La rentrée littéraire, c’est le moment idéal pour retrouver des auteurs qui nous accompagnent au fil des ans et nous embarquent dans leur univers. Parmi eux, Faïza Guène revient nous enchanter avec La discrétion publié chez Plon, un bouleversant portrait de femme.
On ne présente plus Faïza Guène auteure révélée en 1999 avec Kif Kif demain. A l’époque, c’était déjà une révélation. Aujourd’hui, l’écrivain continue de réjouir par son langage et son regard sensible porté sur les êtres. Et c’est sur Yamina que ce regard bienveillant se pose dans La discrétion. Yamina, femme discrète et solaire, mère de 4 enfants. Mais avant cela, Yamina c’est cette fillette née en Algérie, dans la province de Msirda. Une Algérie qui connaît la pauvreté, la peur, la colonisation. Yamina est sage, obéissante. Mais cela ne suffira pas pour avoir une vie heureuse. L’Algérie entre en révolte. L’indépendance, crie-t-on. Alors Yamina et sa famille doivent fuir, éviter la mort. Voilà de quoi sera marquée la jeunesse de Yamina. Puis Brahim arrive, plus âgé, vivant en France, la garantie de vivre hors du danger. Un mariage est organisé. Yamina a peur. « Oui, devenir une femme, c’est brusque », admet l’auteur.
De l’Algérie à Aubervilliers
Le choc de sa vie c’est ça : l’exil. Yamina pleure de quitter sa patrie, sa famille, son père qu’elle aime tant. Sans compter sur le regard des autres qui l’intimide. A cela un seul remède, la discrétion.
Au fil des ans, Yamina formera son clan avec ses enfants et son mari. Ses filles si différentes d’elle qui rêvent d’indépendance, d’égalité, et son fils adoré qu’elle couve comme un enfant fragile. On les observe vivre, s’agiter, s’aimer et s’engueuler. Une famille pleine de vie et de vérités qui dit tant sur les origines, sur la difficulté à se sentir intégré et accepté. Un miroir pour tant d’autres.
Faïza Guène nous saisit dès les premières pages avec une écriture nerveuse qui dit l’essentiel, le primordial. Pas de détour pour entrer dans le cœur de son personnage qui porte toutes les blessures et les bonheurs d’une vie simple mais honnête. On y retrouve la douleur d’un pays perdu et l’amour d’un autre qui parfois écorche et abîme. L’auteur sait jongler avec les émotions et nous fait passer des rires aux larmes. Des rires lorsqu’elle décrit, par exemple, l’ambiance machiste des westerns et des larmes lors de la scène finale lorsque Yamina entre dans une piscine et retrouve enfin son âme d’enfant.
Faïza Guène, La discrétion, Plon, 256 p.
Photo : Faïza Guène @ Camille Millerand
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