COMPTE-RENDU, concert. Toulouse, le 18 oct 2019. SIBELIUS. CHOI. Orch. Capitole / J. SWENSEN.
COMPTE-RENDU, concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 18 octobre 2019. J. SIBELIUS. Y.E. CHOI. Orch.Nat.TOULOUSE. J. SWENSEN. Il est des idées convenues qui peuvent se dissiper en un concert. Tous ceux qui étaient ce soir présents, sont capables de se faire une idée personnelle de la valeur des partitions de Sibelius. Il fait bon genre de mépriser le compositeur finlandais, gloire nationale reconnue précocement. Certes il a bénéficié dès ses 37 ans d’une pension à vie de son pays mais ce n’est pas une raison pour brocarder son oeuvre. Le Concerto de violon est régulièrement joué mais ne bénéficie pas du succès de ceux de Beethoven, Mendelssohn, Brahms, Tchaikovski ou Bruch.
Enfin un concert tout Sibelius à Toulouse !
Il s’agit pourtant d’une partition originale et puissamment expressive. Ce soir dès les premières mesures dans un son mystérieux, pianissimo et lointain, le chef et la soliste ont trouvé un parfait accord qui s’est amplifié tout au long de leur majestueuse interprétation. Joseph Swensen connait bien les qualités de l’orchestre du Capitole, l’acoustique de la Halle-aux-grains et il est violoniste. Il avait tous les ingrédients pour oser une interprétation qui restera dans les mémoires. Il fait tonner l’orchestre, obtient également des nuances d’une grande subtilité, laisse les solistes instrumentaux s’exprimer et toujours met en valeur le jeu de la violoniste coréenne. La modernité de ce concerto et la puissance qu’il recèle ont été admirablement mis en valeur par Joseph Swensen. La soliste (Y.E. CHOI) avec une grande délicatesse participe à cette fête. Sa sonorité personnelle est pleine, pure et délicatement nuancée, les phrasés sont amples et la virtuosité crânement maîtrisée. Les pianissimo planent haut comme dans le plus pur belcanto, mais les accents peuvent se vivifier et monter en puissance comme par exemple dans certaines doubles cordes.
Le premier mouvement tempétueux et grandiose offre des moments puissants, la cantilène du second mouvement est pleine de paix et de beauté. Mais c’est le dansant troisième mouvement qui gagne en expressivité et en originalité sous la baguette audacieuse de Joseph Swensen. Il est rare d’entrer un telle modernité dans ce final et un tel accord entre la soliste, le chef et les musiciens. La délicate violoniste va revenir plusieurs fois saluer en réponse aux acclamations du public et offre un délicat bis de Bach abordé avec une grande pureté, un peu désincarnée. Après sa volcanique interprétation du concerto, ce retour vers plus de sérénité était bienvenu.
Pour la deuxième partie du concert la première symphonie de Sibelius semble avoir été composée pour cet orchestre tant les musiciens ont pu mettre en lumière leurs belles qualités. Dès les premières notes du clarinettiste David Minetti, une magie mélancolique bouleversante a ému le public. Tant de beauté dans ce solo : ce phrasé ample et si finement nuancé est d’une magie rare. La suite n’a été que splendeur orchestrale de chaque instant avec un Joseph Swensen très inspiré qui ira jusqu’à chanter certains thèmes. L’orchestre en osmose donne à cette partition toute sa modernité et ses audaces, sa puissance tellurique, maritime et céleste. Les couleurs fusent, les nuances explosent, les phrasés sont creusés profondément ; l’ampleur du geste embrasse la grandeur de la partition. Un grand moment symphonique que le public a semblé beaucoup apprécier.
Lorsque le chef est ainsi inspiré et inspire les musiciens du Capitole, le public applaudit et dit son désir d’apprendre à aimer d’autres symphonies de Sibelius avec de tels interprètes. Une intégrale des symphonies de Sibelius par Swensen à Toulouse, à la manière de ce qu’il a fait dans Mahler, serait une riche idée. Le public semble prêt. A suivre.
Compte rendu concert. Toulouse. Halle-aux-grains, le 18 Octobre 2019. Jean Sibelius (1865-1857) : Concerto pour violon et orchestre en ré mineur,Op.47; Symphonie n°1 en mi mineur,Op.39 ; Ye-Eun Choi, violon ; Orchestre National du Capitole de Toulouse. Joseph Swensen, direction.