Le réalisateur belge Fabrice du Welz revient avec son nouveau film Adoration le 22 janvier en salles, concluant, pour le moment, sa trilogie ardennaise sur l’amour fou, après Calvaire (2004) et Alléluia (2014). Les trois films peuvent être vus indépendamment, et les trois sont de très beaux films. Je vous encourage donc à ne pas louper Adoration, avec Thomas Gioria (l’enfant dont la garde est en jeu dans Jusqu’à la garde, c’est lui), Fantine Harduin, Benoît Poelvoorde, Laurent Lucas.
A l’occasion de l’avant-première de son film qu’il a présenté dans le cadre du FIFIGROT, j’ai pu l’interroger sur sa cinéphilie. Un exercice où il aurait préféré pouvoir réfléchir plus longtemps, mais non ! Merci à lui de s’être prêté au jeu !
Le film qui vous a causé votre premier choc cinématographique.
Il y en a beaucoup. Je pense que je dirais le Pinocchio produit par Walt Disney. J’étais petit, ça m’a vraiment marqué. Je crois que c’était en salle avec ma mère, il m’a assez fait peur. Pour un gamin, c’est extraordinaire.
Le film qui vous a fait dire « je veux être réalisateur ».
C’est compliqué… Très tôt, je voyais même les films à la télévision… Je voulais être acteur parce que j’avais l’impression que ce qu’ils vivaient était super, que c’était une alternative à la vie, etc. Après j’ai fait l’acteur au conservatoire, où je me suis aperçu que ce n’était pas du tout ce que je voulais faire. Je ne sais pas te dire… il y a tellement de films… Au pensionnat je voyais des films d’horreur, les jaquettes, j’adorais ça, les Vendredi 13 j’étais très très jeune, les mondos, tous ces films-là j’adorais. Vraiment gamin je voulais faire des films d’horreur, on préparait ça avec les copains, mais je crois que le choc ultime ça a été vraiment Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, – je devais avoir 16-17 ans -, qui m’a fait prendre conscience que ça pouvait être autre chose, pouvait être une œuvre d’art. Là j’ai commencé à me dire que c’était ça que je voulais faire.
Le film que vous offrez le plus.
Peut-être Les Chaussons rouges de Powell & Pressburger ou L’Homme qui voulait être roi de John Huston ou Don’t look now de Nicolas Roeg. Ça dépend des humeurs, mais Les Chaussons rouges oui, c’est un film tellement beau qui plaît à tout le monde.
Le film que vous ne vous lassez pas de revoir.
Il y en a beaucoup ! C’est vraiment énorme : Les Bergman, les Tarkovski je les vois chaque année, Le Parrain de Francis Ford Coppola je peux le voir trois fois par an.
Le film qui vous fait dire « il devrait être obligatoire au Bac ! ».
Il y en a tellement aussi ! C’est tellement difficile ton questionnaire sans y avoir réfléchi avant ! Je pense que je dirais La Grande Illusion de Jean Renoir.
Le film qui vous fait dire « c’est mon histoire, ça ! » (un film dont vous êtes le réalisateur serait une réponse trop facile).
Je n’irai pas jusque-là, à dire « c’est mon histoire ça », mais il y a des films dont je me sens très très proche. Par exemple Possession d’Andrzej Żulawski m’obsède et il y a des choses qui résonnent en moi à chaque fois que je le vois. Évidemment ce n’est pas mon histoire, ce serait terrible. J’ai beaucoup d’intimité avec certains films, et Possession en fait partie.
Le film dont vous avez repoussé le visionnage à cause d’un gros préjugé et qui vous fait dire « les préjugés, c’est tout pourri ».
Le dernier c’était Guy d’Alex Lutz. J’avais un préjugé idiot, des amis me disaient que c’était bien et je leur répondais « t’es fou ou quoi ?! » comme un petit con péteux et arrogant. Puis j’ai découvert le film et j’ai trouvé ça brillant, vraiment étonnant même. J’ai vraiment aimé le film.
Le film dont vos amis disent « tu regardes ça, toi ? ».
My Fair Lady de George Cukor.
Le film que vous n’avez jamais rendu à son propriétaire… d’ailleurs, il peut toujours courir pour le récupérer.
Je les rends ! J’te jure que je les rends ! De toute façon, je n’emprunte pas les DVDs des copains parce que je préfère les posséder. J’ai une collection de dingue. Par contre l’inverse m’arrive beaucoup : je prête et on ne me les rend pas.
Le film qui vous fait voyager et qui vous a décidé à aller dans les lieux décrits.
The Long Goodbye de Robert Altman. Je n’étais jamais allé à Los Angeles et je fantasmais la ville à travers ce film.
Et avec Bergman, tu n’as jamais eu envie d’aller sur l’île ?
Non parce que l’île de Fårö est transcendée. Ça pourrait être n’importe où, ce n’est pas très grave en fait. J’aimerais bien y aller un jour en pèlerinage.
Le film qui vous enracine.
Un soir, un train d’André Delvaux
Le film qui devrait être remboursé par la sécurité sociale.
Belle de jour de Luis Buñuel.
Le film qui ne vous quitte pas.
Il y en a beaucoup. Pour l’instant c’est Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino. Je suis complètement obsédé par ce film. Je l’ai vu 3 fois et sûrement plus, je l’aime profondément.
Le film dont vous pouvez réciter des dialogues par cœur (non… un film dont vous êtes le réalisateur serait une réponse trop facile).
Le père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré.
Une preuve ?
« Je ne vous jette pas la pierre Pierre mais j’étais à deux doigts de m’agacer. »
Le film qui est votre dernier coup de cœur.
Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino.