COMPTE-RENDU, Opéra. TOULOUSE, Théâtre du Capitole, le 20 juin 2019. J. MASSENET. Werther. N. Joel. J.F. Borras. K. Deshayes. A. Heyboer. F. Valiquette . Orchestre et Choeur du Théâtre du Capitole. J.F. VERDIER, direction.
Revoir cette belle production de Werther mêle attentes et nostalgie. Je garde en effet un souvenir ému et ébloui du printemps 1997 quand je découvrais Roberto Alagna dans ce rôle. Rappelons que la production était montée pour lui et que le monde entier nous enviait cette prise de rôle. Tout avait été magique avec une distribution de rêve et la découverte d’une scénographie parfaite, de décors simples et beaux, et de costumes sublimes. Tout cet aspect scénique se retrouve et la mise en scène de Nicolas Joel n’a pas pris une ride, la beauté plastique reste idéale. L’ action est située fin XVIIIè, tout étant de bon goût, personne ne se lasse de la retrouver. Les lumières étant peut être encore plus réussies.
La distribution est exemplaire et tout à fait enviable, digne des scènes internationales.
Bon goût, diction idiomatique …
WERTHER DE GRAND STYLE AU CAPITOLE
Si les voix sont superbes, nous y reviendrons, c’est le texte qui avec des dictions si idiomatiques, explose de vie et d’efficacité dramatique.
Jean-Francois Borras qui a déjà chanté le rôle sur scène est très à l’aise vocalement. Il distille un chant policé et toujours élégant. Le timbre claire et lumineux rend à Werther sa jeunesse quand des voix barytonantes exagèrent trop souvent le drame. Son Werther est jeune, capable de sourires et la noirceur est amenée par petites touches. La technique de la voix mixte lui permet de phraser et nuancer à l’envie un rôle qu’il fait sien sans efforts. L’émotion vient tard certes, mais la mort en devient absolument bouleversante. C’est probablement le jeu de l’acteur qui est encore trop maladroit. Mais qu’importe…
Pour Charlotte, Karine Deshayes a elle aussi un timbre magnifique. La longueur de la voix lui permet de maîtriser tous les aspects vocaux du rôle. La richesse des harmoniques est un véritable enchantement, les couleurs sont infinies et de fines nuances dans des phrasés subtiles nous rappellent quelle belcantiste elle est ! Elle aussi dans le duo final atteint des sommets d’émotion. La Sophie de Florie Valiquette est toute de charme et de gaité comme il convient. André Heyboer est un Albert déjà très embourgeoisé. La voix a une nasalisation qui surprend mais de laquelle on ne fait rapidement plus cas.
Les autres rôles sont au diapason, tous exacts de texte et bien en voix. Il est rare d’entendre à ce niveau idiomatique un opéra français. La relève est là. Bravo !
L’Orchestre du Capitole est somptueux, juste un peu trop uniformément sonore. La direction de Jean-François Verdier se souvient trop de l’admiration de Massenet pour Wagner. Orchestralement, nous aimons un Werther plus subtilement nuancé. Mais quelle splendeur sonore et qui heureusement ne met pas les voix en danger. En tout cas le drame avance inexorablement avec l’orchestre ainsi dirigé ! Voici une très belle production de Nicolas Joel qui devient un classique et que Christophe Ghristi a eu bien raison de nous proposer car il a su réunir une distribution francophone proche de la perfection vocale. Le fin de saison capitoline est enthousiasmante. Quelle magnifique saison elle couronne ! Et à la rentrée … quelle nouvelle saison nous attend !
Compte-rendu Opéra. Toulouse. Théâtre du Capitole. Le 20 Juin 2019. Jules Massenet (1842-1912) : Werther Drame lyrique en quatre actes d’après Les Souffrances du jeune Werther de Goethe. Production de 1997. Nicolas Joel : Mise en scène reprise par Frédérique Lombart ; Hubert Monloup : Décors et costumes ; Vinicio Cheli et Bertrand Killy : Lumières ; Jean-François Borras : Werther ; Karine Deshayes : Charlotte ; André Heyboer, : Albert ; Florie Valiquette : Sophie ; Christian Tréguier : Le Bailli ; Luca Lombardo : Schmidt ; Francis Dudziack : Johann ; Céline Laborie : Kätchen ; Matthieu Toulouse : Brühlman ; Maitrise du Capitole, Direction Alfonso Caiani ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Jean-François Verdier : direction musicale.
Jean-François Borras chante Werther © P NIN / Capitole de Toulouse 2019)