Compte rendu concert. 41 ième festival Piano aux Jacobins. Cloître des Jacobins, le 9 septembre 2020. C. DEBUSSY. M. RAVEL. F. LISZT. B. CHAMAYOU.
Bertrand CHAMAYOU ami fidèle de Piano aux Jacobins.
Catherine d’Argoubet est une femme opiniâtre et très courageuse qui avec sa vaillante équipe a maintenu le Festival Piano Aux Jacobins contre vents et marées virales et administratives. Sa passion pour la musique reste intacte et ses capacités d’organisation sont exemplaires. Et il en faut du courage en ces temps incertains pour prendre les risques nécessaires afin d’organiser un festival aussi complexe que Piano Aux Jacobins.
Nous y étions ce soir, le résultat est là : la magie du lieu a fonctionné parfaitement. C’est cela aussi : une étape importante d’un retour à la vie normale que bien du monde attendait à Toulouse. Je dis Toulouse mais pas seulement Toulouse car Piano aux Jacobins a une aura internationale. N’oublions pas que ce festival s’exporte en Chine.
Émotion forte donc que de pénétrer dans la vaste église des Jacobins, avec toujours un coup d’œil vers cet incroyable Palmier. Puis aller vers la partie des places qui vous sont destinées. Impeccable organisation, gentillesse des placeurs, public très respectueux des modalités de distanciation, tout est là pour que le plaisir musical soit intact sans risques inutiles. Pour ma part je m’installe dans le Cloître, juste après la pluie, face au piano et mon bonheur est extrême.
La veille, soir d’ouverture le grand Kovacevich n’avait pu venir de l’étranger. C’est là le seul hic pour ce festival international, tout comme la Roque d’Anthéron cet été : il a fallu compter sur les pianistes géographiquement proches, indépendamment de leur fidélité et renoncer au plus lointains. Il n’y a pas de soucis, la qualité des musiciens est là. Nicholas Angelich, ami fidèle a offert hier un concert splendide consacré à Beethoven. Nous n’en doutons pas un instant après avoir eu la chance d’écouter cet été ses incroyables interprétations de Beethoven à La Roque !
Ce soir c’était un grand ami du Festival, un grand fidèle, presque le fils prodigue du festival. En effet il a fait des débuts très remarqués à ce festival tout jeune, il y a déjà presque une vingtaine d’années. Bertrand Chamayou est chez lui et à Toulouse ne l’oublions pas. Il y avait donc tout un public acquis d’avance et il était réconfortant de voir la salle capitulaire et le porche du Cloître et même quelques personnes dans le Cloître, tous se concentrer vers le jeu du jeune Chamayou. Impassible il se lance dans son programme avec calme impressionant. Il ne fait qu’une bouchée de la Cathédrale engloutie, puis de la terrasse des audiences. Du beau piano, sonore et sans oublier une note. La maitrise du jeu ne permet pas d’expression superflue. C’est dans Feu d’Artifice, toujours de Debussy, que son jeu est le plus mis en valeur. Fusées, explosions, fulgurances, sureté absolue des doigts, son Feu d’Artifice est époustouflant. Dans Miroirs de Ravel le parti pris ne change pas, les sonorités non plus. Le jeu est lisse, sonore et parfaitement maitrisé. Certains n’entendent pas Debussy et Ravel en frères siamois comme Chamayou le propose ce soir.
Le programme remanié pour les raisons sanitaires ne permet pas d’entractes et nous passons à la deuxième partie consacrée à Liszt. Jeux d’eau de la Villa d’Este est perlé et jaillissant à souhait. La Berceuse est adorable. Mais c’est dans le trio Gondoliera, Canzone et Tarantella que l’énergie italienne fait trouver à Bertand Chamayou des accents plus chaleureux. La fabuleuse virtuosité impressionne toujours autant le public. Dans notre souvenir il était plus inventif lors de son intégrale des Années de Pèlerinage en 2011. Avec générosité, adulé par les Toulousains, Bertrand Chamayou offre une série de bis toujours avec une virtuosité très pure, de Ravel, Liszt et Saint-Saëns. C’est un grand plaisir d’entendre le piano ainsi enchanter la nuit toulousaine en ce cloître si beau. Longue vie à Piano Jacobins.