La disparition d’un grand du théâtre lyrique
Avec le décès de Nicolas Joel en ce 18 juin 2020, à l’âge de 67 ans, c’est l’architecte de tout un pan glorieux de l’histoire du Capitole de Toulouse qui nous quitte.
Metteur en scène d’un beau classicisme, directeur de théâtre infaillible, il fut aussi, et peut-être surtout, un fou de voix. Décelant en un éclair les qualités d’un organe, il savait aussi, suprême intuition, ce que cette voix allait devenir. Quand il entendait un Roberto Alagna de 26 ans dans Nemorino au Capitole en 1989, il le faisait alors signer pour un premier Werther en 1996. Ceci n’est qu’un exemple, mais son travail de directeur de théâtre lyrique en est constellé. Ce fut la même chose avec Juan Diego Florez, Marcello Alvarez, John Osborn, Léontina Vaduva, Andrew Schroeder. Et bien d’autres. Lui à la mise en scène, il sut former un quatuor prestigieux avec la costumière Franca Squarciapino, le décorateur Ezio Frigerio et le luminariste Vinicio Cheli pour des productions qui resteront dans les annales du Capitole. Du vaisseau amiral et tricentenaire de la culture toulousaine il fit un ambassadeur international avec de prestigieuses coproductions : Scala de Milan, Metropolitan Opera de New York, Covent Garden de Londres, etc.
Sous sa tutelle, de 1990 à 2009, Toulouse a vécu un nouvel âge d’or lyrique. Frappé d’un AVC terriblement invalidant, il relève malgré tout le gant de sa nomination, à ce moment-là, comme directeur de l’Opéra de Paris. Il y restera jusqu’en 2014.
Homme au caractère bien trempé, d’une culture impressionnante, parfaitement polyglotte, il laisse aux mélomanes toulousains le souvenir d’un prince de la Renaissance et, surtout, le trésor de ses productions, soigneusement conservées dans les ateliers du Capitole.