les changements au sein des distributions sont minimes. Malgré tout, je tiens à la cohérence des saisons et à leur diversité. Nous sommes tous soumis évidemment à des changements de planning importants et les agents jonglent avec les reports, annulations etc. Mais nous travaillons en bonne entente.
Du fait des dernières dispositions prises le 27 novembre par le Gouvernement, peut-on espérer voir s’ouvrir les portes du Capitole, en cette fin décembre 2020, pour le ballet venant en remplacement de La Bayadère initialement prévue, c’est-à-dire le magnifique spectacle intitulé Dans les pas de Noureev que vous nous aviez proposé pour ouvrir la saison chorégraphique 18/19 ?
A partir du 15 décembre, nous pourrons rouvrir nos portes et, dès le 19, le Ballet du Capitole sera en scène pour son merveilleux et virtuose hommage à Noureev. Eugène Onéguine sera bientôt en répétition et nous espérons pouvoir le jouer normalement en janvier. Les conditions sanitaires seront les mêmes qu’avant le confinement : une place libre entre chaque groupe, masque obligatoire, gel à disposition. Pour l’instant, les vestiaires et les bars doivent encore rester fermés. Tout ce protocole avait montré son efficacité et notre public était très satisfait. Nous devrons aussi modifier les horaires selon les couvre-feu. Mais nous jouerons et c’est l’essentiel.
Propos recueillis par Robert Pénavayre
ClassicToulouse
Billetterie en Ligne du Théâtre du Capitole