Roschdy Zem en mal d’idées, en mal de rôles ? Etrange perspective que de proposer cet été sur grand écran un remake du film brésilien O Invasor, réalisé par Beto Brant, pour donner à voir 1h30 de pur et dur nombrilisme à plusieurs. Les acteurs sont bons certes, très bons parfois, le casting est impeccable : Nicolas Duvauchelle, Raphaël Personnaz, Nadia Tereskiewicz, Hafsia Herzi, Anne Charrier et Roschdy Zem qui, ma foi, en fait vraiment des caisses pour honorer son rôle de tueur à gages en chemise insensée. Pourtant, rien n’est véritablement satisfaisant dans ce thriller français qui laisse vraiment son public sur sa faim … et sur sa fin aussi !
Le synopsis
Noir, amoral, stéréotypé, le film a le mérite de maintenir le spectateur dans un état de pression permanente en le plongeant dans une noirceur continuelle dès qu’il décide de hisser sa tête hors des eaux troubles de la corruption, de l’envie et du mensonge. Tout est sale. Pas de respect. Pas d’amour. Pas d’amitié. Même le Languedoc est moche à mourir. On s’étouffe aves les personnages, on détourne les yeux, on serre les poings. Les acteurs sauvent le polar de la catégorisation « téléfilm », nous l’avons déjà dit, mais les acteurs ne font pas tout non plus, ça se saurait ! Roschdy Zem n’est pas de Niro ni Pacino et on s’avoue dès les premières interventions du personnage de Moïse le préférer dans le rôle du bon flic bienveillant.
Le film est viril, trop viril, misogyne, insultant. Les femmes n’existent que par leur beauté, leur argent, leur statut de mère ou leur potentiel érotique. La femme bafouée, la femme blessée, la jeune naïve, la pute sans repentir – des femmes-robots qui n’ont aucune essence, aucune substance. Triste panorama. Les hommes ne sont guère plus évolués. Infidèles, sans foi ni loi, agressifs, mutiques. Un peu monolithique comme vision de l’humanité non ?
Les ingrédients du thriller auraient néanmoins pu s’amalgamer pour nous offrir l’espoir d’un bon moment mais le scénario est décidément trop tiré par les cheveux, peu profond, aussi attendu que décevant. C’est dommage. Et un peu incompréhensible. Pourquoi tenter un simili thriller à l’américaine alors qu’on peut faire aisément un bon vrai polar français avec une distribution quasi parfaite ?
Roschdy Zem nous avait habitués à mieux en tant que réalisateur, notamment avec Mauvaise Foi et Chocolat. On avait aimé sa sensibilité à fleur de peau et souvent poétique qui illustre parfaitement le bon cinéma français . Persona Non Grata ne tient pas ses promesses et ne fait pas honneur à cet acteur-réalisateur de talent. On attend le prochain, mais surtout pas la suite !