À Toulouse, le chef Stéphane Delincak et le metteur en scène Patrick Abéjean présentent au Théâtre Jules-Julien un spectacle associant musique baroque et extraits de la pièce « Mistero Buffo », de Dario Fo.
Dans la tradition des mystères médiévaux, « Mistero Buffo » met en scène des sujets bibliques dans un esprit corrosif et satirique caractéristique de Dario Fo. Créé en 1969, c’est sans doute le texte de Dario Fo le plus connu en Italie et à l’étranger, c’est aussi celui qui a suscité le plus de polémiques. Jonglerie populaire, telle que la définit son auteur, la pièce utilise le rire comme arme contre les bigots. À force d’ironie et de sarcasme, le dramaturge italien porte ici le discrédit sur les tartuffes, à travers l’histoire silencieuse et millénaire des classes subalternes. Satire politique et sociale toujours aussi corrosive, « Mistero Buffo » démystifie ainsi le sacrée au fil de situations burlesques portées par des personnages bouffons. Les aventures de ces figures y exaltent la mission de Jésus et dénoncent ses détournements par les puissants de l’Église et du monde.
De sa naissance à sa crucifixion, Dario Fo raconte dans « Mistero Buffo » l’histoire de Jésus, descendu du ciel pour répandre la bonne parole et faire connaître à tous les hommes la seule et vraie loi: le sens de la dignité humaine. Des hommes et des femmes l’ont connu, l‘ont entendu, ont bu ses paroles, ont partagé avec lui le pain et le vin, l’ont aimé, l’ont trahi. Tous prennent la parole, du plus petit au plus gros, de l’an 1 à nos jours, de Marie-Madeleine au pape Boniface, de la Vierge Marie au rocker des rues, des robineux au grand’boss. Tous témoignent pour lui, contre lui. Prix Nobel de littérature en 1997, Dario Fo était communiste, humaniste et profondément croyant, et s’il ridiculise dans ici les puissantes institutions et le clergé, il garde une grande tendresse pour les petites gens et une pieuse vénération pour la Vierge, son fils et ses compagnons, sauvant alors ce texte de l’accusation de blasphème.
Présentée à Toulouse, cette pièce est associée à des grandes œuvres de la musique baroque dans un spectacle joué au Théâtre Jules-Julien par des jeunes comédiens et des chanteurs du conservatoire de Toulouse, avec plus de cinquante choristes de l’ensemble toulousain À Bout de Souffle, aux côtés de l’accordéoniste Grégory Daltin. Quatre tableaux extraits de « Mistero Buffo » sont mis en scène par Patrick Abéjean, la direction musicale étant assurée par Stéphane Delincak, deux artistes qui travaillent ensemble depuis plusieurs années (« The Fairy Queen », »Platée », etc.). Des extraits des Passions de Bach, du « Credo » de Vivaldi et du « Stabat Mater » de Pergolese viendront ponctuer les actions de Jésus, Marie et ses voisines, des crucifieurs et de Véronique. Un spectacle sur la Passion, qui s’emploie à confronter l’esthétique populaire des Mystères joués sur les parvis d’église à la transcendance de la musique savante du XVIIIe siècle.
Vendredi 14 juin à 20h30, samedi 15 juin à 17h00 et 21h00, au Théâtre Jules-Julien
6, avenue des Écoles-Jules-Julien, Toulouse. Tél. 05 81 91 79 10