Catherine Mavrikakis publie L’annexe aux éditions Sabine Wespieser. Un huis-clos inquiétant et littéraire.
Anna est une espionne. Entre deux missions, deux complots, elle aime faire escale à Amsterdam. Pour se promener ? Se ressourcer ? Pas du tout. Pour se rendre à l’Annexe, là où Anne Franck a dû se cacher pendant la guerre. Ce lieu lui parle et l’intrigue. Elle y reste souvent de nombreuses heures au grand dam des autres touristes qui la fusillent du regard. Anna s’en fiche. Elle veut comprendre, capter, humer les souvenirs de son alter égo : la mystérieuse Anne Franck.
Lorsqu’Anna – l’espionne – sort du bâtiment, elle sent une présence derrière elle. Un homme la suit. Elle a été repérée. Traquée, elle doit s’échapper au plus vite. Exfiltrée par son agence, elle est escortée par deux femmes, yeux bandés, dans un lieu pas tout à fait quelconque.
Un huis-clos littéraire
Anna ne sait pas où elle est. Montréal, peut-être ? Elle a entendu son escorte parler d’un lieu qui lui semble familier. Mais la famille, le passé, Anna ne veut pas s’en rappeler. Elle est une espionne professionnelle qui a commis toutes sortes d’actes qui excluent l’intime, le personnel.
Soudain, un étrange personnage déboule. Celestino, le gardien cubain de ce lieu très surprenant. Il parle, parle, ne s’arrête plus. Emet toutes sortes d’hypothèses concernant Anna qu’il rebaptise d’emblée Albertine. Une allusion à Proust. Car Celestino est un passionné de littérature. Un point commun avec Anna qui, dans son lointain passé, vouait un culte aux livres. D’abord la méfiance s’installe. Puis, Celestino revient souvent, un jeu littéraire se met en place entre eux. On y évoque ses lectures, ses obsessions, ses jeux. Les livres occupent une place majeure, presque un personnage.
Catherine Mavrikakis mène ce duo avec talent. Qui contrôle qui ? Qui possède les règles du jeu ? Là réside tout un suspens en toile de fond qui donne beaucoup d’énergie et de relief. On retrouve tous les codes du huis-clos et du roman d’espionnage mêlés à un regard profond, espiègle, joueur souvent. Un petit délice de lecture.
Catherine Mavrikakis, L’annexe, Sabine Wespieser, 240 p.
Catherine Mavrikakis © Sandra Lachance
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