Judy, un film de Rupert Goold
Clap de fin pour la vedette du Magicien d’Oz et Oscar de la Meilleure actrice pour son interprète d’aujourd’hui : Renée Zellweger. Un biopic sensible et généreux.
Qui n’a jamais fredonné ou du moins entendu Over the Rainbow, la chanson-phare du Magicien d’Oz que chante une Judy Garland de 17 ans en 1939 ? Derrière cette mélodie à l’eau de rose se cache tout autre chose. C’est l’industrie hollywoodienne qui est à la manœuvre, un univers qui «esclavagise» littéralement des enfants en les gavant d’amphétamines afin de les propulser devant les caméras pendant des prises interminables. L’Amérique aime à s’identifier à ces petites stars propres sur elles, sorties de nulle part et aujourd’hui sous les projecteurs. A elles l’argent et la gloire. L’American Way of Life en quelque sorte. Judy Garland (1922-1969) fait partie de ces victimes. Rapidement devenue addict aux médicaments, dont les barbituriques et autres drogues, alcoolique à ses heures, mariée quatre fois dont deux avec des homosexuels, Judy Garland va malgré tout mener une brillante carrière de chanteuse et d’actrice de cinéma. Mais ses addictions freineront ce parcours qui aurait pu se révéler glorieux. Ingérable devant ses engagements, elle finira par être non seulement black listée aux USA mais perdre également la garde de ses enfants et finalement courir le cachet en Angleterre pour survivre à la fin de ses jours en 1969. C’est justement à ce moment-là que le film de Rupert Goold nous la fait croiser.
Par d’habiles flash-back, le réalisateur nous montre la dure réalité de son enfance cinématographique, sur les plateaux de la MGM, face à un producteur, Louis B Mayer qui, de nos jours, monterait directement au bûcher… Très rapidement Rupert Goold nous dévoile les fractures physiques et mentales de Judy Garland. Le scénario de son film s’inspire en partie des souvenirs de l’assistante de la comédienne pour sa dernière période londonienne, Rosalyn Wilder. Où il est question bien sûr de sa série chaotique, voire pathétique, de récitals dans le cabaret Talk of the Town.
Le clap de fin va résonner, exactement 6 mois après le dernier concert, le 22 juin 1969. On ne saura jamais si sa dernière prise, massive, de barbituriques fut volontaire ou pas. Elle avait 47 ans. Il fallait une sacrée actrice pour incarner ce personnage devenu aujourd’hui légendaire. Renée Zellweger, Oscar de la Meilleure actrice pour ce rôle, porte ce film sur ses épaules avec un aplomb d’une rare intensité. Chantant elle-même, et avec quel talent, les titres iconiques de la star, elle s’empare de ce personnage en faisant siennes les milles facettes à la fois sombres et lumineuses de ce pur produit hollywoodien.
Renée Zellweger – A jamais Bridget Jones
Cette fille d’un ingénieur suisse et d’une infirmière norvégienne immigrés aux USA se découvre, dès ses années lycéennes, une véritable passion pour la comédie. Ses premiers pas, modestes par définition, devant une caméra se feront en 1993, elle a alors 24 ans. Très vite Hollywood va remarquer cette comédienne aux dons multiples. Renée commence alors à s’afficher auprès de véritables stars telles Tom Cruise et Meryl Streep. Mais ce sont les années 2000 qui seront déterminantes pour sa carrière avec une avalanche de récompenses prestigieuses liées à des films comme Chicago, Le Journal de Bridget Jones et Retour à Cold Mountain. Les années 2010 seront plus…laborieuses. La décennie 2020 débute par contre pour cette artiste sous les meilleurs auspices avec l’Oscar de la Meilleure actrice pour le film sous rubrique. Une renaissance ?