La saison lyrique 2019/2020 dans les cinémas de la Métropole toulousaine se poursuit avec le testament musical de Giacomo Puccini (1858-1924), sa célèbre Turandot. Il n’est rien de dire combien cet ouvrage a du succès car, rappelons-le ici, c’est lui-même qui a ouvert cette saison les retransmissions 19/20 du MET au Gaumont le 12 octobre 2019 ! Cette fois, la sanglante Princesse nous vient du Real de Madrid, dans une mise en scène japonisante en totale opposition avec celle ruisselante d’or et d’éventails de Franco Zeffirelli (MET) et dans une distribution saluée par un public en délire et une presse unanime. Il s’agit ici non plus d’un direct mais d’un enregistrement réalisé au cours des représentations de novembre 2018 dans la capitale espagnole.
Le grand œuvre inachevé
Automne 1924. Alors que le compositeur réfléchit avec ses librettistes au final de Turandot, un final qui prendra la forme d’un immense duo d’amour entre Turandot et Calaf, à l’image de celui du second acte de Tristan et Isolde (dixit le compositeur), les médecins diagnostiquent un cancer dans la gorge de Puccini. Ce dernier se rend à Bruxelles le 4 novembre pour tenter un nouveau traitement. A la suite de l’opération, il succombe à une crise cardiaque le 29 novembre. Turandot demeurera à jamais inachevée. C’est Toscanini qui charge Franco Alfano (1876-1954) de terminer l’ouvrage en s’appuyant sur les brouillons et les esquisses de Puccini. Franco Alfano écrira un premier final. Jugé trop long et difficile, il sera obligé d’en extraire un second, plus court. C’est celui qui est régulièrement donné aujourd’hui. D’autres compositeurs se sont penchés sur ce problème, dont Luciano Berio (1925-2003). Son final est créé à Los Angeles en 2002. Sans grand succès…
Maladie, problème dramaturgique, un temps qui tout à coup se contracte dangereusement, les raisons de l’inachèvement d’un ouvrage entamé quatre années auparavant sont nombreuses et pour toujours un mystère sans réponse.
Une nouvelle production
C’est dans une coproduction réunissant également, en plus du Real de Madrid, le Théâtre national de Lituanie (Vilnius) et la Compagnie d’opéra canadienne (Toronto) que nous est présentée Turandot. La mise en scène est signée d’un vétéran du théâtre, lyrique ou pas, l’Américain Robert Wilson, 79 ans aujourd’hui et une carrière immense déjà à son actif. Une carrière marquée par la forte influence du théâtre Nô japonais, autant dans sa gestique que dans les décors. Après l’énorme succès mérité de sa Butterfly à l’Opéra de Paris, il ne pouvait qu’être interpellé par cette histoire…chinoise.
Un OVNI nommé Gregory Kunde
Sous la direction du maestro italien Nicola Luisotti, la distribution de cette Turandot est de celles qui attirent les mélomanes comme un aimant. Il faut dire que la présence dans le cast du ténor américain Gregory Kunde y est pour beaucoup. En effet, cet artiste dont nous suivons la longue carrière depuis ses débuts en Europe, à Nice exactement, dans le Nadir des Pêcheurs de Perles de Bizet en 1984, il a alors 30 ans, nous étonne tous les jours davantage. Ténor demi-caractère au début, spécialiste des rôles stratosphériques rossiniens (il arrivait au contre fa !), le voici aujourd’hui comme interprète sans concurrence des grands Berlioz, des Verdi dramatiques (c’est un Otello fabuleux), de Samson, Jean de Leyde (Le Prophète), etc. ! Tout en se tenant éloigné de Wagner… Et tout cela après avoir terrassé un cancer dans les années 90 ! Il y a incontestablement un mystère chez cet élève d’Alfredo Kraus.
A ses côtés, que du beau monde également dont l’une des grandes titulaires actuelles du rôle-titre, la Suédoise Irène Théorin qui, lorsqu’elle ne chante pas une Brünnhilde ou Isole ou Elektra, doit se « reposer » en interprétant Turandot. C’est dire ! C’est l’Espagnole Yolanda Auyanet qui sera Liu. C’est l’une des grandes Norma de notre temps, une immense belcantiste. Elle n’a que deux airs dans cette partition puccinienne mais il y a fort à parier que nous nous en souviendrons.
Voilà pour l’essentiel de la distribution que nous attend au CGR Blagnac en ce dimanche 19 janvier à 18h dans la salle ICE !
Un rendez-vous à ne pas laisser passer.
Cinéma CGR Blagnac
Turandot • Giacomo Puccini
dimanche 19 janvier 2020 à 18h00