L’Orchestre national du Capitole de Toulouse poursuit sa saison à la Halle aux Grains, avec un concert dirigé par Kerem Hasan qui met au programme la « Symphonie héroïque » de Beethoven et le « Concerto d’Aranjuez » de Rodrigo, avec le guitariste Thibaut Garcia.
Malgré l’absence de public en raison du confinement, la saison de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse se poursuit à la Halle aux Grains, avec la retransmission en ligne de certains concerts qui se tiendront comme prévus. Ainsi, le concert dirigé par Kerem Hasan, avec le guitariste toulousain Thibaut Garcia, sera diffusé en direct de la Halle aux Grains, sur les pages Facebook de l’ONCT et de France 3 Occitanie. Le programme de ce concert du cycle «Happy Hour» est inchangé.
Le jeune guitariste Thibaut Garcia (photo) interprètera le fameux « Concerto d’Aranjuez », de Joaquín Rodrigo. Ce concerto pour guitare et orchestre a été composé en 1938, pour répondre à la commande du marquis de Bolarque, grand amateur de musique classique. Le « Concerto d’Aranjuez » tient son nom des jardins du palais royal de la ville d’Aranjuez, située au sud de Madrid. Atteint de cécité depuis l’âge de trois ans, Rodrigo en parlait comme d’un lieu «imprégné du parfum des magnolias, du chant des oiseaux et du jaillissement des fontaines». Impressions que l’on retrouve tout au long de cette œuvre de musique pure, sans programme aucun, qui offre une vision intérieure d’une Espagne éternelle et heureuse, au moment même où ce pays est plongée dans les heures sombres de la dictature de Franco.
Le premier des trois mouvements est animé d’un rythme vigoureux qu’aucun des deux thèmes qu’il contient ne vient interrompre. Il évoque les jours heureux passés à Aranjuez par Rodrigo et sa compagne Victoria Kamhi, lors de leur lune de miel. Le deuxième mouvement est noté «adagio», il prend la forme d’un véritable dialogue entre la guitare soliste et les instruments de l’orchestre. Ce mouvement célèbre est pétri de tristesse: il s’agit une supplication adressée à Dieu pour qu’il garde en vie la femme du compositeur qui venait d’accoucher d’une petite fille de sept mois mort-née. Le dernier mouvement, «allegro gentile», évoque une danse de cour, avec une combinaison de rythmes binaires et ternaires qui soutiennent un tempo vif jusqu’à la fin.
Jeune chef britannique, Kerem Hasan dirigera ensuite la « Symphonie héroïque » de Beethoven. Ludwig van Beethoven, dont la maturité musicale intervient précisément en 1800, est l’incarnation de la révolution musicale du tournant du XIXe siècle, lorsque le classicisme cède la place au romantisme. Héritier des grands compositeurs viennois que furent Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart et Christoph Willibald Gluck, il est à la fois le dernier prodige musical du classicisme, et celui qui ouvre la voie d’une musique nouvelle, nourrie de liberté. Créateur indépendant, son parcours atypique est influencé par les idées progressistes venues de la Révolution française et par l’épopée de Bonaparte.
Composée entre 1803 et 1804, la « Symphonie héroïque » devait à l’origine s’intituler « Bonaparte », en hommage à la figure du Premier Consul. Mais Beethoven achève la partition au moment du sacre de l’empereur Napoléon Ier. Furieux, le compositeur la débaptise: «Ainsi, ce n’est donc qu’un homme ordinaire, et rien de plus ! Désormais, il foulera au pied les droits de l’homme et ne vivra que pour sa propre vanité ; il se placera au-dessus de tout le monde pour devenir un tyran !». La symphonie est finalement dédiée à la mémoire «d’un grand homme», avant d’être par la suite dédiée au grand mécène du compositeur, le Prince de Lobkowitz. Jouée pour la première fois en 1805, à Vienne, et dotée de quatre mouvements, la Troisième symphonie marque une étape capitale dans l’œuvre de Beethoven en raison de sa puissance expressive et de sa longueur jusqu’alors inusitée.
Le premier mouvement est noté «Allegro con brio»: Dans ce mouvement, Beethoven rompt avec certains principes de composition, ce qui se traduit par la suppression de l’introduction, remplacée par deux accords en mi bémol majeur, l’utilisation massive des bois et des cuivres et leurs rôles importants, qui participent à l’énoncé des thèmes. En guise de deuxième mouvement, noté «Adagio assai», le compositeur développe une «Marche funèbre» douloureuse et altière à la fois: enterrement du «héros» imaginaire ou traduction de l’attitude stoïque de celui-ci face à la mort. Ce mouvement lent est de forme tripartite, deux sections extrêmes en ut mineur encadrant un épisode central en ut majeur. La noblesse des lignes et l’impression de grandeur qui habite cette page puisent dans les solennités de la Révolution française, dont Beethoven connaissait les compositeurs, mais dont il transcende le style avec une grande profondeur humaine.
Noté «allegro vivace», le Scherzo débute piano, comme une sorte de murmure hâtif des cordes évoquant une charge de cavalerie. Le trio central fait ensuite dialoguer les trois cors. Le Finale porte l’indication «Allegro molto». Le thème principal y est développé en douze variations: à partir de la neuvième, le tempo devient lent «poco andante», rompant avec la fougue du mouvement ; la douzième variation, «presto», rappelle la fulgurance de l’introduction du final et conclut brillamment la symphonie.
Concert retransmis sur les pages Facebook de l’ONCT et de France 3 Occitanie,
en direct de la Halle aux Grains, samedi 31 octobre, 18h00.