Sylvain Prudhomme avait obtenu le prix Femina à la rentrée avec Par les routes, publié chez Gallimard, le récit d’une amitié complexe.
Sacha est écrivain. 40 ans, il est envahi par de nombreux doutes, il questionne sa vie, son futur. Un jour, il décide de quitter Paris. Recommencer à zéro, ou presque. Partir ailleurs, vers le Sud de la France. Sacha espère y trouver le calme. Il était alors loin de s’imaginer qu’il retomberait sur lui. Lui, c’est l’autostoppeur – il ne sera jamais nommé – son ancien meilleur ami. Un aventurier, un homme qui se déplace sans cesse, un ami avec qui il avait coupé tout lien. L’un avait choisi la sédentarité, lorsque l’autre ne vivait que dans le mouvement. Sacha apprend que l’autostoppeur est devenu papa. Il vit avec Marie, une traductrice de romans italiens, et il continue de parcourir les routes.
Les destins croisés
Dès lors, Sacha et l’autostoppeur renouent une amitié. Au duo vient se greffer Marie qui bientôt deviendra un personnage central. Celle vers elle que convergent les deux hommes. L’un épris de liberté et d’évasion, l’autre préférant la quiétude et la présence. Marie ne peut se défaire de l’un et se sent attirée par l’autre. Deux hommes diamétralement opposés, mais complémentaires. Une relation triangulaire naît sous le regard de l’enfant de Marie et de l’autostoppeur. Les liens se font et se défont sans trop de complications et tentent d’expliquer le désir des personnages.
Sylvain Prudhomme réussit à créer une sorte de huis-clos avec ce roman qui pourtant tend vers l’extérieur, qui est un chant à la liberté et à l’aventure. La nature et les décors y sont magnifiés dans une carte de France très poétique. Les automobilistes, les routes, le bitume y sont décrits comme les acteurs essentiels de cette douce poésie. Car il y a beaucoup de sensualité et de tendresse dans les liens qui unissent les personnages et qui donnent ainsi la preuve que la violence n’est pas nécessaire pour comprendre l’autre, même dans ses différences, ses excès, ses absences. Comme le dit l’auteur, « Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui partent. Et ceux qui restent. » Quoiqu’il en soit, au bout du chemin, c’est une quête intérieure qui est mise en marche et qui fait beaucoup réfléchir.
Sylvain Prudhomme, Par les routes, Gallimard, 304 p. (Photo : PRUDHOMME Sylvain © F.Mantovani)
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