Enfin ! Les projections à la Cinémathèque de Toulouse reprennent le vendredi 17 juillet, avec une programmation enthousiasmante pour la 16e édition du Festival Cinéma en Plein air. À cette occasion, la rédaction a rencontré Franck Loiret, le directeur délégué de la Cinémathèque de Toulouse.
Comment se déroulera la 16e édition du Festival Cinéma en Plein air cette année ?
Elle est décalée par rapport aux années précédentes, pour des raisons de sécurité et d’autorisation de rassemblement en plein air. Le Plein air commencera une semaine plus tard, mais finira également une semaine plus tard le 29 août. On a dû mettre en place des mesures exceptionnelles, comme tous les lieux publics. Les 500 fauteuils seront toujours installés dans la cour. Nous avons décidé de ne pas faire de marquage au niveau des sièges. Dans le programme papier, au micro chaque soir, et aussi avec des personnes qui placeront les spectateurs, les consignes seront rappelées, à savoir la règle de laisser une place vacante, à gauche et à droite, du spectateur ou d’un groupe. Si vous venez à plusieurs, vous ne serez pas séparés. Nous faisons aussi confiance aux spectateurs : les gens font attention, ils savent se prendre en main et être responsables. L’emplacement est libre, dans le respect de cette règle.
Comme chaque année, le film présenté au Plein air est repris le lendemain en salle 1, la salle Raymond Borde, et le jour-même, s’il pleut, le film prévu dans la cour est projeté en salle 1, où la même règle sera appliquée : laisser une place vacante à gauche et à droite. Si un spectateur qui a acheté sa place pour le plein air ne peut pas rentrer en salle, la jauge étant inférieure, il recevra une invitation comme c’était le cas les années précédentes.
Pour aussi éviter les manipulations, on invite les spectateurs à apporter leur plaid, et même leur coussin car certains se plaignent du confort des sièges de la mairie. Nous préférons être présents pour renseigner les gens, les accompagner dans leur choix de fauteuils, et peut-être même en rassurer certains que de distribuer les plaids.
Je sais que les employés de la Cinémathèque suggèrent des choix de films pour la programmation du Cinéma en Plein air. Est-ce encore le cas cette année ?
Effectivement, et uniquement pour le Plein air, on aime bien avoir des retours de l’équipe, connaître leurs envies. Il y a toute une génération dans l’équipe qui est plus jeune, qui n’a pas forcément les mêmes réflexes, notamment pour le Plein air, et c’est très intéressant. Par exemple, depuis deux ans, on renforce la programmation avec des films plus récents, et cela marche bien. Cette année, nous proposons Guy de Alex Lutz, En liberté ! de Pierre Salvadori et Very Bad Trip de Todd Phillips. À l’inverse, nous nous sommes rendus compte que des films des années 30 ne trouvent pas leur public dans ce cadre-là. On commence plutôt à partir des années 40, comme cette année avec La Dame de Shangaï d’Orson Wells (1948), Le Narcisse noir de Michael Powell et Emeric Pressburger (1947) et Jour de fête de Jacques Tati (1949).
On a vraiment joué le jeu pour le Plein air de proposer une programmation tout public, très large. On fait bien la différence entre la programmation dans l’année, – avec des thématiques parfois pointues -, et celle de l’été qui est un moment vraiment à part. On est très fiers de cette programmation estivale. Ce n’est pas tout à fait, je pense, la même démarche pour les spectateurs de venir à la Cinémathèque pour le Plein air que le reste de l’année. Nous avons beaucoup de touristes, et même certains spectateurs viennent pour le cadre du plein air, quel que soir le film projeté.
Nous n’aurons pas cette année notre séance Archives Spéciales, programmation issue de nos riches collections, à cause de la fermeture depuis mars. Et il y a aussi tous les partenariats qui n’ont pas pu être reconduits cette année, comme celui avec le Festival Toulouse d’Été, même si nous avons gardé le film Un Américain à Paris de Vincente Minnelli, initialement prévu avec eux, que nous présenterons seuls. Le partenariat avec la Cité de l’Espace et le CNES a pu se maintenir avec la séance de Wall-E de Andrew Stanton, dans le cadre du rendez-vous « l’Odyssée de l’Espace ». Et c’est Wall-E qui a été choisi pour l’affiche : le petit Wall-E qui sort et qui regarde dans le ciel ce qui se passe, c’est vraiment ce qu’il nous faut pour ce « monde d’après », quatre mois jour pour jour après la début du confinement.
Sans avoir proposé mes envies directement, mes choix seraient Le Narcisse noir qui est d’une beauté extraordinaire, Mariage à l’italienne de Vittorio De Sica avec ce magnifique duo que forment Sophia Loren et Marcello Mastroianni, Le Mépris de Jean-Luc Godard qui est un film incroyable, avec Michel Piccoli, un acteur tellement à part. Sans être un hommage, c’est le plaisir de le voir et de voir des films sur un grand écran. Après des mois de boulimie de VOD à s’en rendre malade, le grand écran est de retour. Je trouve que la cour de la Cinémathèque offre ce grand écran, et le plaisir de la projection est différent de celui de la salle. Personnellement, c’est une expérience de cinéma que j’aime beaucoup, où la réaction physique du public est plus marquée, on entend aussi différemment. Et puis il peut se passer des choses totalement incongrues. Je me souviens de la projection des Oiseaux d’Alfred Hitchcock où un pauvre petit pigeon a traversé devant l’écran au moment de l’attaque. L’année dernière pour Un singe en hiver d’Henri Verneuil, durant la scène du feu d’artifices, on avait au dessus du bâtiment un vrai feu d’artifices de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations entre le Sénégal et l’Algérie. C’est quand même génial ! Je suis vraiment très heureux que la Cinémathèque rouvre ses portes avec le Plein air.
Pouvez-vous déjà nous parler de la nouvelle saison 2020-2021, avec les reports des cycles qui ont dû être annulés durant la fermeture depuis mars ?
En septembre, nous inaugurerons la saison pour la quatrième année avec « Les films qu’il faut avoir vus ». Pour le mois d’octobre, on se réjouit de retrouver le Festival Cinespaña qui a pu se maintenir ; et nous accueillerons aussi Maria Augusta Ramos, – qui sera présente en France pour plusieurs festivals -, elle devait initialement venir en mars lors du Festival Cinélatino. Le cycle John Cassavetes qui était très attendu en avril et mai sera proposé en fin d’année, sûrement en décembre, avec la sortie de deux livres, un sur lui, un sur Gena Rowlands aux éditions Capricci. L’autre cycle très attendu et très remarqué par la presse était consacré aux sorcières, et sera programmé en mars 2021 avec l’exposition initialement prévue. Nous ne voulions pas non plus surcharger la saison 2020-2021 où des rendez-vous avaient déjà été placés, la programmation est aussi une question d’équilibre : le cycle Dino Risi et « 1+1 » ne seront pas repris pour la saison 2020-2021, mais trouveront leur place plus tard.
La Cinémathèque de Toulouse
69 rue du Taur – Toulouse
Tél. : 05 62 30 30 10
Toutes les séances proposées au Plein air auront lieu le lendemain en salle, sauf la séance de clôture le 29 aout avec Cinéma Pasadiso de Giuseppe Tornatore.
Voir la programmation complète du Festival Cinéma en Plein air.
Achetez vos places sur notre site internet dès aujourd’hui (salle 3 = plein air) ou à la billetterie (accueil de La Cinémathèque) à partir du mercredi 15 juillet 14h.
Et pour vous restaurer sur place, les p’tits plats d’Eva sont de nouveau présents du mercredi au dimanche, de 19h jusqu’au début du film dans la cour de la Cinémathèque.
En attendant les projections en soirée, venez visiter l’exposition «Comédies musicales : pour enchanter le monde».
Entrée libre du mardi au vendredi de 14h à 17h et le samedi de 14h à18h.