Messieurs les candidats, parlez-nous de Culture.
Entre Santé, Sécurité, Economie, Education, il est impératif de faire une place à la Culture au sein du débat électoral. Chacun sait que, depuis toujours, elle est le véritable ciment des peuples. Sous ses formes les plus diverses, elle rassemble depuis des millénaires les populations de tous horizons. C’est un marqueur qui trace le profil des civilisations. Ce sujet était trop important pour que nous n’hésitions pas à questionner les deux candidats aux prochaines municipales toulousaines : Antoine Maurice et Jean-Luc Moudenc.
Voici leurs réflexions.
Quelle est la traduction aujourd’hui du mot « Culture » pour le Maire de Toulouse, Président de Toulouse Métropole et candidat à sa réélection ?
Ce terme a une dimension très large, à la fois artistique, patrimoniale, et celle des savoirs. Dans cette sphère très large, il faut avoir conscience que Ville et Métropole assurent près de 90% du financement de la Culture, et ont la responsabilité de sa diffusion auprès de tous ses habitants.
Dans le cadre de votre dernière mandature, qu’estimez-vous avoir apporté en termes culturels à vos concitoyens ?
Parmi les très nombreux projets menés, je retiendrai d’abord la Piste des Géants, avec L’Envol des Pionniers. Je souhaitais, depuis 2004, comme toute la communauté aéronautique, que Toulouse ait à Montaudran ce lieu de mémoire faisant vivre l’esprit et le courage de ces pionniers qui ont créé l’aviation civile. C’est chose faite, et c’est une réussite !
La Compagnie la Machine, qui a ouvert ses portes en même temps que l’Envol des Pionniers, nous a enchantés avec le spectacle féérique du Gardien du Temple avec le Minotaure et l’Araignée. Ce fut avec 900 000 spectateurs, un succès considérable, avec un retentissement international. C’est devenu un marqueur culturel toulousain, et nous comptons rééditer régulièrement un tel opéra urbain.
Pour la première fois, nous avons également élaboré une politique culturelle, matérialisée sous la forme d’un document « Toulouse, Savoirs et Imaginaires ». Son originalité est d’avoir été élaboré consensuellement avec tous les Elus Culture des communes de la Métropole.
Quels sont les chantiers en cours et ceux qui n’ont pas aboutis, voire qui n’aboutiront pas, autant pour des raisons conjoncturelles que financières ?
Plusieurs chantiers sont en cours, car engagés durant ce mandat, suite à études préalables, puis lancement de marchés, puis travaux qui seront terminés dans quelques mois. Il s’agit de la restauration du Castelet de la Prison St Michel, des mises en conformité des Musées Paul Dupuy et Augustins, de l’Atelier Maison Giscard, du simulateur de vol spatial à la Cité de l’Espace, de la restauration de la Chapelle de La Grave. Certains chantiers s’engagent comme le Théâtre Garonne ou s’étudient comme La Digue.
Il est commun d’entendre dire quant aux trois piliers de l’Histoire récente de Toulouse qu’il s’agit de l’aviation, du rugby et de l’art lyrique…. Quels projets culturels comptez-vous proposer aux Toulousains ainsi qu’aux habitants de la Métropole que vous présidez ?
C’est exact, mais cette image est par trop réductrice. Par exemple, Toulouse est devenue, hors Paris dans ce mandat, la Ville leader en matière de Culture scientifique, avec les ouvertures du Quai des Savoirs, d’Aéroscopia et de L’Envol des Pionniers, s’ajoutant au Muséum et à la Cité de l’Espace. Ils représentent déjà plus d’1 Millions de visiteurs par an.
Enfin, Toulouse représente un gros potentiel en matière de musiques actuelles, nos artistes Big Flo et Oli en sont la représentation visible, mais le Métronum, Rio Loco et d’autres festivals en apporteront la preuve.
Enfin, des projets structurants comme l’auditorium de la Prison St Michel, la Cité des Arts de La Grave ou la Cité de la danse à Reynerie ont vocation à développer la Culture au plus près des quartiers.
Le tissu musical « classique » toulousain est largement irrigué par des associations de tailles variables dont l’existence même dépend des subsides métropolitains ou municipaux. Il n’est rien de dire qu’entre saison 19/20 divisée par deux, indemnisation des artistes et perspective de jouer devant des tiers de salles à la rentrée, leur avenir est plutôt sombre, sans oublier des mécènes qui vont se faire de plus en plus discrets. Quels encouragements pouvez-vous leur donner ?
C’est le cas du tissu culturel, et pas seulement musical. Compte tenu de cette crise qui a touché tous les acteurs culturels (publics, musées, Orchestre et Théâtre du Capitole), j’ai tout de suite pris la décision de maintenir les subventions de la plupart, afin de ne pas les fragiliser, et rémunérer les contrats d’artistes déjà engagés.
Pour le futur, et pour ne laisser personne au bord de la route, je viens de décider un vaste plan de relance et de soutien à l’emploi. Il a bien entendu un volet spécifique aux activités culturelles, doté de 2,3 M€. Francis Grass et les services Culture sont en contact régulier avec les acteurs culturels pour examiner la situation de chacun car nous avons tous à cœur que la vie culturelle toulousaine, qui est d’une exceptionnelle richesse, ne sorte pas affaiblie de cette crise inédite.
La crise économique qui se profile d’ores et déjà vous a-t-elle amené à repenser votre programme à venir ?
L’urgence, c’est notre plan de soutien aux acteurs culturels pour qu’ils abordent la fin 2020 et l’année 2021, aussi sereinement que possible.
Pour la suite, il sera temps de faire le point de l’économie générale. Pour ce qui concerne nos projets d’investissements nous pourrons bénéficier des plans de relance nationaux ou européens.
D’ores et déjà, pour le projet de l’auditorium à la prison St Michel, nous avons commencé à discuter des possibilités de concours financier de l’Etat, de la Région et du Département. Pour ce qui concerne le projet de la Grave, nous avons engagé une étude de faisabilité du projet culturel, qui permettra d’affiner la faisabilité technique et financière. Enfin pour le projet de Cité de la Danse à Reynerie, la Ville a déjà obtenu le concours financier de l’ANRU (ndlr : Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine), ce qui en garantit la faisabilité, et nous pourrons ainsi engager l’élaboration du cahier des charges avec les acteurs de la danse comme ceux du quartier.
Entretien réalisé par Robert Pénavayre
pour Classic Toulouse et Culture 31
Entretien avec Antoine Maurice / Archipel Citoyen
photo : Aimer Toulouse