Lorsque commence le dernier roman de Christian Jacq, nous sommes en 324 avant JC (-324). Un peu d’Histoire pour bien comprendre la finalité du dernier opus de ce romancier.
-526 voit la première conquête perse de l’Egypte, une conquête brutale, dévastatrice. -404, l’Egypte se libère de ce joug meurtrier. -345, les Perses reviennent avec la même volonté d’anéantissement de ce pays. -331, les Grecs libèrent l’Egypte du joug perse et s’installent à leur place avec pour seule ambition de régenter ce pays matériellement. -30, les Romains chassent les Grecs et sonnent le déclin définitif de la civilisation égyptienne, d’autant que depuis longtemps l’élite de ce pays s’est exilée dans les profondeurs de l’Afrique.
Ce petit précis d’Histoire pour bien situer la trame de ce roman historique placée au cœur de la seconde occupation perse. Si certains personnages relèvent de l’imagination féconde du romancier, tels le Vieux, savant œnologue, l’âne Vent du Nord, le chien Geb, figures emblématiques des livres de Christian Jacq, d’autres appartiennent à l’Histoire et en particulier les héros du présent opus, Pétosiris et sa femme Année-Heureuse. Pétosiris est alors grand prêtre d’Hermopolis, une ville importante mais placée sous l’autorité perse bien sûr. Le gouverneur, conscient du rôle de Pétosiris parmi la population, lui laisse pratiquer le culte de renaissance de la Lumière, rite primordial pour les Egyptiens. Mais ce qu’il ignore, c’est que ce grand prêtre ne s’avoue pas vaincu et lève en secret une véritable armée des ombres.
En fait il organise une authentique résistance à l’envahisseur. C’est tout le scénario dramatique de ce roman, plein d’action, de suspense et de rebondissements. Mais au travers de cette folle épopée autant héroïque que romanesque, Christian Jacq s’applique à nous livrer les secrets de cette civilisation en proie aux affres des derniers jours. Tout d’abord c’est ce combat sans merci contre l’Occupant pour recouvrer la liberté, une lutte qui réunit l’ensemble de la population même si celle-ci et comme toujours en ce genre de circonstances, comptera parmi elle des collabos. L’Histoire est un éternel recommencement… C’est ensuite et surtout l’occasion de souligner encore une fois l’importance primordiale de la religion. Lors de l’invasion des Grecs d’Alexandre le Grand, ce dernier se fit d’ailleurs couronner pharaon, reconnaissant de facto l’importance d’une telle dignité dans l’équilibre de la société égyptienne.
Un roman dans le style inimitable de cet auteur, se lisant d’une seule traite, découvrant en creux au fil des pages ces moments imperceptibles qui annoncent la fin d’une civilisation, fut-elle aussi prestigieuse et bimillénaire que celle de l’Egypte antique.
Egypte, l’ultime espoir • XO Editions