Non, il n’y a pas erreur. C’est bien avec cet opéra de Mozart, Ainsi font-elles toutes, ou l’Ecole des amants que notre cher Théâtre du Capitole ouvrira la saison prochaine en remplacement de l’opéra de Georges Bizet, Les Pêcheurs de perles.
La pandémie qui a plongé la planète Terre littéralement dans un état de sidération, a des répercussions inouïes, et conduit donc le Théâtre à surseoir à la présentation de la nouvelle production prévue. Tous les Ateliers de fabrication qui étaient en effervescence se sont retrouvés arrêtés et donc, tout a été retardé rendant impossible les représentations aux dates prévues. Mais, Christophe Ghristi a promis que nous aurions ce spectacle au cours d’une saison prochaine et tous, nous croisons les doigts bien sûr.
Speranza Scappucci
La saison d’opéra débute ainsi avec cet opera buffa en deux actes, troisième volet de la trilogie Mozart /Da Ponte. Ce sera sous la direction d’une cheffe Speranza Scappucci, dont la baguette « servira de fléau à cette pesée sans fin des passions », une cheffe empêchée elle-même de rejoindre l’Opéra de San Francisco pour diriger justement… ce même opéra !! “Le malheur des uns fait le ……“. Bien sûr, dans la fosse, les musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse et sur scène, les Chœurs du Capitole sous la direction d’Alfonso Caiani.
Le Théâtre du Capitole présente une production imaginée par Ivan Alexandre pour le théâtre baroque de Drottningholm, ce véritable petit bijou, les décors et costumes étant mis entre les mains expertes d’Antoine Fontaine, et les lumières aux bons soins de Tobias Hagström Ståhl. Et c’est aussi en coproduction avec le Château de Versailles Spectacles. Autant dire que le spectacle n’est pas pour le Stade de France.
Anne-Catherine Gillet © Laetitia Bica
Question distribution, on compte six personnages, sans aucun rôle secondaire. Notre Directeur artistique a plus d’un tour dans sa besace car il trouve le moyen de caser les quatre chanteurs dans les rôles principaux des Pêcheurs dans le Cosi. Et qui plus est, une prise de rôle sera assurée par Anne-Catherine Gillet qui fait ainsi son retour au Capitole dans Fiordiligi. On n’énumèrera pas tous ses rôles interprétés sur notre scène avec grande réussite. Sa Sophie dans le Chevalier à la rose et son Aricie dans Hippolyte et Aricie sont de grands souvenirs. Sa comparse sera Julie Bourianne dans Dorabella et les deux “malins albanais“, Mathias Vidal et Alexandre Duhamel respectivement dans Ferrando et Guglielmo. Les deux tirant les ficelles sont Sandrine Buendia dans Despina et Jean-Fernand Setti dans Don Alfonso, pour leur première apparition sur notre scène.
La partie carrée Watteau
Quelques mots sur le compositeur du temps de Cosi : 1789, sa femme Constance vient de mettre au monde un enfant mort-né . Wolfgang a 33 ans. Il disparaîtra deux ans plus tard. Il n’a plus de commandes et s’enfonce dans un abîme de silence et un gouffre financier. La période est bien sombre mais c’est alors que notre “divin “ Mozart récupère, coup de chance, un livret de l’abbé Lorenzo da Ponte, que Salieri vient de refuser. Un peu d’air frais financier grâce à Joseph II, et comme dans tous les moments graves, Wolfgang va savoir réagir avec l’élégance des désespérés, et faire naître alors pour l’éternité le plus exquis et simple de ses opéras, le dramma giocoso le plus parfait en termes d’équilibre, parodie et ironie se mêlant subtilement à une musique qui va droit au cœur. Quand on sait qu’il mourra deux ans plus tard………
Pourtant l’argument concocté s’appuie sur un sujet bien frivole : deux couples de fiancé(e)s s’essaient à l’échangisme. Les gandins se risquent à un pari stupide, chacun d’eux déguisé devant séduire la promise de l’autre. Dans cette machination périlleuse et perverse menée à bien par deux apprentis sorciers, Don Alfonso, le cynique philosophe des cœurs humains et l’espiègle Despina, type même de la soubrette passée maître dans l’art du travestissement, les oiselles – sœurs – vont se débattre dans la cage de leurs serments. Aux vertiges du jeu, la séduction est permanente, le désir, la tentation du fruit défendu affleurent à chaque scène. Tout est théâtre, illusion pure, jeux d’artifices, fausses moustaches et reniements. Tout est constamment en porte-à-faux, à double sens, pendant qu’au verbiage se superpose la musique la plus tendre, la plus lumineuse.
En résumé, le metteur en scène de cette histoire irréaliste, artificielle et extravagante se doit de s’attacher à mettre en valeur l’extraordinaire intemporalité d’une “tragédie“ bouffonne et immorale, véritable mascarade viscérale et amère dans laquelle l’ambiguïté de l’érotisme apparaît bien invincible.
Les amants Magritte 1928
Profitons de cette mise au point qui complète mon article sur la présentation de la nouvelle saison, pour ajouter une info très importante que nous attendions avec grande impatience : les spectateurs qui s’abonneront dans les 3 formules les plus importantes auront la possibilité de changer deux dates par “abo“ contracté, pour une modeste contribution. Ce fut une longue lutte !!!
Dans La Force, Nicolas Courjal ne pourra assurer le rôle de Padre Guardiano et nous retrouverons alors une figure bien connue au Capitole avec Roberto Scanduzzi. N’oublions pas qu’autour de chaque “gros titre“ de spectacle, se greffent des Conférences, Ateliers et autres manifestations. La saison est aussi riche de deux événements, l’un autour de Gabriel Fauré, et l’autre de Déodat de Sévérac. Et n’oubliez pas la brochure, elle vous dit tout.
Billetterie en ligne du Théâtre du Capitole
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