L’événement aura bien lieu à la Halle aux Grains ce mardi 13 octobre dans le cadre du Cycle Grands Interprètes. Et il sera double. En effet, avec les conditions sanitaires que nous subissons, il est impossible d’accueillir en une seule représentation, la foule de tous ceux qui veulent applaudir leur diva assoluta dans le programme retenu. Ce sera donc, deux horaires ce jour-là, 18h et 21h. Notre artiste ose tout !!!!
Cecilia Bartoli © Kristian Schuller Decca
Presque vingt ans se sont écoulés depuis le premier récital, 2001, doublé alors, de Cecilia Bartoli à la Halle. Sept suivront. Inutile donc de brosser ici un chapitre sur la romaine la plus étourdissante du moment dans l’art lyrique couvrant trois siècles. Artiste drainant tous les superlatifs les plus élogieux, dotée d’une voix exceptionnelle grâce à un travail remarquable conduit par sa chère mère, Cecilia Bartoli est devenue un exemple pour toute une génération de jeunes musiciens. Cependant, ce ne sont pas seulement sa technique vocale virtuose, sa profonde musicalité ainsi que sa présence scénique captivante qui font d’elle le prototype de la mezzo d’opéra moderne, mais aussi sa capacité à mêler l’art à la pensée conceptuelle, la créativité à la recherche scientifique et la passion à un le haendelprofessionnalisme indéfectible. On peut rajouter encore, une affabilité sans failles. Et, communicante hors pair, Cecilia est aussi une entrepreneuse de grande efficacité dans les milieux culturels liés à la musique.
Anges musiciens de Gaulli Giovan Battista, dit le Baciccia (1639-1709)
Programme
G. F. Haendel – Sinfonia : Ouverture (extrait de Rinaldo – Acte I)
N. Porpora – Lontan dal solo e caro… Lusingato dalla speme (extrait de Polifemo) /
G. F. Haendel – Entrée des songes funestes (extrait d’Ariodante)
G. F. Haendel – Lascia la spina cogli la rosa (air de Piacere extrait d’Il Trionfo del Tempo e del Disinganno)
J. A. Hasse – Sinfonia : Spiritoso e stacccato – Allegro – Grazioso (extrait de Marc’Antonio e Cleopatra)
G. F. Haendel – Sinfonia “Il Parnasso” (extrait de Giulio Cesare – Acte II)
G. F. Haendel – V’adoro pupille (Air de Cleopatra extrait de Giulio Cesare in Egitto)
G. P. Telemann – Concerto pour trompette en ré majeur : Allegro – Grave – Allegro
G. F. Haendel – Mi deride … Desterò dall’empia dite (extrait d’Amadigi di Gaula)
A. Vivaldi – Sol da te mio dolce amore (extrait d’Orlando furioso
G. F. Haendel – Suite di danze (extrait d’Ariodante)
G. F. Haendel – Augelletti, che cantate (air d’Almirena extrait de Rinaldo)
G. F. Haendel – What passion cannot Music raise and quell
(extrait de l’Ode for St Cecilia’s day)
L’ensemble Les Musiciens du Prince-Monaco a été crée au printemps 2016 à l’Opéra de Monte-Carlo, sur une idée de Cecilia Bartoli, en collaboration avec Jean-Louis Grinda, directeur de l’Opéra. Ce projet a reçu le soutien immédiat du Prince Albert II et de sa sœur Caroline, Princesse de Hanovre.
Les Musiciens du Prince Monaco © Alain Hanel
Depuis lors, Les Musiciens du Prince-Monaco sous la direction du chef Gianluca Capuano et Cecilia Bartoli parcourent les plus grandes salles d’Europe, salués par le public et une presse internationale unanime. Interprète et directrice artistique, Cecilia a réuni les meilleurs musiciens internationaux pour constituer un orchestre baroque renouant avec la tradition des musiques de cour des grandes dynasties princières, royales et impériales à travers l’Europe des XVIIe et XVIIIe siècles.
La vision artistique de Cecilia Bartoli se porte sur les plus grands compositeurs de la période baroque tels que Haendel et Vivaldi, mais aussi sur le répertoire rossinien du début XIXè. Ses recherches privilégient des partitions qui n’ont jamais été jouées ou ne l’ont été que très rarement. Elle souhaite ainsi éveiller la curiosité du public, en s’appuyant sur un orchestre, qui, par sa souplesse et sa richesse de couleurs, ouvre un univers sonore très différent de celui d’un orchestre moderne.
Le concert inaugural des Musiciens du Prince-Monaco s’est déroulé le 8 juillet 2016 dans la Cour d’honneur du Palais de Monaco, en présence de la famille princière. En novembre de la même année, Les Musiciens du Prince-Monaco et Cecilia Bartoli ont démarré leur première tournée à travers l’Europe avec le programme du concert inaugural.
Cecilia Bartoli © Uli Weber
La sinfonia dite d’ouverture
Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XVIIè que le genre de la symphonie se précisa et que le terme prit le sens qu’il a aujourd’hui. C’est alors que la sinfonia, simple morceau instrumental à exécuter en introduction d’une sonate ou d’une suite, se transforme en composition autonome, indépendante, généralement organisée en trois mouvements : allegro-adagio-allegro. Le choix terminologique va prendre une valeur déterminante : la sinfonia et le concerto, mais aussi la “Sinfonia ante l’opera“ (“la symphonie d’ouverture“) et la “Sinfonia da camera“ qui se différencie de la première par son indépendance vis-à-vis des exigences du mélodrame.
Ainsi, au XVIIIè siècle, vont circuler bon nombre de compositions (arie et sinfonie) tirées d’œuvres théâtrales à succès et destinées au divertissement privé.
Georg Friedrich Haendel
La soirée est dédiée à un ensemble de compositeurs dont les œuvres pouvaient être écrites alors, pour certains rôles, pour des castrats, à commencer pour leur empereur, le plus illustre, celui qui a le plus marqué l’imaginaire vocal, le soprano Carlo Broschi, dit Farinello ou Farinelli, du nom sûrement d’une famille protectrice de Naples, les Farina. Cecilia Bartoli lui a consacré un album entier et on retrouve dans le programme de cette soirée des airs ou arie qu’il a pu interpréter. Avec Haendel, Porpora, Hasse, Vivaldi, nous y sommes en plein. Farinelli naît en janvier 1705, à Andrea, près de Bari. Il meurt en juillet 1782 à Bologne. Il vécut 77 ans, ce qui est une longue vie pour l’époque. Tous ses contemporains se sont plus à le reconnaître alors comme l’un des plus grands chanteurs, l’homme ne s’attirant jamais aucune critique. Doué d’un ambitus dit moyen, tout de même trois octaves, se remarquaient surtout, son juste et rarissime équilibre entre le souffle, les passages d’un registre à l’autre, la maîtrise absolue de l’ornementation, la manière unique d’enfler peu à peu sa voix et de la ramener au pianissimo (messa di voce), ne se contentant pas de virtuosité pyrotechnique et s’attachant à trouver le juste équilibre aussi entre la technique vocale et l’émotion artistique et humaine. Sur quinze ans véritablement de carrière.
Pile, toutes les qualités que l’on remarque dans les interprétations souveraines de notre mezzo italienne et qui font toutes les émotions qui nous réjouissent tant. Il se produisit dans une centaine d’opéras, et pour chaque partition, il se voyait confier entre trois et huit airs et duos. C’est encore ce qui caractérise notre artiste, passionnée qu’elle est dans sa quête d’airs nouveaux et donc, d’ouvrages tombés dans l’oubli qu’elle remet sur le devant. Curieusement, Farinelli abandonne scène et concert à 32 ans. Ouf, ce n’est pas le cas de Cecilia qui n’a absolument pas décidé de nous priver de tous ces trésors, sur scène comme au disque.
Les compositeurs revenant souvent dans les spectacles donnés par Farinelli sont donc, Porpora qui fut son professeur, Adolf Hasse, Caldara, les deux Leonardo, Leo et Vinci, et Haendel le “Sasonne“, ce dernier moins amène à se laisser dicter quelques directives liés aux caprices des Carestini, Caffarelli et autres divos. Avec d’autres illustres castrats, Farinelli participe à ce flamboiement artistique qui devait marquer l’apothéose de l’ère baroque, véritable âge d’or de cette écriture lyrique follement exubérante. Cecilia Bartoli a su, dans ses programmes de concert, dans ses opéras sur scène et bien sûr dans tous ses enregistrements nous ouvrir à tous ces compositeurs et en même temps, à tous les exploits prodigués par ces artistes si follement admirés, et indispensables, qu’étaient les castrats.
Pour en savoir davantage sur ce monde absolument fascinant des castrats, voir les articles ci-après.
L’histoire des castrats, c’est beauté et cruauté : cliquez ici
La voix de l’ange : cliquez ici
Le Cercle des Grands Interprètes