Rencontre avec Dominique Salomon, Vice-présidente de la Région Occitanie/Midi-Pyrénées en charge de la culture, du patrimoine et des langues régionales. L’élue revient sur l’impact de la crise sanitaire au plan culturel et sur les enjeux à venir.
CULTURE 31 : Pouvez-vous nous expliquer votre rôle au sein du Conseil Régional et votre perception de cette crise culturelle sans précédent ?
Dominique Salomon : L’exécutif de la Région, présidé par Carole DELGA est composé de Vice-Présidents en charge de divers secteurs. Le rôle de chaque Vice-président consiste naturellement à mettre en oeuvre les décisions de l’institution régionale et à faire des propositions qui sont débattues en commission, puis votées en commission permanente ou assemblée Plénière. Les Vice-présidents ont également la charge de représenter la Présidente dans diverses instances (pour ma part à vocation culturelle bien sûr) dans lesquelles la Région est amenée à siéger.
La période que nous traversons est exceptionnellement grave et pas seulement pour le monde culturel. Nous sommes entrés dans une période de turbulences dont nous ne pouvons prévoir l’issue. Nos modes de vie, de travail, de déplacement, nos loisirs ont été profondément bouleversés en quelques semaines. Et même s’il a été consommé beaucoup de culture pendant le confinement, démontrant, s’il en était besoin, que nous ne pouvons vivre sans culture, nous sommes tous très inquiets pour les filières de ce secteur.
Nous devons donc nous mobiliser pour les aider à passer ce cap et à sauver ce qui fait notre spécificité : notre exception culturelle. Pour notre Région, je soutiens les artistes qui nous appellent à consommer local, y compris du théâtre, de la musique, des expositions…
CULTURE 31 : Avec la fermeture de plusieurs structures et la mise au chômage partiel de nombreux acteurs culturels en Région, qu’en est-il des actions mises en place avant le confinement ?
D.S : La plupart des projets retenus dans le cadre de la nouvelle stratégie culturelle régionale ont été mis en oeuvre. Le défi était, à travers le soutien à cette dynamique nouvelle, de renforcer le sentiment d’appartenance de nos concitoyens à cette nouvelle Région OCCITANIE. Faire Région ensemble était notre objectif.
Les difficultés rencontrées par les structures culturelles contraintes à la fermeture et à la mise au chômage partiel de leurs équipes représentent un coup dur.
Dès le début du confinement, la Présidente Carole DELGA a décidé de mobiliser 70% du budget culturel (soit 30 millions d’€) en un mois et demi, au profit des acteurs de ce secteur, selon des procédures de paiement exceptionnelles.
Nous avons mobilisé nos ressources humaines, nos réseaux, nos moyens, nos procédures pour maintenir un lien de proximité le plus étroit possible avec l’ensemble des structures, mais également avec les organisations qui les représentent et les défendent.
CULTURE 31 : Au plan artistique justement, qu’en est-il du soutien apporté à la création contemporaine, aux arts visuels, à travers la volonté d’une culture de proximité ?
D.S : La situation des arts visuels est effectivement dramatique puisque ces artistes ne disposent d’aucun autre soutien que le produit de leur travail. Autrement dit, pour en vivre, ils doivent vendre leurs oeuvres, souvent d’ailleurs grâce aux galeristes eux-mêmes dans une situation difficile, à la croisée de l’économie et de l’artistique.
Pour soutenir ce secteur, la Région a mis en place plusieurs initiatives :
- L’opération Ouverture des ateliers des artistes pendant une journée chaque automne,
- La création du Prix OCCITANIE/ Villa MEDICIS qui permet à 2 artistes régionaux d’être accueillis en résidence à la Villa Medicis puis d’exposer le fruit de leur travail au Musée Régional d’Art Contemporain de Sérignan,
- L’aide aux 2 FRAC de la Région pour soutenir l’acquisition d’oeuvres d’artistes contemporains,
- Le soutien aux Centres d’Art Contemporain qui maillent la Région,
- Le soutien à certaines expositions d’envergure régionales comme nationales..
CULTURE 31 : Vous évoquiez en 2018 le souhait d’une meilleure articulation des politiques régionales culturelles avec celles de l’économie, du tourisme, de l’innovation, du numérique… Comment cela se traduit-il aujourd’hui ?
D.S : La gestion des difficultés dans la période traversée nous a permis d’accélérer encore ces rapprochements. Si les liens entre économie et culture sont plus évidents pour le livre, la musique ou l’audiovisuel, nous avons conscience que cette approche est plus complexe pour le spectacle vivant.
Nous avons aussi développé une réflexion sur la mobilité et la culture, en offrant par exemple la possibilité aux habitants de notre région de visiter des expositions dans toute l’Occitanie, moyennant seulement 2 euros. Par ailleurs, les nouveaux outils numériques sont évidemment des supports indispensables pour soutenir des initiatives innovantes.
CULTURE 31 : Le 30 juin 2020, Madame Carole DELGA faisait voter la création d’un budget participatif de 600 000 euros à destination des citoyens et des structures culturelles, afin de repenser notre modèle culturel en Occitanie. Pouvez-vous nous expliquer cette initiative « La culture en Occitanie, bien commun » ?
D.S : La volonté de la Présidente est d’associer davantage les citoyens à certaines décisions, en leur permettant de soutenir l’émergence de projets locaux, de territoire, plus concrets, entrant en résonance avec leurs attentes.
Concrètement, ce budget participatif permettra en 2021 de lancer un appel à projet et de retenir ceux parmi les plus novateurs. Notre objectif est de laisser une plus large place à des initiatives émanant des jeunes, de projets de culture urbaine par exemple.
A travers cette initiative, nous souhaitons que la Région Occitanie soit un laboratoire d’idées, portées par une énergie nouvelle !
Propos recueillis par Maïa de Martrin