Le FIFIGROT 9e du nom se tiendra du 14 au 20 septemb’ 2020, sans oublier le GroBefore le 13 septemb’ à l’American Cosmograph, avec deux avant-premières : Teddy de Ludovic et Zoran Boukherman (co-réalisateurs de Willy 1er, Amphore d’Or et Amphore du Peuple lors du Fifigrot 2016) et Lux Æterna de Gaspar Noé.
Je laisse à parole à son programmateur, notre Maxime Lachaud national, qui a encore une fois bien bossé avec toute l’équipe de la programmation cinéma. Banzaï !
En quoi le satané Coronavirus a-t-il modifié votre façon de travailler ?
Forcément, cela nous a impactés, et jusqu’à la fin du mois de mai, nous n’étions pas certains que l’édition pourrait se tenir. Pour nous, un festival est vraiment un moment de rencontres et de rassemblement, nous ne souhaitions pas faire une édition virtuelle. Quand les choses se sont précipitées début juin et que la réalité d’une édition physique s’est confirmée, nous sommes comme repartis à zéro. Nous ne pouvions faire abstraction de ce qui s’était passé les dernières semaines et derniers mois. C’est à ce moment-là que nous avons décidé de rassembler une programmation autour de la thématique : « Monde(s) d’après ? ». On nous a bassinés tout au long du confinement avec la pensée que les choses ne seront plus jamais pareilles après cette parenthèse. Mais les choses ont-elles vraiment changé ? Vit-on dans un monde d’après ? Les récits d’anticipation d’antan sont-ils devenus la réalité d’aujourd’hui ? Nous avons toujours été attirés forcément par la question des utopies au sein de la Présipauté de Groland, donc tout cela faisait sens.
Peux-tu nous présenter les grandes lignes filmiques du festival ?
En dehors de la compétition courts et longs-métrages, où nous pourrons présenter en avant-première autant les films d’habitués – comme Roy Andersson avec Pour l’Éternité, Adilkhan Yerzhanov avec A Dark, Dark Man, Quentin Dupieux avec Mandibules -, que le tout premier film de Laurent Lafitte L’Origine du monde ; et d’autres nouveaux venus dans le petit monde du festival, le reste de la programmation tournera en grande partie autour de la thématique « Monde(s) d’après ? » déclinées de tas de façons différentes, avec aussi un grand nombre d’avant-premières qui permettent de développer une réflexion sur le sujet, notamment nos films d’ouverture : Un pays qui se tient sage de David Dufresne et de clôture Last Words de Jonathan Nossiter.
Nous avons souhaité avoir des invités avec qui nous avons pu travailler une programmation adéquate, que ce soit l’écrivain de science-fiction bien déjanté Jacques Barbéri, ou le cinéaste Jan Kounen, dont on connaît la passion pour les mondes parallèles.
On se situera ainsi entre films cultes et nouveautés/inédits, en créant des ponts entre monde d’avant, monde d’aujourd’hui et monde de demain. On ne pouvait pas faire l’abstraction non plus des dérives sectaires, d’où la section « Gare au gourou », avec notamment une sélection d’archives télévisuelles effectuées avec l’INA qui devrait vous faire mourir de rire, ou de peur, et un programme herzogien avec le Goethe Institut qui promet de vous faire réagir.
Les conditions actuelles ont été aussi un bon prétexte pour travailler avec des associations du coin qui font des choses originales et bien décalées comme ANIMA à Nîmes. Une grosse soirée est prévue au Cratère avec projections, lectures, rencontres littéraires et ciné-concerts.
Les projections pourront d’ailleurs se faire en plein air, comme au Port Viguerie où sera installé le GroVillage du Festival à partir du mercredi 16 septembre et jusqu’au samedi.
Et bien sûr, nous maintenons les sections que notre public apprécie en particulier :
– « Gro’zical » avec quatre films en avant-première, My Lover The Killer de Marc Hurtado, Felix in Wonderland de Marie Losier, This Film Should Not Exist de Nicolas Drolc et Texas Trip, A Carnival of Ghosts que j’ai co-réalisé avec Steve Balestreri.
– « Midnight Movies » avec là aussi de la grosse exclu, notamment The Return of Tragedy, le dernier film de Bertrand Mandico, un autre habitué, qui reviendra tout juste de sa première à Venise
– et aussi « Made in Ici », les reprises et aussi la section plus coquine, voire vicelarde, avec des films très rares en 35 mm qui seront présentés par un collectionneur de l’ombre, mais véritable showman, Emmanuel Rossi.
Les nouveautés du festival et ce qui a dû être arrêté cette année ?
Ce qui est nouveau c’est que ce sera une version allégée du festival, en raison des conditions actuelles. Moins de concerts, moins d’expos car cela demandait une grosse logistique en amont et que les temps sont encore incertains. Moins de séances « Hors les Murs » et de projections dans les bars. Moins d’invités aussi, car les finances sont affectées aussi. Et aussi l’absence de l’ENSAV. Pour le reste, tout est maintenu. Nous continuons à travailler sur la prochaine édition avec l’American Cosmograph, l’ABC, le Cratère, le Gaumont Wilson, la Cinémathèque de Toulouse, L’Utopia Borderouge, le Rex de Blagnac, le Goethe Institut, l’INA, le Théâtre Garonne, les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse, la Cave Poésie, la librairie Floury, le Made In et tous les partenaires habituels. Mais ce n’est pas parce que l’édition sera un peu réduite qu’elle sera moins excitante, bien au contraire. Nous nous sommes justement décarcassés pour proposer de l’insolite et des événements qu’aucun autre festival ne proposerait donc réservez les dates !
Comment passe-t-on du dictateur Jean Dujardin à la grande Prêtresse Blanche Gardin ?
L’année dernière, nous avions fait le choix de proposer cette parodie de jury, avec Jean Dujardin en dictateur. Il a parfaitement joué son rôle, et la programmation avait été pensée en conséquence.
Nous nous devions de créer le même univers autour de notre Présidente et unique membre du jury 2020, Blanche Gardin. En accord avec les propositions de mondes d’après et les philosophies sectaires, l’équipe a pensé costumes, discours et événements afin que Blanche puisse vivre le délire égocentrique de façon totale et ludique. Je pense que ça va être très drôle. Tout acte de dévotion sera le bienvenu.
Les autres invités ?
Nous serons très contents de recevoir à nouveau la cinéaste et plasticienne Marie Losier pour son dernier film Felix in Wonderland autour du musicien allemand Felix Kubin, et cela sera suivi d’une soirée au DADA où Marie Losier a proposé de s’improviser DJ. On avait déjà fait des événements comme ça, avec Yann Gonzalez ou Zombie Zombie, et ce sont des moments de proximité assez fantastiques pour que le public puisse rencontrer les artistes dans un autre cadre. Jackie Berroyer nous a aussi confirmé qu’il viendrait nous présenter un programme de courts inédits. Nous aurons aussi Antoine de Maximy, Christian Philibert, François Begaudeau : une quinzaine de personnes savamment choisies.
Ce dont tu es le plus fier pour cette édition ?
Fier c’est un grand mot, mais je suis enthousiaste à l’idée que cette édition puisse se tenir. Mon objectif est d’essayer de voir au moins un film, ce qui n’est pas toujours évident quant on organise un festival. J’adore les films en 35 mm, et cette année il y en a encore pas mal. Je les ferai passer en priorité dans mes choix, car c’est toujours magique pour moi. Même si en termes logistique, ce n’est pas simple, ça fait partie des choses qui m’excitent bien.
Quoi de mieux que de finir un entretien sur les excitations de Maxounet, merci à lui !
A noter que dans les reprises pour cette édition 2020, l’AMPHORE DU PEUPLE 2019, un film belge Music Hole de David Mutzenmacher et Gaëtan Liekens avec Wim Willaert et plein de chouettes acteurs. La Belgique, c’est vraiment le Groland en vrai. Vous vous rappelez Léguman de Télé-chat qui vivait dans le frigo ? Venez (re)découvrir la femme du frigo !
Et l‘AMPHORE D’OR 2019 décernée par le dictateur du jury Jean Dujardin en très très grande forme, et à l’unanimité avec lui-même, à Selfie (France, 2019, 1h47) de Tristan Aurouet, Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Cyril Gelblat, Vianney Lebasque, avec Sébastien Chassagne, dont vous pouvez admirer le bidou sur scène. Écriture et jeux parfaits = rires de tout (enfant leucémique, radicalisation, etc). Une comédie française réussie (si si, ça existe, la preuve).
Toute la programmation est consultable et feuilletable sur le lien en dessous, et sur le site fifigrot.com . Banzaï !