Violoncelle baroque, violoncelle moderne, il y a longtemps que Lea Birnbaum a choisi son instrument de prédilection. Cette ancienne élève du Conservatoire National Supérieur de Paris et de la Juilliard School joue depuis ses cinq ans. Après 3 années à NYC, la jeune musicienne se lance dans la grande aventure des concours d’orchestre et, par chance pour nous, atterrit dès son premier concours à Toulouse. Depuis 2015, Lea est membre de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse. Dynamique et rieuse, la jeune femme évoque avec humour sa vie de mère et de musicienne en semi-déconfinement.
C’était comment la vie avant le COVID ?
C’était bien ! C’était même super, avec du recul ! Des voyages, les amis à la maison, une multitude de projets …
Une journée avec vous ça ressemble à quoi ?
Ce deuxième confinement ne ressemble pas du tout au premier. Les crèches sont restées ouvertes, et mon orchestre fait tout son possible pour continuer à jouer. Les journées ressemblent donc a des journées de la vie normale, juste un peu allégées . Pour rentrer dans le détail, ma journée commence à 6h30 dans mon rôle de maman entre câlins et pleurs et dès 10h, ma répétition débute, le hautboïste donne le la, et c’est parti, je suis super contente, surtout après 6 mois sans orchestre ! Je profite de chaque instant, ne sachant pas si la répétition du lendemain aura lieu. Un cas covid positif au sein de l’orchestre pourrait mettre en péril toute une production. En ce moment, notre emploi du temps est ajusté pour éviter les rassemblements. Nous répétons uniquement le matin. La journée de travail se termine donc à 13h. Je rentre chez moi et dois bien sûr faire du violoncelle pour préparer les concerts suivants. Nous avons chaque semaine un répertoire différent, il faut préparer en amont.
Comment vivez-vous le confinement émotionnellement ?
Beaucoup mieux que le premier bien sûr ! Continuer de travailler nous sauve la vie. Et puis cette fois ci, les chocolateries sont restées ouvertes !!!
En tant que mère, comment expliqueriez-vous le COVID à un enfant ?
Mon mari anglophone a déniché la dernière chanson d’Henri Des, le virus !
Mes enfants sont encore assez jeunes, la plus grande a fêté ses deux ans pendant le premier confinement. On a mis des mots simples mais j’ai eu du mal à vraiment parler de maladie, de danger, je n’avais pas envie qu’elle voie des virus partout, qu’elle regarde les gens avec méfiance. Certaines de mes amies ont expliqué plus clairement à leurs enfants pourquoi ils ne devaient pas se toucher entre eux lorsque l’on se croisait dans les rues désertes. Moi je n’y arrivais pas trop. On a simplement dit qu’il y avait beaucoup de personnes qui étaient malades en ce moment, que ce n’était « pas grave » mais qu’en attendant , on devait rester à la maison … Ma fille demandait pourquoi le manège était fermé, je répondais qu’il était cassé et que dès qu’il serait réparé, on pourrait y retourner (et c’est ce que l’on a fait le 11 mai . Quatorze tours de manège place Wilson et une glace chez Sorbet d’Amour ! Des plaisirs simples qui nous ont redonné une impression de vie normale)
J’ai amené mes filles à un concert de l’orchestre entre les deux confinements, et en sortant, ma fille de 2 ans a dit d’un ton désespéré : « il faut se laver les mains ! On a touché les chaises, on a touché le concert … Il faut se laver les mains ! » . Je pense qu’une partie d’elle voulait surtout s’amuser avec la le distributeur de gel hydro-alcoolique, mais cela m’a un peu rendue triste quand même.
Et à un adulte ?
Aucune idée ! Pas sûre de tout comprendre moi –même … je lui dis de se servir de son intelligence, de sa connexion internet et de lire des études sérieuses.
Qu’est-ce qui vous manque le plus ?
Le public pendant nos concerts de l’ONCT, qui sont en ce moment diffusés en direct sur les réseaux sociaux. On est très heureux de pouvoir partager notre musique avec autant de gens partout dans le monde, mais la chaleur du public me manque, c’est très étrange de jouer pour une salle vide ! Surtout sans les applaudissements ! ( Je sais, ce n’est pas très modeste de ma part )
Et dans ma vie personnelle, la liberté de pouvoir rendre visite a mes parents, de pouvoir organiser des répétitions et des concerts avec mon quatuor de violoncelle, Serioso Celli ..
Aller au cinéma, recevoir les amis à goûter ou à dîner. Puis les spectacles pour enfants, les visites au musée avec les enfants, la piscine ..
Qu’est-ce qui ne vous manque pas ?
La bise ! Je rigole.
De quoi avez-vous peur aujourd’hui ?
Des attentats. Et des mois /années post-covid. Les retombées d’une grosse crise économique sur la vie de milliers de gens … L’avenir des musiciens, danseurs, et tous les autres artistes. Des gens qui vont se retrouver à la rue … Et des répercussions de l’effet des masques et du stress ambiant sur la santé mentale des enfants à long terme …
Faites nous écouter votre art du moment
2016, c’est un peu ancien en fait ! je n’ai pas d’enregistrement récent malheureusement Nous avons le projet d’un prochain CD mais , Covid oblige, tout a été mis en parenthèse.
Alors, il y a encore de l’espoir ?
J’espère ! Mais je ne suis pas très optimiste …
Un livre : Comment j’ai rencontré les poissons , d’Ota Pavel.
Un morceau de musique : Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, notre concert de reprise!
Un film : L’incompris, de Comencini
Une série : Sex and the city